Roumanie de 1980 à 1989 : Histoire
Publié le 02/12/2018
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À la tête du régime le plus autoritaire d’Europe de l’Est, Nicolae Ceausescu cumule presque toutes les fonctions. Il est à la fois président du Conseil d’Etat, du Conseil de la défense, du Conseil supérieur pour le développement économique et social et secrétaire général du parti communiste. Il a aussi pris soin d’associer au pouvoir les membres de sa famille et surtout sa femme Elena, deuxième personnage du régime. Elle est vice-Premier ministre, membre du bureau permanent du Comité politique et présidente de diverses commissions économiques. Fondé sur un service de propagande, le régime roumain se distingue également par ses projets mégalomaniaques et destructeurs comme l’ancantissement systématique des églises et des monuments de Bucarest au profit d’édifices grandioses à la gloire du régime ou la destruction de milliers de villages progressivement remplacés par des centres agroindustriels. Répressif, le régime, qui ne cesse de violer les droits de l’homme, est passé maître dans l’art d’intimider, comme en témoigne l’obligation faite à chaque Roumain de fournir un échantillon de son écriture afin d’identifier les «traîtres», coupables d’avoir écrit à Radio Free Europe à Munich, ou le sort réservé aux opposants comme Doïna Cornea, ex-professeur d’université, placée sous

«
24
novembre 1989.
Le • Conducator • est réélu
a l'unanimité à la direcrion
du pani commwrisre roumain
pour la sixième fois conséc ..
ttit·e.
Il sertt exécuté avec sa femme
u11 mois plus tard.
© Bernard Bisson · Sygmc résidence
surveiUée, pour s'être
adressée directement au président
Ceausescu afin de réclamer l'arrêt de la
destruction des villages roumains.
Les
communautés allemande et hongroise
sont également soumises à un
processus sévère d'acculturation.
Limitée à quelques actions sporadiques
et isolées, l'opposition, en butte à une
répression brutale, ne parvient pas à
s'organiser.
L'émeute de Brasov le
15 novembre 1987, où plusieurs
milliers d'ouvriers des usines
d'automobiles descendent dans la rue
pour protester contre les pénuries, sert
de détonateur à une série de grèves et
de manifestations estudiantines et
ouvrières, aussitôt réprimées.
Sur le plan économique, la ,Roumanie
connaît une terrible crise.
Erigée au
rang de priorités nationales,
l'indépendance financière explique
nombre des choix de Ceausescu,
comme la décision de se fournir en
pétrole auprès des pays de l'OPEP, se
privant ainsi des tarifs préférentiels
accordés par l'Union soviétique aux
pays membres du COMECON, ou le
renoncement en février 1988 à la clause
de la na!ion la plus favorisée octroyée
par les Etats-Unis.
Mais c'est la
population roumaine qui souffre le
plus des objectifs démesurés assignés
par le plan, prétexte à des restrictions
draconiennes.
L'électricité et le
chauffage ne fonctionnent que
quelques heures dans la journée, les
aliments de base, les médicaments se
font �ares.
Les budgets de la Culture et
de l'Education ont été réduits de 75%, celui
de la Santé de 25%.
Se targuant d'avoir appliqué avant
l'heure les préceptes de Mikhaïl
Gorbatchev, Ceausescu voit en la
perestroïka l'affirmation pour chaque
pays du monde communiste d'adapter
à sa guise le modèle marxiste-léniniste,
cette interprétation justifiant le
maintien d'un régime fossile.
De plus en plus isolée au sein de
l'Europe de l'Est, la Roumanie est
également tenue à l'écart par le monde
occidental, qui, longtemps encouragé
par l'indépendance de Ceausescu à
l'égard de Moscou, ne peut plus
accorder sa faveur à un régime dont les
excès sont régulièrement dénoncés.
Mi-décembre, alors que le régime
semble inébranlable, le pays est en
proie à la révolution.
C'est en
Transylvanie, à Timisoara, qu'éclatent
les premières manifestations.
Elles
sont violemment réprimées.
Le
22 décembre, tandis que les troubles
gagnent l'ensemble du pays, des
insurgés prennent d'assaut le Comité
central.
Ceausescu et sa femme
abandonnent le pouvoir et tentent de
s'enfuir.
Interceptés et incarcérés dans
un endroit tenu secret, ils sont jugés
sommairement le 25 par un tribunal
militaire d'exception et exécutés tandis
que se poursuivent de violents combats
entre soldats de la police secrète, la
Securitate, et autorités de l'armée
régulière qui ont fraternisé avec les
insurgés.
Un conseil du Front de salut
national est constitué sous la
présidence de Manescu, ancien
ministre des Affaires étrangères, puis de
Ion Iliescu, ancien secrétaire du PC
roumain.
Il rassemble à la fois de
célèbres dissidents, d'anciens
responsables du parti communiste
poussés à la dissidence par l'attitude de
Ceausescu, et des militaires.
Les
premières mesures adoptées par ce
front prévoient la création de
tribunaux d'exception, l'abrogation des
lois édictées par Ceausescu et la tenue
d'élections législatives pour avril1990.
Décembre 1989, Timisoara.
La population
manifeste afin d'empêcher la déportation
du pasteur Lasz/o Toekes,porte-parole
de la minorité d'origine hongroise.
Violemmefll réprimé, le mouvement s'étend
mpidemellt à l'e11semble du territoire.
© J.M.
Lalier- Editing.
»
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