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RELATIONS NTERNATIONALES L’APRÈS-GUERRE FROIDE

Publié le 15/01/2019

Extrait du document

Depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais la scène internationale ne s’était transformée aussi vite qu’entre 1989 et 1995. L’effondrement de l’Europe de l’Est, symbolisé par la chute du mur de Berlin, puis par la réunification de l’Allemagne, et finalement la disparition de l’URSS ont mis un terme en vingt-quatre mois à quarante-cinq ans de guerre froide, c’est-à-dire au cadre politique et militaire dans lequel vivait le monde depuis deux générations.

 

L’effondrement

 

DU COMMUNISME EN EUROPE

 

Cette remise en cause générale de l’ordre mondial résulte, à l’origine, de l’effondrement du communisme en Europe de l’Est, puis en URSS même. Les crises hongroise (1956) et tchécoslovaque (1968) en avaient été les premières prémices ; le conflit sino-sovié-tique (1956-1989), de son côté, avait sérieusement ébranlé le système ; enfin, le développement de la contestation en Pologne, tout au long des années quatre-vingt, avait constitué le dernier coup de boutoir. Mais c’est en Allemagne, où Marx attendait la victoire du communisme, que se déclencha le processus qui devait aboutir à sa chute complète. À l’automne 1989, la République démocratique allemande se désintègre en quelques semaines. Le mur de Berlin est démantelé le 9 novembre. Un an plus tard, le 3 octobre 1990, l’Allemagne est réunifiée. Le nœud gordien de la guerre froide est ainsi tranché. À la suite de la Pologne et de l’Allemagne orientale, toute l’Europe de l’Est bascule à son tour.

 

Ce n’est pas seulement le glacis stratégique de l’URSS qui est atteint mais aussi le cœur du système socialiste. Les régimes politiques des démocraties populaires et de l’URSS étaient trop intimement enchevêtrés et calqués les uns sur les autres pour que la dislocation de cette première périphérie n’atteigne pas la seconde, c’est-à-dire les Républiques soviétiques agrégées à la Russie, puis le cœur de l’empire: la Russie. En décembre 1991, Boris Eltsine proclame la dissolution de l’URSS et la création d’une Communauté d’États indépendants (CEI), tandis que le président Mikhaïl Gorbatchev démissionne.

 

Ce démantèlement n’est pas achevé pour autant. D’une part, les anciennes démocraties populaires sont menacées dans leur unité. La Yougoslavie, la plus complexe sur les plans ethnique et religieux, se désintègre dans la violence, Serbes, Croates et Musulmans s’affrontant à partir de 1992 en un conflit que la communauté internationale est incapable d’enrayer ; la Tchécoslovaquie, en revanche, sait, en 1992, « se diviser » dans la paix. D’autre part, l’intégrité de la Fédération russe est menacée : en mars 1992, le Tatarstan et la Tchétchéno-Ingouchie refusent de signer le Traité fédéral. Le cas le plus grave est celui de la Tchétchénie, que Moscou décide de mettre au pas brutalement en 1994-1995. Une épreuve de force décisive pour la survie de la Russie tout entière.

 

Dans l’ancien camp socialiste d’Europe, le « nouvel ordre international » est très loin de se stabiliser. De ce point de vue, trois facteurs jouent un rôle déterminant. Le premier est le degré de réussite des réformes économiques. Celles-ci commencent à porter leurs fruits en République tchèque, en Hongrie et en Pologne, mais pas encore dans les autres Républiques est-européennes ni dans les Républiques ex-soviétiques. La situation économique de la Russie, quant à elle, se dégrade sans cesse, en dépit de l’aide occidentale. De ce premier facteur dérive le deuxième : la stabilité politique. Dans plusieurs pays (Bulgarie, Albanie, Géorgie, Biélorussie, Républiques caucasiennes, etc.), les nouveaux régimes ne sont pas consolidés, tant s’en faut, et, dans certains cas (Bulgarie), les communistes reprennent l’avantage. En Russie, le nouveau régime reste très menacé. Enfin, depuis 1993-1994, la Russie cherche à réaffirmer son emprise sur les Républiques ex-soviétiques, qu’elle définit comme son « étranger proche », et à faire de la CEI un ensemble régional qu’elle contrôlerait étroitement. Autant de sources de graves crises potentielles.

RELATIONS INTERNATIONALES... L'intervention des forces de la coalition internationale contre l'Irak - avec l’assentiment de l'URSS -conforte la primauté des États-Unis sur la scène politique mondiale. Ci-contre : le retour triomphal à New York de l'armée américaine.

La RÉORGANISATION

 

DU MONDE OCCIDENTAL

 

Considérant que l’ex-camp socialiste n’est plus une menace mais qu’il est devenu un risque majeur, Américains et Européens ont décidé de repenser l’organisation et les équilibres internes du monde occidental.

 

Une première idée consista à consolider la nouvelle situation de l’Europe par le biais de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), qui réunit la totalité des pays européens, les États-Unis, le Canada, la Russie, ainsi que, depuis 1991-1992, tous les États issus de l’ex-URSS. Dans ce cadre, des résultats substantiels sont effectivement obtenus. Dès 1990, la Charte de Paris dote la CSCE d’institutions permanentes, notamment d’un centre de prévention des conflits installé à Vienne. Un traité de limitation des « forces conventionnelles en Europe » (FCE) est conclu. Or, depuis cette date, la CSCE s’est montrée totalement incapable de prévenir quelque conflit que ce soit, ni celui entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan à propos du Haut-Karabakh en 1991, ni celui en Bosnie-Herzégovine en 1992, ni celui en Tchétchénie en 1994-1995 : autant de manquements qui semblent avoir définitivement condamné cette institution.

 

Les États-Unis défendent l’idée que, même après l’effondrement du camp socialiste, l’OTAN demeure l’organisation la plus apte à préserver la paix, en Europe et même au-delà. Toutefois, dès la fin de la guerre froide, le Canada décide de retirer la totalité de ses troupes stationnées en Europe, et les États-Unis, d’y réduire fortement leurs effectifs. Dans le même temps, le Pacte de Varsovie, créé en 1955 entre les États socialistes, est dissous en 1991. La même année, le sommet de Rome définit les nouvelles missions de l’OTAN : développer des relations étroites avec les pays d’Europe orientale, poursuivre les négociations sur le désarmement et rénover la stratégie atlantique face aux menaces actuelles en créant, notamment, une force d’action rapide destinée à opérer hors de sa zone de défense. L’objectif essentiel des États-Unis reste de préserver une « communauté euro-atlantique ». Un premier pas est fait en ce sens avec la création d’un « Comité de coopération nord-atlantique » (COCONA), qui associe désormais les pays de l’Alliance à ceux de l’ex-Pacte de Varsovie, y compris les Républiques indépendantes issues de l’ex-URSS. L’OTAN étend ainsi ses compétences géographiques à l’Europe de l’Est, voire à l’Asie centrale. Toutefois, deux graves difficultés subsistent : d’une part, l’articulation entre OTAN et

« RELATIONS INTERNATIONALES ...

La croissance économique des pays de l'Asie du Sud-Est, telle la Corée du Sud, s'accompagne d'un rrnforcement de leur puissance politique.

Ci-contre: des cadm sud-coréens dans une rue de SéouL © Pierrr Charvet · REA RELATIONS INTERNATIONALES ...

Après leur séparation et la dislocation de leur régime, les pays de l'ex-URSS, er principalement la Russie, se trouvent confrontés • aux réalités • nouvelles de l'tconomie de marché.

La grande majorité des citoyens en subissent les conséquences, tandis que naft une classe de nouveaux riches, consrimée d'anciens apparatchiks rrconvertis dans les affairrs , ou de jeunes entrepreneurs, sorte de golden boys en version russe (ci-dessru).

© Swersey/Liaison · Gamma Union de l'Europe occidentale (UEO), qui pose la question de la défense européenne ; d'autre part, l'opposition de la Russie à l'ex­ tension de l'influence de l'OTAN vers l'Est, en particulier en direc­ tion de son «étranger proche"· Le premier point soulève en fait le problème de l'équilibre entre Éta�-Unis et Europe de l'Ouest.

La guerre du Golfe a montré que les Etats-Unis constituent désormais la seule superpuissance mondiale, ce qui entraîne une crainte diffuse en Europe occidentale que cette situation nouvelle ne se transforme en une hégémonie américaine.

C'est pourquoi la Communauté européenne a voulu fran­ chir une étape supplémentaire dans son intégration en signant, en 1992, le traité de Maastricht, en vue de créer l'Union européenne.

Toutefois, cet accord a suscité de telles oppositions qu'il est presque remis en cause.

La Grande-Bretagne l'a signé avec réserve, rejetant notamment toute idée d'Europe sociale; la France ne l'a approuvé qu'avec une majorité de 1 %, et le Danemark l'a catégoriquement rejeté dans sa version originelle.

Parallèlement, cette Union a été élargie, en 1995, à l'Autriche, à la Finlande et à la Suède -, élargisse­ ment qui annonce de nouvelles difficultés.

Par ailleurs, elle s'est offi­ ciellement ralliée à l'idée d'une extension progressive vers l'ancienne Europe de l'Est, c'est-à-dire vers des pays à la fois soucieux de s'inté­ grer à l'Ouest mais aussi de préserver leur indépendance et leur sou­ veraineté récemment recouvrées.

Dans ces conditions, en dépit des projets de «monnaie unique" et de «politique extérieure et de sécurité commune • inscrits dans le traité de Maastricht, elle est sus­ ceptible d'évoluer vers une zone de libre-échange fortement structu­ rée, ce que souhaite d'ailleurs une grande partie des opinions publiques nationales, inquiètes des dérives bureaucratiques d'un pou­ voir supranational à Bruxelles.

L A MONTÉE DE L'ASIE ORIENTALE La fin de la guerre froide a également coïncidé avec un développement rapide de l'Asie orientale, non seulement des« nou­ veaux pays industriels " (NPI, Corée du Sud, Taiwan, Hongkong, Sin­ gapour) mais également de la Chine populaire.

Les progrès économiques des NPI sont amorcés depuis longtemps.

Depuis la fin des années quatre-vingt, ils se sont certes poursuivis, mais avec des taux de croissance qui, vu la crise écono­ mique mondiale, ont eu tendance à se tasser.

L'élément nouveau RELATIONS INTERNATIONALES ...

Par la signature du rrait t de Maastricht, les ÉtaiS européens espèrent affronter la concurrence internationale dans de meilleures conditions, grtice au marché unique, et éviter une hégémonie des trars-Unis, en resserrant letlr union politique.

Le traité suscite, cependant, de profondes divisions dans certains pays tels que la France, la Grande-Bretagne Oll le Danemark.

© Berna rd Bisson · Sygma concerne plutôt la volonté des NPI de jouer un rôle accru sur la scène internationale.

C'est le cas, en particulier, de la Corée du Sud, qui a normalisé ses relations diplomatiques avec l'URSS et la Chine popu­ laire et a été admise à l'ONU conjointement à la Corée du Nord.

C'est, à un moindre degré, celui de Taiwan, qui a noué un dialogue suivi avec Pékin, a énormément investi en Chine continentale et s'emploie à réintégrer l'ONU.

De façon assez paradoxale, c'est au moment où il traverse une crise politique et économique sans précédent que le Japon cherche, lui aussi, à s'affirm er dans les relations internationales.

Tokyo vise à profiter de la refonte générale de l'ordre mondial pour mieux s'imposer, en Asie, face à la Chine populaire, et dans le monde, en obtenant un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, notamment.

Toutefois, la très grande instabilité politique ainsi que les difficultés financières et économiques que le Japon connaît depuis 1992 l'empêchent, à l'évidence, de progresser en oc sens.

En fait, l'un des changements les plus notables de l'Asie orientale depuis la fin de la guerre froide est le développement économique spectaculaire de la Chine populaire à partir de 1992.

Celui-ci, en effet, a atteint des taux de croissance de 12 à 14 % par an, transformant ce pays en un vaste marché potentiel, convoité par la plupart des puissances industrielles.

C'est d'ailleurs ce qui a permis à la Chine populaire de sortir de l'isolement dans lequel elle avait été plongée en raison du massacre de Tian'a.nmen en 1989.

De son côté, le Viêt-nam a suivi une voie assez comparable, normalisant ses rela­ tions diplomatiques avec les États-Unis en 1994.

Le maintien d'un vaste ensemble socialiste en Asie orien­ tale (Chine, Corée du Nord, Viêt-nam, Laos: soit les trois quarts des populations soumises au communisme) soulève néanmoins nombre de questions importantes.

D'un certain point de vue, la guerre froide, achevée en Europe, ne l'est pas en Asie.

La crise nucléaire nord­ coréenne, en 1993-1994, l'a amplement souligné.

Par ailleurs, l'ac­ croissement continu du budget militaire chinois, en cette période de désarmement général, suscite é$alement des interrogations.

En outre, la stabilité intérieure de ces Etats n'est pas garantie: jusqu'à quel point, en effet, ces régimes peuvent-ils laisser leur économie s'ouvrir au capitalisme sans réformer leurs structures politiques et leur sys­ tème de parti unique ? Le poids croissant de l'Asie dans l'économie mondiale s'est immédiatement traduit par une volonté d'organisation.

Depuis le. »

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