Sierra Leone: une junte en chasse une autre
Publié le 05/12/2018
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La Sierra Leone a vu le retour, en mars 1998, du président élu Ahmad Tejan Kabbah, renversé dix mois plus tôt par une junte militaire. Un événement d’autant plus important qu’il a eu une portée régionale. C’est, en effet, l’ECOMOG, la force d’interposition ouest-africaine, et, à travers elle, le Nigeria, dont les soldats composaient l’essentiel du contingent, qui ont permis le retour des civils.
UN ENJEU RÉGIONAL
Sur le plan régional, le résultat de l’intervention nigériane a été en apparence bien accueilli par les États voisins de la Sierra Leone, dans la mesure où il s’agissait d’une expérience de règlement régional de situations de crise. Quelques jours après le rétablissement au pouvoir du président Kabbah, les ministres de la CEDEAO ont même proposé que la Force ouest africaine d’interposition constitue l’ossature d’un futur mécanisme régional de maintien de la paix. Toutefois, ce consensus de façade masquait un désaccord sur la nature et le fonctionnement de cette force, avec, en toile de fond, le problème du rôle que devait y jouer le Nigeria. Seul pays a pouvoir fournir suffisamment d’hommes et de matériel pour une intervention, le Nigeria ne pouvait que défendre l’ECOMOG, dans la mesure où elle pouvait lui permettre de réaliser son vieil objectif d’être le gendarme de la région. D’où ses critiques acerbes contre le projet (soutenu par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis) de prépositionnement dans chaque pays de forces prêtes à intervenir dans la sous-région ou ailleurs sur le continent. Les pays francophones, inquiets d’une domination du géant de la région, ont davantage penché pour cette dernière solution qui leur permettrait de contrecarrer les velléités hégémoniques nigérianes.
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