Quelles est la situation politique de l’Océanie insulaire en 1945 ? (histoire)
Publié le 28/10/2019
Extrait du document
Ce qui fut le plus mal perçu, c’est que les Américains critiquaient les autres Blancs de façon ouverte. La plupart des soldats américains avaient peu de respect pour les coloniaux britanniques… Les Salomonais découvrirent à travers ces attitudes un nouveaumonde plein de possibilités passionnantes. Ils étaient déjà insatisfaits de leur situation avant-guerre, alors comment auraient-ils pu s’en accommoder après ces évènements ? De nombreux Salomonais ne remarquèrent pas la ségrégation raciale pratiquée par les Américains, ni le racisme qui était sans aucun doute présent parmi les troupes américaines en 1942…
La Grande Mort, la Seconde Guerre mondiale aux îles Salomon, témoignages, University of the South Pacific, 2003
4- Au lendemain du conflit, le contexte international a changé, et les colonisateurs aussi
La Seconde Guerre mondiale a sonné le glas de la colonisation traditionnelle qui a vu son apogée dans l’entre-deux-guerres. Plus rien ne peut être comme avant. Les empires coloniaux ont beaucoup souffert et la France et l’Angleterre ont une dette vis-à-vis de leur colonie, dans le Pacifique comme ailleurs.
Très tôt, la France de la Ive République a fait évoluer les colonies de son empire vers des territoires d’outre-mer au sein de ce qu’elle a appelé l’Union française. Les termes colonie et empire colonial disparaissent. Ce n’est pas neutre, même si cela ne résout pas tout, loin de là. Les ex-colonies du Pacifique accèdent donc à la citoyenneté, immédiate pour la minorité de Polynésiens qui ne l’avait pas déjà, progressive pour les populations mélanésiennes de Nouvelle-Calédonie. Ces territoires envoient désormais des représentants aux différentes assemblées métropolitaines. Mais on reste dans l’idée dumaintien de l’Union française au sein de la République.
Du côté anglais, le problème se pose en d’autres termes. Il apparaît que l’on ne conservera pas les colonies bien longtemps. Mais on dispose d’une structure intermédiaire dans laquelle ces colonies pourront se glisser le moment venu : le Commonwealth. L’émancipation progressive des possessions anglaises du Pacifique est une idée qui suit son chemin et qui a même été développée avant-guerre, si l’on en juge par la facilité avec laquelle l’Angleterre a confié les mandats de la Papouasie-Nouvelle- Guinée ou de Samoa à ses relais océaniens, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, dès 1919. Le même cas de figure se produit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale lorsque l’ONU place sous mandat allié Nauru, Samoa et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ainsi qu’une grande partie de la Micronésie (récupérée par les États-Unis).
C’est l’occasion également pour la communauté internationale, par le biais de l’ONU ou du monde communiste, de rappeler la nécessaire émancipation des peuples colonisés, à commencer bien sûr par les territoires sous mandat.
Conclusion
Après 1945, l’histoire est en marche. Le problème de l’émancipation de l’Océanie insulaire est posé. Mais ne se pose-t-il pas plus pour les colonisateurs que pour les colonisés ?
Dans les colonies blanches il se dirige vers une indépendance politique, dans les autres colonies a majorité ou d’origine autochtone reste sous influence britannique.
«
bien que très étendues, couvrent de vastes zones vierges comme le Sahara.
L'expansion coloniale aura donc été
avant tout une opération de prestige.
Les Anglais sont ceux qui s'en tirent le mieux.
Ils exportent la moitié de leur
capital dans le monde.
Le Royaume -Uni dont la balance commerciale est déficitaire de plus de 3 milliards de
francs en 1913, compense largement ce
manque grâce aux revenus de ses capitaux placés à l'extérieur : plus de 5 milliards.
La colonisation peut frapper à plus d'un titre par son manque réel d'intérêt économique.
Ainsi, l'empire français,
bien que très grand, est pauvre économiquement.
Il est l'objet avant tout d'une opération de prestige.
Frappant
aussi est le nombre de participants à la colonisation, de petites puissances ayant pu avoir leur part du gâteau
(exemple du Congo pour la Belgique).
La diffusion de l'esprit des Lumières et du mode de pensée européen dans le monde va aboutir à l'éveil des
nationalismes africains, arabes, chinois, dans les pays dominés et entraîner l'apparition des premiers mouvements
nationaux de libération, révolutionnaires quand ils seront influencés par le socialisme.
Problématiques :
Quelles est la situation politique de l’Océanie insulaire en 1945 ? Quels sont ses liens de dépendance avec les
métropoles ? Quelle est la situation économique et sociale de l’Océanie insulaire en 1945 ? Peut-on parler de
pillage des richesses ? Quel a été le rôle de la Seconde Guerre mondiale dans la prise de conscience des peuples
océaniens colonisés Quel est le contexte international après 1945 ? En quoi a-t -il pu modifier la donne en matière
de décolonisation ?
Notions et concepts, mots-clés :
Protectorat, territoire sous mandat, condominium, Conférence de Berlin, les Mau, l’Union française, le
Commonwealth
1.
L’Océanie insulaire est un monde colonisé
La colonisation de
l’Océanie s’étale dans le temps, de 1767 pour l’Australie et 1840 pour la Nouvelle- Zélande aux décennies des
années 1880 et 1890 pour l’essentiel des îles et archipels intertropicaux.
Quelques dates :
• Nouvelle-Zélande : 1840 (traité de Waitangi)
• Tahiti (protectorat : 1842, colonisation : 1880)
• Marquises : 1842
• Nouvelle-Calédonie : 1853
• Fidji : 1874
• Wallis et Futuna : protectorat en 1887-88
• Nouvelle-Guinée partagée entre les Anglais et les Allemands : 1884-89
• Cook, îles Sous -le-Vent : 1888
• îles de la Ligne : 1889
• condominium entre l’Angleterre, l’Allemagne et les États -Unis sur les îles Samoa : 1889-1899
• Gilbert et Ellice : 1892
• Salomon : 1893 – 1898
• partage des Samoa : 1899
• Tonga (protectorat) et Hawaii : 1900
• condominium franco-anglais aux Nouvelles-Hébrides : 1906
Jusque dans les années 1870 : une colonisation hésitante
Jusqu’au début des années 1880, et si l’on excepte l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la colonisation, n’a pas
toujours été désirée par le colonisateur lui -même.
En effet, on juge ces îles trop éloignées, trop exiguës, sans
grandes ressources et finalement sans grand intérêt.
Les prises de possession sont alors ponctuelles et sont
imposées par les circonstances plutôt que par une volonté politique.
On veut bien entretenir des dépôts de
charbon dans certains ports, voire des consulats, mais on ne souhaite pas aller plus loin.
Les
interventions des métropoles ont souvent été motivées par les graves problèmes rencontrés par leurs
ressortissants installés sur place.
Ceux -ci sont des missionnaires, des marins, des commerçants… Des
missionnaires sont massacrés et la vie dans les ports devient dangereuse car échappant à toutes les lois… La
nécessité d’un contrôle accru des individus (des Blancs en priorité) ou de pacification de certains lieux (protection.
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