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Polycrate

Publié le 27/02/2008

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? -522 av. J.-C. Le destin de Polycrate a passionné les Anciens (et notamment Hérodote, à qui nous devons l'essentiel de ce que nous savons sur lui) : l'extraordinaire fortune de cet homme parti de presque rien et devenu le plus puissant des tyrans de son temps, puis abattu par un coup brutal et finissant ses jours sur la croix, leur paraissait un exemple typique de la Némésis, de la vengeance que les dieux tirent de ceux qui se laissent entraîner par la démesure et ne savent pas limiter leurs convoitises. Comme dans les mythes de la tragédie, le héros est lui-même l'artisan de sa perte, prévisible de tous sauf de lui-même qu'aveuglent l'orgueil et la déraison.

« aussi de beaucoup de villes du continent", aux dires de l'historien d'Harlicarnasse, qui mentionne aussi sesinnombrables pillages et razzias où il n'épargne pas plus les alliés que les ennemis, proclamant avec cynisme qu'"onest plus agréable à un ami en lui rendant ce qu'on lui a pris qu'en ne lui prenant rien du tout". Sa visée est manifestement de bâtir un empire maritime dans l'Égée orientale, en bordure du domaine perse.

Mais ladisproportion des forces est si grande qu'il doit se chercher des alliés.

Il noue des relations d'hospitalité avec lepharaon philhellène Amasis qui consacre deux de ses statues-portraits dans l'Héraion de Samos et entretient avec letyran une étonnante correspondance moralisante, si du moins il faut en croire Hérodote.

Il accueille le roi de CyrèneArcésilas III exilé et le laisse recruter à Samos des mercenaires qui lui permettent de reconquérir son royaume. "En peu de temps sa puissance se développe soudain...

car, où qu'il désire porter la guerre, tout lui réussitheureusement" (Hérodote, 3, 40).

Toutefois les énormes préparatifs du Grand Roi Cambyse contre l'Egypte lui fontprendre peur.

Il change d'alliance et envoie une flotte de quarante navires contre Amasis.

Mais les hommes qui lamontent, choisis à dessein dans les rangs de l'opposition, se mutinent, tentent en vain de prendre Samos, et vontfinalement implorer contre lui l'aide de Sparte.

Sparte, ennemie née des tyrans ! et poussée au surplus par son alliéeCorinthe qu'inquiète la prospérité de la grande île, lance une expédition contre lui, assiège Samos, mais échouedevant une défense trop acharnée. Si habile à tirer le meilleur parti des situations les plus troublées, Polycrate va pourtant trouver plus fourbe que lui.Le satrape de Lydie et Ionie, Oroitès, ourdit contre lui une machination fort ténébreuse.

Il dépêche un messager aumaître de Samos, feignant d'être menacé de mort par le Grand Roi : que le Grec accepte de le sauver et il recevra lamoitié de ses trésors ; il pourra ainsi réaliser ses grands projets de domination maritime.

Le tyran décide d'accepterla proposition, malgré l'avis des devins, de ses conseillers et de sa fille, terrifiée en songe par une épouvantablevision.

Aussitôt rendu auprès d'Oroitès, Polycrate périt dans les supplices, écorché vif, puis mis en croix. Cette fin lamentable du tyran est quasiment celle de l'indépendance de Samos qui passe sous l'autorité du régentinstitué par Polycrate pendant son absence, Maiandrios.

Celui-ci feint de rendre la liberté aux Samiens, déclarantque son prédécesseur "n'avait pas son approbation quand il régnait en despote sur des hommes qui étaient seségaux" (Hérodote, 3, 142), mais il garde le pouvoir jusqu'à la conquête perse. La tyrannie de Polycrate — environ dix ans — marque une date dans l'histoire de Samos et même de toute l'Égée.Dénué de scrupule, dévoré par la soif de puissance et de jouissance, brutal et délicat, il est l'exemple de ce quepeut encore réaliser dans l'archaïsme mûr une personnalité de premier plan : il fait de sa patrie l'une des plus bellescités du monde grec, et il se révèle le dernier défenseur de l'indépendance ionienne contre la Perse avant lesguerres médiques.. »

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