SAINT-PIERRE -ET-MIQUELON - Géographie
Publié le 05/02/2019
Extrait du document
L'ensemble des services publics de l'État se trouve à Saint-Pierre-et-Miquelon. Si les insuffisances de l'hôpital public encouragent le développement d'un système d'évacuation sanitaire vers le Canada, le système éducatif est plus performant. Le lycée est fréquenté par huit cents élèves et dispense un enseignement technique.
Entre crise de la pêche et dépendance : une économie en transition
Les conditions climatiques et géologiques ne favorisant pas l'agriculture, l'exploitation de la riche faune marine, essentiellement la morue, a longtemps été la seule ressource de l'archipel. Après plusieurs années de conflit, le Canada impose un moratoire sur la pêche à la morue en 1992. En réduisant à néant les quotas de pêche accordés à la France, il paralyse l'économie de l'archipel. L'activité industrielle traditionnelle, qui occupe plus de cinq cents marins et salariés à terre, disparaît. Les revenus issus de la commer-
La dureté du climat rend l'archipel impropre à l’agriculture. L’habitat traditionnel, en bois, reproduit la structure des maisons des premiers Acadiens.
Pour compenser l’arrêt de la pèche à Terre-Neuve, Saint-Pierre table de plus en plus sur le tourisme canadien et américain. Ses infrastructures portuaires lui permettent d’accueillir de gros paquebots de croisière.
DEUX ÎLES DE CARACTÈRES
La vie politique et économique est dominée par de fortes personnalités locales. Les Saint-Pierrais ont confié aux enfants du pays les trois mandats clés. G. Grignon (député), A. Pen (sénateur) et M. Plantegenest (président du conseil général) sont allés jusqu'à se faire arrêter sur un chalutier dans les eaux canadiennes en 1988 pour sensibiliser la métropole au problème des quotas de pêche imposés par le Canada. Ceints de l'écharpe tricolore, ils attiraient ainsi l'attention de la France sur les droits de leur archipel.
Parallèlement, trois grandes familles maîtrisent à elles seules les relations avec l'extérieur, dont dépend l'approvisionnement de l'archipel. Elles détiennent les navires qui assurent la liaison avec le Canada, les intérêts portuaires et la compagnie aérienne Air Saint-Pierre.
cialisation de poissons et de farines dérivées chutent: de plus de 350 millions de francs en 1991, ils arrivent à zéro en 1993. En 1995, cette unique source d'exportation ne couvre plus que 15% des importations en produits alimentaires et énergétiques de l'archipel (contre 54% avant la crise de la pêche en 1991). Dès 1992, l'entreprise Interpêche est restructurée en un complexe de traitement du poisson russe importé qui rapporte à peine plus de 7% des bénéfices de 1991. Cette reconversion est décevante : elle dépend des approvisionnements russes, se révèle peu rentable financièrement et a précipité la perte de l'armement. Pour les quarante-neuf pêcheurs artisans qui poursuivent leur activité, la diversification est une nécessité de survie. Le fumage des poissons et de nouvelles captures s'imposent: les œufs de lump sont devenus la ressource la plus importante, avec les requins et les crabes des neiges. L'activité artisanale et industrielle de la pêche subsiste grâce aux aides publiques. La croissance du chômage (environ 10% lors de la crise) est limitée par des aides à l'emploi et à la création d'entreprise et par les commandes de travaux publics. La crise de la pêche a accru la proportion d'actifs employés dans le secteur public et parapublic, qui dépasse désormais les 28% enregistrés en 1990.
Autre pilier de l'économie de Saint-Pierre, l'activité portuaire est également en déclin.
La population de Saint-Pierre-et-Miquelon ’ est souvent descendante de ces Acadiens, qui après le «grand dérangement », dû à la perte française du Canada, ont recréé la France de l'Atlantique Nord à partir de 1816.
«
Saint-Pierre-et-Miquelon
détachés dans l'archipel.
La cohésion entre les
habitants est renforcée par un style de vie
depuis longtemps lié au rythme des pêches, par
la solidarité vis-à-vis de la métropole et des pays
voisins et par la petite taille de l'archipel qui
favorise la connaissance de chacun.
L'ensemble des services publics de l'État se
trouve à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Si les insuffi
sances de l'hôpital public encouragent le déve
loppement d'un système d'évacuation sanitaire
vers le Canada, le système éducatif est plus per
formant.
Le lycée est fréquenté par huit cents
élèves et dispense un enseignement technique.
Entre crise de la pêche
et dépendance :
une économie en transition
Les conditions climatiques et géologiques ne
favorisant pas l'agriculture, l'exploitation de la
riche faune marine, essentiellement la morue, a
longtemps été la seule ressource de l'archipel.
Après plusieurs années de conflit, le Canada
impose un moratoire sur la pêche à la morue en
1992.
En réduisant à néant les quotas de pêche
accordés à la France, il paralyse l'économie de
l'archipel.
L'activité industrielle traditionnelle, qui
occupe plus de cinq cents marins et salariés à
terre, disparaît.
Les revenus issus de la commer- La
dureté .....
du climat rend
l'archipel impropre
à l'agriculture.
L'habitat
traditionnel, en bo:s,
reproduit la structure
des maisons des
premiers Acadiens .
.....
Pour compenser
l'arrêt de
la pêche à Terre-Neuve,
Saint-Pierre table
de plus en plus sur
le tourisme canadien
et américain.
Ses infrastructures
portuaires lui
permettent d'accueillir
de gros paquebots
de croisière.
La vie politique et économique est dominée par
de fortes personnalités locales.
Les Saint
Pierrais ont confié aux enfants du pays les trois
mandats clés.
G.
Grignon (député), A.
Pen
(sénateur) et M.
Plantegenest (président du
conseil général) sont allés jusqu'à se faire arrê
ter sur un chalutier dans les eaux canadiennes
en 1988 pour sensibiliser la métropole au pro
blème des quotas de pêche imposés par le
Canada.
Ceints de l'écharpe tricolore, ils atti
raient ainsi l'attention de la France sur les
droits de leur archipel.
Parallèlement, trois grandes familles maîtrisent
à elles seules les relations avec l'extérieur,
dont dépend l'approvisionnement de l'archipel.
Elles détiennent les navires qui assurent la liai
son avec le Canada, les intérêts portuaires et
la compagnie aérienne Air Saint-Pierre.
cialisation de poissons et de farines dérivées chu
tent: de plus de 350 millions de francs en 1991, ils
arrivent à zéro en 1993.
En 1995, cette unique
source d'exportation ne couvre plus que 15% des
importations en produits alimentaires et énergé
tiques de l'archipel (contre 54% avant la crise de
la pêche en 1991).
Dès 1992, l'entreprise Inter
pêche est restructurée en un complexe de traite
ment du poisson russe importé qui rapporte à
peine plus de 7% des bénéfices de 1991.
Cette
reconversion est décevante: elle dépend des
approvisionnements russes, se révèle peu rentable
financièrement et a précipité la perte de l'arme
ment.
Fbur les quarante-neuf pêcheurs artisans qui
poursuivent leur activité, la diversification est une
nécessité de survie.
Le fumage des poissons et de
nouvelles captures s'imposent: les œufs de lump
sont devenus la ressource la plus importante, avec
les requins et les crabes des neiges.
L'activité arti
sanale et industrielle de la pêche subsiste grâce
aux aides publiques.
La croissance du chômage
(environ 10% lors de la crise) est limitée par des
aides à l'emploi et à la création d'entreprise et par
les commandes de travaux publics.
La crise de la
pêche a accru la proportion d'actifs employés
dans le secteur public et parapublic, qui dépasse
désormais les 28% enregistrés en 1990.
Autre pilier de l'économie de Saint-Pierre,
1 'activité portuaire est également en déclin.
.....
La population de Saint-Pierre-et-Miquelon
est souvent descendante de ces Acadiens,
qui après le •grand dérangement•, dû à la perte
française du Canada, ont recréé la France
de l'Atlantique Nord à partir de 1816.
Délaissé
par les navires de pêche, le port
accueille toutefois un nombre croissant de
navires de plaisance étrangers.
Les perspectives économiques reposent désor
mais sur le tourisme, essentiellement canadien
(plus de 13000 visiteurs en 1995).
Un nouveau
complexe aéroportuaire, opérationnel en 1998,
permet de désenclaver l'ile.
Enfin, la question du
deve nir de la pêche demeure.
L'accord de
coopération régionale signé avec le Canada le
12 décembre 1994 donne l'espoir d'une reprise
de la pêche à la morue.
Une histoire et un statut hérités
d'une origine métropolitaine
Les premiers pêcheurs européens s'établissent à
Saint-P ierre-et-Miquelon en 1604, sur les traces
de Jacques Cartier lorsqu'il découvre le Canada.
Les Anglais installés à Terre-Neuve livrent
bataille aux Français dans leurs possessions
coloniales d'Amérique du Nord et occupent à
plusieurs reprises Saint-Pierre.
Cet affrontement
de cent cinquante ans s'achève avec le traité de
Paris de 1814.
À cette date, l'archipel revient à la
France et les populations expulsées par les
Anglais s'y réinstallent.
L'essor de l'industrie de la pêche à la morue
atteint son apogée au tournant du xx• siècle.
La pêche locale côtoie la pêche métropo
litaine armée depuis les ports normands et
breto_ns.
Dans les années 1920, la prohibition
aux Etats-Unis fait de Saint-Pierre une plaque
tournante du trafic d'alcool, ce qui compense la
crise des pêcheries intervenue en 1904 à la suite
du règlement du différend avec les pêcheurs de
Terre-Neuve.
À la fin de la prohibition, l'écono
mie de l'archipel est reconstruite grâce aux tra
vaux d'équipement et au redéveloppement de la
pêche.
Territoire d'outre-mer en 1946, puis départe
ment d'outre-mer en 1976, Saint-Pierre-et
Miquelon est décrété collectivité territoriale
française en 1985.
Ce statut préserve les pêches
locales de la politique communautaire.
L'assem
blée locale est représentée au Parlement par un
député et un sénateur.
L'administration locale est dirigée par le prési
dent du conseil général pour Saint-Pierre-et
Miquelon et le commissaire de la République
pour la France.
L'insularité et le mélange des
cultures fondent une civilisation particulière.
Trois
hebdomadaires, dont un satirique, deux canaux
de télévision et Radio France Outre-mer (RFO)
ont favorisé l'unité linguistique.
Le Saint-Pi errais est un Français qui a gardé des
expressions provenant des origines diverses de la
population (basque, bretonne, normande, ou
acadienne, terre-neuvienne et malouine), aux
quelles s'ajoutent des termes québécois et anglo
saxons ainsi qu'un vocabulaire maritime..
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