Russie de 1910 à 1919 : Histoire
Publié le 12/01/2019
Extrait du document

La décennie dix est celle de l’effondrement et de la liquidation définitive de l’Ancien Régime russe, qui n’a pas su se relever de la secousse révolutionnaire de 1905.
Les dernières années de paix
Les années 1910-1914 sonnent le glas du gouvernement Stolypinc qui était sans doute la dernière chance de l’autocratie. Pourtant la réussite économique obtenue est indéniable: la croissance industrielle atteint le taux annuel de 6 % entre 1909 et 1914. La réforme agraire qui vise à constituer une classe de petits propriétaires commence à porter ses fruits: en 1916, 24 % des exploitations paysannes ont quitté les communautés rurales pour devenir des fermes individuelles. De bonnes récoltes, l’extension des terres cultivées et certains progrès agricoles assurent à la Russie une place prépondérante dans l'exportation des céréales. Malgré la lourde dette extérieure, les capitaux étrangers
D'abord placé en résidence surveillée, Nicolas II est transféré avec sa famille à Tobolsk, en Sibérie. De gauche à droite: Olga, A nas tas ie, Nicolas II, Tatiana, Alexis le tsarévitch et Marie.
affluent vers le pays et l'extension du marché intérieur encourage la formation d’un capitalisme autochtone. Enfin, la Russie connaît juste avant la guerre un progrès social sans précédent: pendant cette période, le pays se scolarise rapidement (la moitié des enfants sont scolarisés en 1914), la paysannerie accède largement à la civilisation de l'écrit (près de la moitié de la population masculine à la veille de la guerre), l'édition se place au premier rang mondial, alors que le pays s'urbanise et s'européanise de plus en plus.
Cette modernisation, pourtant, ne profite pas au régime. Si Stolypine a réussi à mater les oppositions, il échoue dans sa tentative d'élargir la base sociale de l’autocratie. A la Douma, il se heurte à une opposition de l'extrême droite, sans que le centre monarchiste modéré des octobristes constitue une force d'appui réelle. Stolypine échoue à faire accepter à la noblesse conservatrice une plus grande participation des paysans à
l'administration provinciale (les zemstvos). Sa politique de russification suscite des oppositions croissantes parmi les minorités nationales de l'Empire. Enfin, Nicolas II supporte mal cette forte personnalité qui lui porte ombrage. En 1911, Stolypine est assassiné dans des circonstances assez troubles, alors que son renvoi semblait de plus en plus probable. Après Stolypine, la monarchie ne fait plus appel qu'à des personnalités sans éclat, voire serviles, et s'enfonce dans l’instabilité politique. La IVe Douma, qui siège de novembre 1912 à la révolution de 1917, compte davantage de députés d'extrême droite et de gauche que la précédente, tandis que les octobristes se transforment en un marais tiraillé entre les extrêmes. En outre, les différentes composantes de la révolution de 1905 se réveillent. Si le parti socialiste-révolutionnaire paraît en perte de vitesse, surtout à cause de la crise du terrorisme, les sociaux-démocrates gagnent en influence dans les milieux ouvriers. En avril 1912, le massacre de la Lena, en Sibérie, entraîne une recrudescence des grèves dans le pays qui culminera au printemps 1914. Enfin, malgré l’évolution du monde rural, la surpopulation des campagnes s'aggrave (on estime au moins à 15 % cet excédent démographique), exacerbant la soif de terre des paysans, qui convoitent les domaines de la noblesse. A partir de 1911. les troubles agraires reprennent.
La guerre
Depuis le tournant du siècle, la Russie s’est ancrée dans le jeu européen, où ses ambitions visent les Détroits et les Balkans. Après l'attentat de Sarajevo, l'engrenage de ses alliances se met en marche.
La Russie est mal préparée à la guerre : les énormes effectifs mobilisés sont mal équipés et mal entraînes. Cependant, les Russes veulent honorer leurs engagements à l’égard des Alliés et déclenchent une offensive contre l'Allemagne. L’été 1914 se solde par de lourdes défaites en Prusse-Orientale que les succès contre l'Autrichc-Hongrie ne suffisent pas à effacer. En 1915, de nouveaux revers font perdre à la Russie la Galicie, la Pologne, la Lituanie et l'Ukraine occidentale. Ces désastres précipitent la crise de la monarchie. Si l'opinion, à l'exception de certains socialistes, appuie initialement le gouvernement dans un réflexe patriotique, cette union sacrée se fissure dès 1915. En août, le gouvernement convoque la Douma et

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10.07.1918
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19.05.1919 25.04.1920
13.08.1920
12.10.1920
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1917: face aux mmrifestarions
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Auentat contre Sto ly pin e.
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Ouverture à Prague de la 6' confé re nce du POSDR
(parti ouvrier social-démocrate de Russ ie)
Premier numéro de la Pravda.
I.:AIIemagne déclare la guerre à la Ru ssie.
Assassinat de Raspoutine.
Début de la ré v o lu tion à Petro gra d .
Formation du soviet de Petrograd.
Formation du gouvernement provisoire.
Abdication du tsar Nicolas Il.
Retour de Lénin e à Pe tr o gra d.
Émeutes d'avril.
Émeutes de ju ille t.
Début de la tentative de pu ts ch du général Kornilov.
Coup de force bolchevique.
Création de la Tchéka.
Dispersion de l'Assemblée constituante.
Création de l'Armée rouge.
Sienature du traité de Brest-Litovsk avec
I'ÀIIemagne.
Adoption de la Con stit ution de la Russie so,•ié tiq ue
(RSFSR).
J" congrès de l'Internationale communiste à Moscou.
Début de l'offensive de l'amiral Koltchak dans
l'Oural.
Offensive Denikine.
Début de l'offensive polon aise .
I.: Armée rouge devant Varsovie.
Ar misti c e po lon o-r us se .
Bataille de Perekop.
Les dores som données dans les cnlendriers julien d'abord, grégorien ensuùe
jusqu'au l" février 1918, dare à laquelle ce dernier fw adopté.
fait
appel à la population pour qu'elle
soutienne son effort de guerre.
De fait,
l'Union des zemstvos et des villes.
présidée par le prince Lvov, ainsi que
le Comité des industries de guerre
dirigé par l'octobriste Goutchkov
s'organisent pour améliorer
rapprovisionnement.
la production des
armements et l'assistance publique.
Mais le mécontentement grandit dans
le pays.
Les grèves, interrompues par
l'entrée en guerre, reprennent à l'été
1915.
Au même moment, la majorité
des députés de la Douma forme un
Bloc progressiste, dirigé par le
constitutionnel-démocrate Milioukov
qui avance un programme de réformes.
Mais Nicolas II refuse obstinément
tout dialogue et décide de prendre la
tête des forces armées.
Mesure
désastreuse, qui laisse pratiquement la
direction politique du pays à la tsarine,
de plus en plus influencée par le moine
Raspoutine.
La valse des ministres
s'accélère et la vacance du pouvoir est
telle qu'en automne 19161'opinion en
vient à soupçonner des trahisons à la
tête de l'État.
À la fin de décembre,
l'assassinat de Raspoutine à la suite
d'un complot, loin de sauver la
monarchie, ne fait que précipiter sa
chute : au début de l'année 1917, des
rumeurs se répandent concernant une
éventuelle révolution de palais.
La chute de la monarchie
et les gouvernements provisoires
La révolution de 1917 a pour cause
immédiate le mauvais ravitaillement
des villes, en particulier de Petrograd
(l'ex-Saint-Pétersbourg).
Le 23 février
(8 mars selon le calendrier occidental), des
ouvrières du textile manifestent
pour réclamer du pain.
Deux jours plus
tard, la grève devient générale et les
défilés se succèdent, tandis que la
troupe refuse de tirer et se mutine.
Très vite, ces mouvements prennent un
tour politique: on réclame la fin de
l'autocratie.
Porté par la révolution.
un
gouvernement provisoire s'improvise
sous la présidence du prince Lvov.
Le
lendemain, Nicolas II abdique.
En
quelques jours, la monarchie russe est
tombée, n'ayant trouvé presque aucun
défenseur.
Les événements ont pris tout le monde
au dépourvu.
Le gouvernement issu de
la Douma se charge avant tout de
poursuivre la guerre et de préparer
l'élection d'une Assemblée
constituante.
Parallèlement, un soviet,
tout auss i i mp rovisé, se forme à
Petrograd sur le modèle de celui de
1905, avec des représentants d'ouvriers
et de soldats.
Dominé par les sociaux
démocrates mencheviks, il s'érige en
second pouvoir , notamment en
édictant un décret (dit «11° 1») qui
introduit la politique dans l'armée et
subordonne les soldats à son autorité.
Des soviets se constituent dans
l'ensemble du pays, à mesure que
l'administration tsariste se dissout et
que les libertés politiques,
immédiatement octroyées par le
gouvernement, sont appliquées.
Une
curieuse situation s'instaure, le
gouvernement provisoire n'osant
gouverner faute de légitimité, alors
que les soviets se refusent à prendre le
pouvoir, car les socialistes modérés ne
s'en sentent pas le droit.
Aussi les
questions brûlantes gui agitent la
masse des soldats.
des paysans et des.
»
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