TCHÉCOSLOVAQUIE de 1910 à 1919 : Histoire
Publié le 12/01/2019
Extrait du document

Jusqu’en 1914, l’Empire austro-hongrois subit la pression des minorités nationales de Bohême, de Moravie et de Slovaquie. En effet, l'idée d'une entente entre Tchèques et Slovaques continue de faire son chemin. A la veille de la guerre, le peuple slave espère toujours l’autonomie dans le cadre monarchique. Personne ou presque ne pense à aller au-delà. Aussi, le texte de propagande rédigé par Edvard Bénès en 1916 intitulé Détruisez l'Autriche-Hongrie permet-il de mesurer le trajet parcouru par certains en deux ans, du fait de la Grande Guerre. Mais tout discours nationaliste, modéré pendant
longtemps ou radical, effraie une dynastie des Habsbourg complètement sclérosée. D’autant plus qu'aux élections de 1911, le parti social-démocrate arrive en tête avec 37 % des

«
Le
6 août 1914, I'Awric/le
Hongrie déclare la guerre à la
Russie.
Ci-comre: des appe!és
rejoignent la caserne Ferdinand
à Prague.
©UIIsœin
De retour en Tchécoslovaquie
après la proclamarion de
l'indépendance le 18 octobre
/918, Tômas Masaryk (à
gaucl!e, près de la cloche)
assisœ à la mise en pince de la
ch>che de la libmé qui sonnera
la naissance de la République
le !8 octobre.
© UPI -Bmmtmn incarner
l'État tchécoslovaque
indépendant.
Dans les premiers temps,
ils ne peuvent compter que sur l'appui
de quelques intell ectue ls _et sur leurs
compagnons vivant aux Etats-Unis
depuis plusieurs générations.
En effet,
du côté de l'Entente.
on.
ménage
longtemps l'Autriche-Hongrie pour
l'amener à signer une paix séparée.
Néanmoins.
le triumvirat crée le
Conseil national tchèque en février
1 916 .
Au début de 1918, les Alliés
n'envisagent pas encore le
démembrement de l'Empi re
habsbourgeois et il faut atte nd re l'été
pour que l'ensemble des
g ouv erne ments reconnaisse ce comité
comme l'organe représentatif de la
nation tchécoslovaque.
C'est
l'évolution du conflit qui ex pliq ue cette
légitimité croissante.
La Grande Guerre place les Tchèques
et les Slovaques devant un tragique
paradoxe: en lutte contre les Ser bes et
les Russes -ces peupl es frères dont ils
espèrent beaucoup -, ils sont enrôlés
dans le camp de leurs oppresseurs
autrichien.
allemand et magyar.
Les
conséquences ne se font pas attendre:
si la mobilisation s'est déroulée sans
incidents.
dès 1915.
deux rél!imcnts
d 'inf ante ri e tchèques passe1lt tout
entiers aux Russes et se retournent
contre r Autriche-Hongrie: certains
soldats se constituent prisonniers, des
unités se mutinent.
En mars 1917.
la proclamation
de la répu bliq ue en
Russie, après la premiè re révolution,
a jo ute à la confusion.
Surtout, les
effets conjugués de la politique
wilsonienne et de la révolution
d'Octobre assurent l'avènement d'un
nouveau droit inter national , le droit
des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Aussi.
le 17 mai 1917, les écrivains
t ch èq ues publient-ils un manifeste en
faveur du respect des droi ts de la
nation tchécoslovaque.
Le 30, les
dépu té s présentent au Parl em en,t
d'Empi re à V ie nn e un pro jet d'Etat
fédéral qui respecte encore le cadre
dynastique.
Mais le 6 ja n vi er 1918, ils
revendiquent l'indépendance
(déclaration du Jour des rois mages).
Les l!rèves dans l'industrie se
mul�plicnt, des conseils ouvriers se
constituent et.
le l" mai 1918.
le
cortège des ouvriers pragoi s défile avec
ce slogan: "La nation socialiste.,
Les Slol'aques ne sont pas en reste: le
24 mai.
leurs dirigeants proclam ent
l'unification avec les Tchèques.
Un
mois plus tard.
le 30 juin.
la ligue
slovaque am_éricaine tient congrès à
Pi tts bu rgh .
A cette occasion.
Masaryk
s'engage à doter d'institutions
autonomes la Slovaquie, unie aux pays
tchèques.
C'est encore lui qui.
de
Washington.
proclame l'indépendance
le 28 octobre 1918.
Karl Kramor.
chef
du parti nationaliste, forme un
go uv ernem en t provisoire dans lequel
tous les partis politiques sont représentés.
Une Assemblée nationale
provisoire, constituée à partir des
résultats électoraux de 1911, rassemble
Tc hèque s et Slovaques.
Lors de la
séance inaugurale, Masaryk est élu
président de la première République
t�hécoslovaq ue.
A la conférence de la Paix, Kramor et
Bénès sont présents.
C'est ce dernier,
ministre des Affaires.
étrangères de
1919 à 1935, qui signe les traités de
Saint-Germain avec l'Autriche et de
Trianon avec la Hongrie.
Après
rectification des frontières, la
R ép ubli qu e tchécoslovaque englobe
les régions septentrionales occupées
par plus de tr oi s millions d'Allemands.
À la fin de l'année 1918, la minorité
germa niq ue fait sécession en quatre
Etats (dont celui des Sudè tes au nord
est de la Bohême).
En mars 1919.
les
Tchèques réduisent par la force ces
velléités séparatistes.
De la même
façon, ils s'opposent aux Polonais pour
la région de Tesin (Teschen).
En
territoire slovaque, c'est prè s de sept
cent mille Hongrois qu'on incorpore le
long de la frontière.
En 1918 et 1919, les Slaves du centre
de l'Europe sont passés de la
monarchie,à la République, de la
nation à l'Etat.
de la Bohême à la
Tchécoslovaquie.
mais aussi d'un État
multinational à un autre, ce qui,
au-delà des change men ts, perpétue la
question des minorités nationales..
»
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