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Un sacrifice humain sous la XIIe dynastie

Publié le 01/10/2018

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Lors des fouilles effectuées à proximité de la forteresse égyptienne de Mirgissa, non loin de la deuxième cataracte, en Basse Nubie, les archéologues ont en effet découvert un dépôt d'envoûtement intact. Enseveli aux frontières de l'Ëgypte, ce type de dépôt avait pour but de protéger le pays en constituant un rempart magique qui devait empêcher les peuples voisins de l'attaquer. Cet envoûtement était fondé sur un rituel dont on ignore encore largement les étapes, mais qui, vu la quantité d'objets découverts à Mirgissa, était sans aucun doute grandiose. Le dépôt était en effet réparti dans trois cavités. Le trou central contenait pas moins de 7 000 tessons sur lesquels était inscrit un texte magique dit « formule de rébellion », 15 000 tessons non inscrits et brisés rituellement, ainsi que divers objets en terre crue ! A l'est étaient ensevel ies quatre statuettes en calcaire figurant des hommes les bras liés derrière le dos et portant également la formule de rébellion. Mais c'est dans le trou ouest que la découverte la plus saisissante a été faite : un crâne reposant sur une coupe, enterré avec un bol à texte et une lame de silex ! Aucun doute : le caractère ri

SACRIFICES À LA PRÉHISTOIRE Les auteurs classiques se firent l'écho de cet usage égyptien à travers la légende d'un pharaon nommé Busiris. Il avait, disait-on, tué sur les autels de Zeus (Amon), tous les étrangers qui avaient pénétré dans son pays. C'est Héraclès qui mit fin au massacre. Certains auteurs, dont Hérodote, tenaient cette histôire pour diffamatoire. Le sacrifice humain avait pourtant des racines profondes dans la préhistoire égyptienne. Sous la ,,. dynastie, il était en effet de coutume de sacrifier lors de l'enterrement du roi. A Abydos, une des grandes tombes de Djer est entourée de 338 annexes destinées à recevoir l'entourage du souverain défunt, tué lors des funérailles pour accompagner le seigneur dans /'au-delà ! 

« l'Égypte classique? Il est diffi­ cile de l'affirmer, car si ce té­ moignage atteste que la pra­ tique n'était pas étrangère aux mœurs égyptiennes, le contexte reste particulier : Mirgissa se trouve en fait en dehors des frontières strictes de la Vallée.

S'agissant d'une forteresse militaire, le suppli­ cié était peut-être un prison­ nier de guerre dont on avait voulu faire un exemple .

Malgré cette restriction, force est de constater que le motif du meurtre rituel est omni­ présent dans l'iconographie égypt ienne.

Les façades des temples montrent le pharaon empoignant des grappes d 'étrangers, prêt à les abattre d'un coup de massue .

Com­ ment savoir si cette image est purement symbolique ? On sait que des ritue ls d'envoû­ tement étaient également pratiqués dans les temples pour maintenir hors d'état de nuire les adversaires des dieux et de l 'Égypte, et ce, afin de préserver l'ordre du monde, la maât.

Au cours de ces cérémonies, on « tuait » des représentations de cire fi- gurant les forces hostiles .

D'autres scènes montrent des hommes liés amenés rituelle­ ment en présence de prêtres devant le pharaon pour être sacrifiés .

Là encore, dans quel registre nous situons-nous ? Les canons de l'art égyp tien sont tels que les hommes ain­ si dessinés pouvaient aussi bien représenter de vrais êtres humains que leurs sub­ stituts en cire ou en pierre ! De même, dans certaines sé­ pultures la décoration pré­ sente des scènes de sacrifices : dans une tombe thébaine on peut notamment voir deux hommes tués par strangu la­ tion durant la procession fu­ néraire.

Ils symbolisent les ad­ ve rsa ires du mort anéantis, sacrifiés, tout comme le bœuf, i mage de Seth, dépecé pour le défunt.

Le sacrifice à Mout d'Héliopolis T ous ces faits demeurent troublants .

D'autant que Manéthon -prêtre égyptien du Ill° siècle avan t J.- C.

qui nous a laissé une histoire de l'Égypte et un traité de reli ­ gion - fait état de sacrifices humains : « La loi prescrivant de tuer des hommes à Hél io­ polis d'Égypte fut supprimée par Ahmosis (.

..

).

Des hom­ mes étaient sac rif iés à Héra [Mout] ; ils éta ient examinés comme le sont les veaux purs que l'on sélectionne et que l'on marque.

On en sacrifiait trois par jour.

A leur place, Ahmosis ordonna de substi ­ tuer autant d'images de cire.

» Mout était à Héliopolis un avatar de Sekhmet, la déesse dangereuse, protectrice indis­ pensable du pays mais redou­ table par ses colères.

Lui offrir. »

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