Russie de 1900 à 1909 : Histoire
Publié le 31/12/2018
Extrait du document
Les premières années du xxc siècle annoncent pour la Russie de profonds changements sociaux et politiques, et sonnent le glas de la monarchie absolue.
La crise de 1900-1903
La Russie aborde le nouveau siècle au terme d'une période de forte croissance industrielle qui a bouleversé son paysage économique et social. La récession de 1900-1903 touche de plein fouet son économie encore fragile, notamment le secteur de la métallurgie. Cette crise fait douter de la politique de modernisation pratiquée par le ministre des Finances Sergueï Witte. La crise est aussi socio-politique. Des troubles agraires éclatent à partir de 1902 dans certaines régions de l’Ukraine et dans la moyenne Volga. Les émeutes visent les
«
Capmrés
ptlr les Japonttis, des
soldats russes blessé s som
c ond uits à 1111 poste de secours.
©VI/stein
Saim-Pitersbourg.
jonrier /905:
les troupes tst�risres tire/li s:tr la
foule tlel'tmt le palais d'Hh·er.
©APN.
D'autre
pan.
une opposition libérale
se fait jour à partir de 1902-1903.
autour d'intellectuels comme
Milioukov ou Struve.
qui créent
l'Union pour la libération.
prônant un
régime parlementaire et un
développement à l'occidentale.
Enfin.
l'Empire russe est en proie à une
agitation nationaliste croissante.
Elle
est due à la fois à l'apparition d'élites
intellectuelles autoch to ne s.
comme en
Transcaucasie ou en Asie centrale, et à
la politique de russification brutale
menée par le gouvernement.
Au nom
d'un nationalisme de plus en plus
ethnique.
le pouvoir s'attaque en effet
non seulement à des cibles
traditionnellement actil'es.
comme la
Pologne, mais aussi à des supports
traditionnels de l'État comme la noblesse
allemande des provinces
baltes ou le grand-duché de Finlande,
dont on russifie l'administration.
rogne
les pouvoirs de la Diète et suspend la
Co nstitu tio n en 1903.
Ces persécutions
de caractère national se doublent de
brimades religieuses.
surtout contre les
sectes.
Enfin.
la tendance antisémite
qui règne dans certains milieux de
l 'É ta t est en pa nie responsable de
terribles pogroms comme à Kichinev
en 1903, sinon encouragés.
du moins
tolérés par la police.
Face à des
craquements encore sourds.
la
monarchie russe choisit l'immobilisme.
Certes, des administrateurs avisés
comme Witte ressentent la nécessité de
réformes.
Mais le départ de ce ministre
en 1903 en sonne à peu près le glas.
Seules exceptions notables: la suppression
des châtiments corporels
pour la paysannerie et surtout
l'abolition de la responsabilité
collective des communautés rurales
devant l'impôt.
Il s'agit d'un pas
important, bien que trop tardif, vers
l'affranchissement des paysans de la
t u te lle communautaire.
Pour le reste,
le pouvoir s'en tient à une logique
paternaliste qui le conduit parfois à des
dérapages.
Ainsi.
les syndicats ouvriers
créés par le chef de police Zoubatov
prennent en charge les revendications
ouvrières au nom du tsar et vont
jusqu'à organiser des grèves avec la
bénédiction de la police, au grand dam
des entrepreneurs.
Rapidement
noyautés par les SR, ils seront un des
prodromes de la révolution de 1905.
La guerre russo-japonaise
et la révolution
Comme souvent en Russie, ce sont des
événements extérieurs (les revers de la
guerre russo-japonaise) qui
provoquent des changements à
l'intérieur.
Engagée depuis la fin du
siècle en Extrême-Orient, la Russie
vise l'occupation de la Mandchourie et
cherche à élargir son influence en
Corée.
en quoi elle se heurte à
l'exp ans io n japonaise.
L'échec des
négociations entre ces deux pays, en
1903, précipite le conflit.
En février
1904.
1e Japon détruit la flone russe en
rade de Port-Arthur.
La gue rre prend
les Russes au dépourvu: l'armée
japonaise est mieux préparée et plus
moderne, alors que l'armée russe
souffre cruellement de l'insuffisance de
son commandement et des transports
(le Transsibérien est encore inachevé à
cette date).
Aussi va-t-elle de défaite
en défaite: à Vladivostok en août, à
Moukden en mars 1905 et enfin à
Tsushima en mai.
où l'escadre de la
Baltique subit un véritable désastre.
Les conséquences sont plus graves à
l'intérieur qu'à l'extérieur.
Le traité de
Portsmouth aboutit en septembre 1905
à un partage d'influences russo·
japonaises en Extrême-Orient et
ménage les intérêts russes.
Mais au
sein de l'Empire.
la crise débouche sur
une révolution.
Celle-ci se déroule sur
le modèle de la Révolution française:
tour à tour, les différemes couches
sociales montent à l'assaut de
l'autocratie, qui découvre brutalement
qu'elle ne dispose plus de base sociale.
En novembre 1904, des représentants.
surtout nobles, des zemstvos
(administrations provinciales élues)
tiennent un congrès et réclament des
réformes qu ïls popularisent par une
«campagne des banquets».
L'agitation
ouvrière.
déjà croissante, devient
explosive après le" Dimanche rouge»
de janvier 1905.
Une foule pacifique
d'ouvriers pétcrsbourgeois conduits
par le pope Gapone demande justice
au tsar tout en se réclamant de lui.
La.
»
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