Syrie de 1910 à 1919 : Histoire
Publié le 12/01/2019
Extrait du document

L’intervention des puissances occidentales après le massacre de milliers de chrétiens par des Druzes au Liban puis en Syrie et l'octroi au Mont-Liban d’un statut d’autonomie en 1886 avaient eu pour principal effet de renforcer la mainmise des autorités
ottomanes en Syrie, alors partagée entre les deux vilayets d'Alep et de Damas. Mais ce sont les mesures d'assimilation imposées dès 1908 par le mouvement des Jeunes-Turcs qui devaient rapprocher la multitude d'organisations politiques arabes,
jusque-là divisées, sur les objectifs à atteindre. Sur l'initiative de trois d'entre elles — le Comité des réformes et El-Fatat (Comité des Jeunes Arabes), toutes deux installées à Beyrouth, ainsi que le parti de la décentralisation ottomane représente

«
La
délégation syrienne à la
conférence de la Paix de Paris
en 1919.
Au premier plan,
Fayçal, à sa gauche Thomas
Edward Lawrence, à sa droire
Nouri Saïtl pacha, compagnon
de Fayçai.
© The Benma1111 Archi••e
Un soldat de l'armée ottomane
dans les rues de Damas.
© Siiddeurscher Ver/ag en
Syrie -,se réunit à Paris, le 18 ju in
1913, le premier Congrès national
svrien.
La déce ntra li s a tio n de
! ; admin ist ra tio n ottomane et
l'autonomie des provinces arabes
c o m pte nt par mi les principales
revendications du Congrès.
Rassurées
par une telle modération, les autorités
ottomanes acceptent d'engager des
négociations.
Mais leurs promesses
(l'arabe com me la ngue officie lle, la
p artic ip at io n des Arabes au
gouvernement de Constantinople et la
création d'un service mil it aire région al)
sont aussitôt démenties par le déc ret
im péria l du 18 août.
Attis ant enco re
les rancœurs, cette dé ce ptio n
encourage un mouvement de résistance
p ass iv e q u'ill ustr e notamment le
boycottage des éle ctio ns législatives.
La rép ressi on des autorités ottomanes
se durc it encore avec l'entrée de la
Turquie dans la guerre, aux côtés des
E m pires centraux.
Le Comité des
réformes est interdit et tous se s
m em bres, suspecté s d 'i nt ell ige nces
avec la France et la Grande-Bretagne,
s ont déportés ou exécutés.
Les
dés ertio ns de so lda ts svriens sont
nombreuses.
Réfu giés-d ans l'Ami
Liban, les déserteurs sabotent la voie
ferrée reliant Damas à Deera.
Quant
aux Druzes et aux Alaouites, ils
refusent toute coop éra tio n.
Mais il faut
attendre !"alliance du chérif de La
Mecque Hussein ibn Ali avec les
au torit és britanniques contre les Turcs
p ou r que le national ism e arabe se
concrétise.
Au terme d"une longue
c orr espo ndan ce, le haut -comm issair e
b ri ta nn ique au Caire Henry Mac
Mahon et Hussein aboutis s e n t en
janvier 1916 à un acte d'alliance.
Les Britan niques s ou ti en nent le pro je t
d'une nation arabe en échan ge de l a
pa rtic ip atio n de l'armée chérifienne à
l 'e ffo rt allié.
Un litige subsis te
néanmoins entre les deux partie s,
concernant le littoral syri en que l es B
rita nniq ue s souhaitent octroyer au x
F ra n çai s.
Mais Hussein et Mac-Mahon
s'accordent sur l'appartenance du reste
d u te rr ito ire syrien à la nation arabe.
Leur pacte est aussitôt contredit par les
accords secrets franco-britanniques
Sy kes -P ic ot qui , le 16 mai 1916,
placent la Syrie, litt oral compris, sous
l'influence fr a nça is e .
Ignorant ce
partage, l'armée chérifienne conduite
par Fayçal, le fils d'Hussein, facilite la
progression en Palestine de l'arm ée
b ri ta n nique et du co rp s
e xp édit ionna ire franç ais, constitué de
nombreux Syriens et Arméniens.
Le 26
s epte mbre 1918, l'ar mée chérifienne
p én èt re à Deera, avant de faire une
entrée triomphale à Damas Je 1"
octobre.
Un gouvernement provis oir e
est immédiatement constitué, et
Hussein est proclamé roi des Arabes,
titre au que l les Britanniq ues pré fèren t
celui de roi du Hedjaz.
Choukrie
el-Ayoubi, chassé du Mont-Liban par
les França is, est nommé gouverneur de
Damas.
L'armistice signé avec la
Turquie le 30 octo bre met fin aux o
p éra ti o ns militaires dans la région,
laissant libre cours à la rival ité franco
britannique concernant la Syrie.
Tandis que les Français font pré v al oir
les acc ords Sykes-Pi cot, les
Bri tann iq ues hésitent à déce v oir
Fayçal.
Ainsi, le gouvernement
britannique répond favorablement aux
propositions du colonel Thomas
Edward Lawrence, qui su gg éra it , l e
4 novembre 1918, l'o ctr o i aux Arabes
de l'ensemble du territoire syrien.
Cependant, le gou ve rn em en t fr an çais
oppose un refus catég oriq ue à la
participation de Fay çal à la conférence
de la Paix, en tant que rep ré sentant
syrien.
Les Britanniques ne tardent pas
à dévoiler leurs véritables intentions:
en février 1919les revendications de
F ay ça l concernant l'unification des
peuples ara bes ne se heurte nt pas au
seul refus de Clemenceau, mais aussi à
celui de L lo yd G eo rge .
L'alliance entre
Arabes et Britanniques est
définitivement rompue.
Le Congrès
national syrien ré un i à Damas
s'empresse de rej ete r le système des
mandats.
Mais ce refus est vain.
Les
recommandations de la commission
américaine en faveur du maintien de
l ' int ég ra li t é territoriale de la Sy rie sont
r ej e té es par les au to ri té s franco
britanniques.
L'arrivée du génér al
Gouraud à Damas en té ri ne l'échec de
Fayçal.
Loin de se résigner, ce dernier
réunit à la hâte le Congrès, qui
p roc lam e en mars 1920 l'in dép en da nce
de la Syrie et le d ésigne comme
monarque.
Mais il est trop tard.
La
conférence de San Remo, entérinant
en avril les accords Sykes -P ico t, place
la Syrie sous mandat français..
»
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