Soudan de 1995 à 1999 : Histoire
Publié le 24/12/2018
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Le pouvoir islamiste, en place depuis le coup d'État du général Omar Hassan Ahmed el-Bachir en juin 1989, veut renforcer sa légitimité en élargissant sa base sociale et parachever sa prise de contrôle de la société, entamée au début des années quatre-vingt-dix. Son leader est le très médiatique Hassan Tourabi. Diplômé de la Sorbonne. « francophile anglophobe », il est l’éminence grise du chef de l’État et le secrétaire général du Congrès national, une structure calquée sur les « comités et congrès populaires libyens de démocratie populaire » et chargée de
surveiller, de recenser la population et de distribuer les vivres rationnés.
Idéologue incontesté du Front national islamique (FNI), Tourabi accède de plus à la présidence de l'Assemblée nationale, à dominante islamiste. En mars 1996. face à 40 candidats « indépendants », Omar el-Bachir se fait élire président de la République, avec près de 76 % des suffrages, à l'issue d’un scrutin marqué par un très faible taux de participation (pas plus de 5 % selon l’opposition) et boycotté par l’ensemble des partis traditionnels ou non islamistes. Én avril 1998, une nouvelle Constitution, approuvée par

«
L'
enr61ement des femmes
au sein de milices
g011vemementales est un des
moyens utilisés par le régime
de Khartoum paur asseoir
sa légitimité et comr61er
la population.
C> Abbas-Magnum surtout
la poursuite d'une guerre sans
merci, depuis 1983, opposant le Nord,
arabe et musulman, aux rebelles du
Sud, chrétiens et animistes, menés par
l'Armée de libération des peuples du
Soudan (ALPS) du colonel John
Garang, expliquent la dégradation de la
situation alimentaire.
Les opérations
militaires mettent en péril le contrôle
par Khartoum des panies du territoire
jugées stratégiques par les islamistes
pour leur maintien au pouvoir et pour
la conquête totale de leur légitimité.
Pour gagner l'adhésion d'une plus
grande panic de la population, le
pouvoir accélère le processus « de
pacification et d'islamisation >> du
pays, de la société et des populations
« dissidentes >>.
Au prix d'une
politique de la terre brûlée, des
déplacements forcés des populations
sont ordonnés, des « villages de
paix >> constitués, les milices
gouvernementales s'emparent de terres
tandis que des associations caritatives
islamiques, encadrées par les FDP,
développent des activités de soutien
scolaire et d'aide aux jeunes et aux
femmes, en contrepartie de leur
allégeance aux thèses du FNI.
De plus,
le régime n'autorise pas les
organisations humanitaires
internationales à intervenir dans les
zones de combat et il limite, voire
interdit, l'accès des victimes des combats
et de la famine aux soins et à
l'aide alimentaire.
De son côté,
l'opposition armée utilise souvent la
détérioration de la situation alimentaire
comme arme politique et, à l'occasion,
s'octroie une part notable de l'aide
internationale.
En juillet 1997, après trois ans de
rupture, le gouvernement et l'ALPS
acceptent de reprendre des
négociations sous l'égide de l'Autorité
intergouvernementale pour le
développement (IGAD), gui regroupe
le Soudan, la Somalie, l'Erythrée,
l'Éthiopie, le Kenya et l'Ouganda,
avec le soutien de l'ONU.
À Nairobi,
les pourparlers d'avril-mai 1998
débouchent sur un accord : un
référendum d'autodétermination est
prévu dans le Sud.
Mais des zones
d'ombre subsistent quant à la durée de
la période intérimaire et quant à la
détermination des régions ou « États »
où doit se dérouler la consultation.
La
guerre reprend donc tous ses droits,
malgré les tentatives de médiation
internationale, dont celle du président
sud-africain, Nelson Mandela.
En
1998, l'ALPS lance une offensive dans
le Bahr el-Ghazal et parvient même,
pendant quelques heures, à contrôler
Wau, la capitale régionale.
De son
côté, l'Alliance nationale démocratique
(AND), une coalition d'opposants
nordistes et sudistes, prétend même
avoir conquis des localités stratégiques
près de Damazin, et pouvoir s'assurer
le contrôle de l'axe stratégique
Khanoum -Pan-Soudan.
Mais
I 'O pJ>OSition ,
malgré une aide massive
des Érythréens ,
n'est pas en mesure de
s'imposer militairement, d'autant que
des dissensions internes semblent
affecter son efficacité à l'intérieur
comme sur la scène internationale.
Par
ailleurs, l'attitude de la communauté
internationale n'est pas toujours claire,
qu'il s'agisse des États-Unis, qui
rouvrent leur ambassade pour décréter
six semaines plus tard l'embargo total
contre le Soudan et bombarder une
usine en août 1998 ; ou encore du
FMI, qui, après avoir pendant des
années menacé d'exclure le Soudan de
ses instances, donne son satisfecit au
régime pour l'application des réformes économiques
et projette même d'ouvrir
un bureau à Khartoum.
Après le décès
du vice-président, le général Zubcyr
Mohammed S.aleh, et d'autres notables
du régime dans un accident d'avion en
février 1998, 1 'équipe au pouvoir
resserre ses rangs.
Mais en décembre 1999, la rivalité
entre Hassan Tourabi et el-Bachir
éclate au grand jour.
Ce dernier décide
de décréter l'état d'urgence et de
dissoudre l'Assemblée, des mesures
rejetées catégoriquement par l'ancien
mentor du président, qui menace de
mobiliser ses nombreux panisans.
Sur le plan régional, Khartoum tente
de briser son isolement diplomatique
en s'impliquant dans la crise qui sévit
dans la région des Grands Lacs ; en
reprenant les contacts politiques avec
l'Egypte, naguère rompus à la suite de
la tentative d'assassinat, à Addis
Abeba, du président égyptien Hosni
Moubarak ; ou encore en signant à
Tripoli un accord pour la création d'un
ensemble regroupant cinq pays
d'Afrique subsaharienne et du
Maghreb (Niger, Mali, Tchad, Soudan
et Libye).
Mais Khartoum reste
toujours fidèle à ses alliés islamistes du
monde arabe et musulman.
Malgré l'amélioration de quelques
indicateurs économiques (croissance
du produit intérieur brut, chute
significative de l'inflation entre 1997
et 1998, activité du secteur
agroalimentaire en hausse, notamment
pour le sucre -le pays occupe le
premier rang africain -, autosuffisance
pour les hyd rocar bures prévue en
l'an 2000), le pays cumule toujours de
sérieux handicaps : trois millions de
personnes ne sont maintenues en état
de survie que grâce à l'aide des
Nations unies, de l'ordre d'un million
de dollars par jour ; la guerre, qui
coûte la même somme, empêche la
réalisation des grands projets de mise
en valeur des l>assins cotonniers dans
la région de Bahr el-Ghazal et
encourage le développement de
l'esclavage dans le Sud.
Cependant,
étant donnée l'impasse dans laquelle
les forces en conflit sont entrées, de
nouvelles négo-ciations s'ouvrent
finalement en 1999..
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