Richelieu et l'Académie française
Publié le 29/03/2013
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Ce 16 juin 1637, Pierre Corneille est en colère. Il vient de découvrir le texte de Chapelain "Sentiments de l'Académie sur la tragi.-comédie du Cid". La querelle du Cid commence. Elle oppose les partisans d'un théâtre aux règles strictes, aux défenseurs d'une création moins rigide.
...

«
capable selon lui de "travailler
avec tout le soin possible à
donner des règles certaines à
notre langue, à la rendre pure,
éloquente et capable de traiter
des arts et des sciences ".
Pour
autant le Premier ministre ne
souhaite pas créer un ministère
des Belles Lettres mais
plutôt
s'attirer la " clientèle " des mi
lieÙx littéraires influents.
Le
cardinal.
secondé
par le Père
Joseph, joue alors le rôle de
sergent recruteur.
Richelieu recrute
L:écrivain Valentin Conrart, fu
tur premier secrétaire de l'Aca
démie, réunit régulièrement
chez lui depuis 1629 une pléia
de d'auteurs et d'hommes de c -g lettres tels Gombauld, Godeau, t!
Malleville ou l'abbé Cerisy.
Les ~
discussions portent sur la j
grammaire, la critique d'un 2 livre, mais aussi la politique et ~
le quotidien .
Richelieu ap
prend l'existence de cette
" Compagnie Conrart " en 1634 .
Aussitôt il propose de donner à
cette assemblée un statut offi
ciel et lui confie la mission de
mettre de l'ordre dans les
lettres françaises .
La proposi
tion n'entraîne pas l'enthou
siasme de Conrart et de ses
amis
qui devinent aisément les
objectifs
du Premier ministre .
~us acceptent néanmoins ce
nouveau rôle.
La naissance de
l'Académie
L:Académie française est née .
Ses statuts sont confirmés par
lettres patentes royales le 10
février 1635 .
Conrart est le pre
mier Secrétaire perpétuel
d'une assemblée de quarante
académiciens
dont la première
obligation est la résidence pari
sienne.
Richelieu est tout natu
rellement "chef et protecteur"
de la nouvelle institution .
Malgré ce glorieux parrainage,
MAÎTRE CORNEILLE
Avec un répertoire de
33 pièces écrites entre 1629
et 1674, Pierre Corneille
(cl-dessus, portrait par C.
Le Brun) est incontesta- blement l'un des auteurs les plus féconds du siècle.
Né
en 1606, il fait ses études
chez les jésuites puis son droit avant de s'installer
comme avocat à Rouen.
Présenté à Richelieu en 1633, le cardinal l'intègre
dans son équipe d'auteurs
chargée de bâtir des pièces
à partir de ses propres
idées.
C'est un échec
et Corneille vole de ses
propres ailes avec le
triomphe du Cid
en 1636.
Le succès
accompagne l'auteur
d'Horace jusqu'en 1651.
C'est
ensuite une époque
de repli et malgré un regain
de faveur en 1682,
c'est dans une relative
solitude que Corneille
meurt deux ans plus tard
à l'âge à 78 ans.
l 'Académie française végète
dans une indifférence à peu
près totale, au centre d'une né
buleuse d'autres assemblées
analogues .
Celle
par exemple
de Théophraste Renaudot.
di
recteur de la " Gazette ", pre
mier journal français, qui réunit
tous les lundis de beaux esprits
s'empoignant dans
des joutes
théologiques,
philosophiques
ou politiques .
Il esWonE Îlli.fié-
ratif ·que l'Acadé~.-.içaise
impose son autorité .
L:occasion
lui en est justement offerte par
la présentation du "Cid " de
Corneille
La querelle
du "Cid "
À la demande de Richelieu, qui
apprécie l'ordre en toute ma
tière, l'Académie ~se peRChe-su 10
les règles auxquelles doit obéir
l'art dramatique .
Elles sont, il
est vrai , bien écornées par des
auteurs qui n'ont par pour prio
rité les soucis de vraisemblan
ce et parfois même de décen
ce.
Les académiciens, s'inspi
rant d'Aristote, souhaitent réac
tualiser la culture classique et
introduire la règle des trois uni
tés .
Nous sommes en 1636 et
Corneille fait jouer sa pièce , Le
Cid , dont le succès suscite en
vie et jalousie .
Ses détracteurs
lui reprochent d'ignorer la règle
des trois unités
et surtout de
glorifier l'idéal d'hoAneur des
Espagnols, précisément en
guerre contre la France
depuis
un an.
C'est alors que Richelieu
demande à l'Académie françai
se de se prononcer sur la pièce .
l.:avis qu'ils émettent, tout en
nuance, relance
plutôt la polé
mique qu'il ne l' épuise .
Finale
ment, en octobre 1-631 ; Riche
lieu exige des adversaires de
Corneille qu 'ils cessent leur
guerre de position .
L:injure fai
te à Corneille l'atteint d'autant
plus qu'il l'avait placé sous sa
protection quelques années
plus tôt ....
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