Quel roi pour la France Louis XVIII ou Louis-Philippe ?
Publié le 30/08/2013
Extrait du document


«
LE JEU DES ANGLAIS
Les arguments des Anglais en faveur de la restauration de Louis XVIII sont fort discutables.
Comment
la seule nation ayant
chassé une dynastie
légitime du
trône, lors de la révolution de
1688, peut-elle invoquer le
principe
de légitimité pour
repousser
le duc d'Orléans ? La
véritable raison de cette
attitude réside plutôt
dans une
constante
de la politique
anglajse, qui est d'éviter de voir
s'installer sur
le continent une
unique grande puissance -
et
une dangereuse rivale ...
Aussi
Wellington s'emploie--t-il à
affaiblir la France.
Le duc
d'Orléans pourrait réconcilier
tous les Français attachés
à
l'héritage de la Révolution et
ainsi relever rapidement le
pays.
Au contraire, Louis XVIII,
impopulaire, méprisé
et considéré comme un
fantoche
de l'étranger, sera un
monarque faible dont la
Perfide Albion n'aura
pas à
redouter la politique extérieure.
Oui mettre à la place de Napo~
léon ? Deux solutions se pré~
sentent suivant l'interprétation
que l'on fait de la situation.
Si
le ralliement à l'Empereur est
le seul fait d'une armée incon~
solable de la défaite de 1814 et
subjuguée par son général,
alors Louis
XVIII n'y est pour
rien, la nation lui
est restée
fidèle
et il doit être rétabli sur
le trône.
Mais si les Bourbons
n'ont
pas su s'attacher les Fran~
çais par faute ou maladresse,
alors
il faut les remplacer, sans
quoi
il n'est pas de paix pos~
sible en Europe.
Or, les Baur~
bons ont piteusement fui de~
vant Napoléon, et il est mani~
feste qu'une large fraction de
la population accueille avec
enthousiasme l'ancien tyran.
Les Prussiens sont partisans
de faire payer aux Français le
fait
d'être retournés à I'Empe~
reur.
Alexandre 1"', qui a des
velléités de libéralisme, s'op~
pose lui aussi au retour de
Louis XVIII et suggère qu'il soit
remplacé
par le duc d'Orléans,
dont il vante les qualités (son
passé, son courage,
ses convie~
tians), aptes à rallier une maja~
rité de Français, et l'inclination
pour une monarchie
constitu~
tionnelle qu'il ne manquerait
pas d'instaurer.
La veille de
Waterloo ...
Y a+il connivence entre le tsar
et le duc d'Orléans? Aucun do~
cument ne l'atteste.
Cepen~
dant, en mai etjuin 1814, Louis~
Philippe a fait sa cour à Alexan~
dre 1"' et continue à communi~
quer discrèt~ment avec le tsar
par le truchement du prince
d'Orange.
Fouché,
bien que
redevenu ministre de la Police
au retour de Napoléon, songe
déjà à l'avenir
et envoie des
émissaires à Londres chez le
duc d'Orléans.
Il s'attache les
services
du général Dumou~
riez, heureux de défendre de
nouveau la cause orléaniste,
qui expédie aux Alliés réunis à
Vienne deux mémoires
en fa~
veur de Louis~Philippe, « seul capable
de garantir
la tran~
quillité universelle ».
A Gand,
l'importance
de ces démarches
est grossie et, dans le milieu
des émigrés, mille rumeurs
courent sur la renaissance
du
«complot orléaniste».
Dans la
correspondance des dirigeants
anglais, les chances
de monter
sur le trône
de France du duc,
qui, à Paris, a la faveur
de la
majorité libérale
à la Chambre,
sont ouvertement évoquées.
Mais Mettemich et Wellington
finissent par convaincre le tsar,
par couper court aux négocia~
tions plus ou moins officielles
et, accrochés au principe
de la
légitimité
et au « mythe » de la
seule révolte militaire,
optent
pour la restauration de Louis
XVIII.
Le 17 juin, veille de Wa~
terloo, le chancelier russe Nes~
selrode annonce qu'un chan~
gement de dynastie n'est pas
une nécessité.
Le
22 juin 1815, Napoléon
abdique en faveur de son fils.
Début juillet, Louis XVIII se
précipite en France dans les
rangs
de l'armée anglaise.
Le
12, Louis~Philippe lui adresse
par écrit« ses très humbles fé~
licitations ».
Le chef de la Mai~
son d'Orléans ne sera pas
encore roi cette fois~ci.
A~t~il
vraiment tenté de monter sur
le trône ?
Sans doute, comme
l'a affirmé Chateaubriand,
« monsieur le duc d'Orléans ne
conspirait pas de fait, mais de
consentement»..
»
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