Théobald von Bethmann-Hollweg
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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révéla lourd de conséquences pour l'Allemagne.
Il masquait ce que Bethmann savait : que l'Allemagne et lui-mêmeavaient leur "part de culpabilité".
Une fois la guerre mondiale commencée, les critiques pangermanistes de Bethmann proposèrent les buts de guerreles plus extrêmes, qui visaient consciemment à établir l'hégémonie mondiale de l'Allemagne.
Le rôle de Bethmanndans l'évolution des buts de guerre allemands est fort complexe.
Il sembla accepter le programme de septembre quiinsistait sur une Mitteleuropa, dominée par l'Allemagne mais, en même temps, il comprenait mieux que personnequ'après la bataille de la Marne une victoire militaire décisive de l'Allemagne était peu probable.
L'unité réalisée par Bethmann en août 1914 fut de courte durée.
Les partis modérés, comme les socialistes, seméfièrent de plus en plus de la politique frénétique d'annexion des pangermanistes et ce fut encore Bethmann quidut tenter de trouver une "politique de diagonale" entre l'extrémisme de la droite et la modération des libéraux etdes socialistes.
A mesure que la guerre progressait sans qu'une décision militaire fût proche, les pangermanistesexigèrent des mesures de plus en plus draconiennes, notamment le recours à une guerre sous-marine totale.
En1916, Bethmann parvint à s'opposer à l'emploi de cette arme absolue ; mais, en janvier 1917, il céda, tout ensachant parfaitement qu'il sanctionnait un pari encore plus risqué qu'en juillet 1914.
Il savait que les États-Unisallaient entrer en guerre et renverser l'équilibre des forces ; il s'inclina néanmoins devant les chefs militaires quivoyaient dans les sous-marins la seule arme qui pouvait assurer à l'Allemagne une victoire militaire décisive.
En mars 1917, Bethmann promit d'importantes réformes intérieures à la fin de la guerre.
Il espérait ainsi apaiser lemalaise croissant des éléments modérés et libéraux du Reichstag.
Il ne fit qu'enflammer la haine des pangermanisteset, en juillet 1917, sa position devint insoutenable.
Les chefs militaires suprêmes, Hindenburg et Ludendorff,menacèrent de démissionner si Bethmann n'était pas renvoyé.
Le Kaiser n'eut plus qu'à accepter ce qui allait en faitdevenir une dictature militaire.
Dans son ouvrage La Discorde chez l'ennemi, Charles de Gaulle a écrit : "Bethmann, modéré sans être faible,travailleur sans ostentation, respectueux sans être servile, était le type parfait du bon serviteur et ce caractèreconvenait à Guillaume dont il ne froissait pas l'autoritarisme superficiel et le prestige pointilleux."
En dépit de sa probité personnelle, de son sens de ses responsabilités et de son intelligence exceptionnelle, le rôlehistorique de Bethmann est d'avoir été le complice du cours désastreux que prit l'histoire de l'Allemagne au XXesiècle.
Après la guerre, il écrivit ses réflexions sur celle-ci mais, craignant d'apporter des arguments aux Alliés, iln'osa pas critiquer l'attitude chauvine des dirigeants allemands qui avait conduit leur pays à sa perte et ruiné sapropre politique.
Jusqu'au bout, il couvrit de sa propre personne les ambitions et les duperies des hommes qui lehaïssaient et que d'ailleurs il détestait lui-même.
Bethmann mourut en janvier 1921, encore dénigré par la respectable droite allemande qu'il avait tant fait pourdéfendre..
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