Pologne de 1920 à 1929 : Histoire
Publié le 06/01/2019
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La formation de la Pologne
Le traité de Versailles devait régler la question des frontières occidentales de la Pologne. Celle-ci obtenait la Posnanie et la majeure partie de la Prusse-Occidentale avec un accès à la mer Baltique, le «corridor» qui allait désormais séparer la Prusse-Orientale du reste de l'Allemagne. La ville de Dantzig, de population allemande, était érigée en ville libre. Mais le traité avait éludé le tracé des frontières orientale et méridionale. Seule la ligne Curzon de décembre 1919 garantissait à la Pologne les territoires dont l’identité polonaise n’était plus à démontrer. Ces incertitudes allaient encourager la montée d’un fort courant nationaliste. Certains rêvaient même de rétablir les frontières de la Grande Pologne du xvie siècle. Chef de l’État de la jeune République polonaise, le général Joszef Pilsudski, dont la

«
En
1921, Jo Hatllt·Silésie
se prononce pour le
ratrachement à l'Allemagne.
Ci-comre, des soldats polonais
brandisse/li le symbole ruwonal,
l'aigle bla nc , près de Katowice.
©V I/stein
.\'lai 1926.
coup d'trot du
maréchal Pilsudski.
Ci-comre,
les tranchées dans les rues de
Varsovie.
©V I/stein Instabilité
Extrêmement fragmentt, Je paysage
politique est également marqué par
une forte bipolarisation entre le groupe
conservateur des nationaux
démocrates ct le parti socialiste, les
minorités nationales jouant souvent le
rôle d'arbitre.
C'est autour de
l'élection d'un nouveau président, dont
les prérogatives ont été limitées par la
Constitution du 17 mars 1921, que se
cristallise l'hostilité cotre les socialistes
et les nationaux-démocrates.
Ces
derniers s'opposent à la candidature de
Pilsudski, soutenu par les socialistes.
Finalement, le général Pilsudski
lui-même, déçu par les termes de la
Constitution qu'il considère comme
l'œuvre de ses ennemis, retire sa
candidature à la présidence, tout en
restant chef de l'état-major général.
C'est un ancien ministre des Affaires
étrangères, membre du cabinet Witos,
Gabriel Narutowicz, qui est élu à la
présidence grâce au soutien conjugué
des forces de gauche et des minorités
nationales.
Mais ce dernier est aussitôt
l'objet d'une violente campagne lancée
contre le "président des non
Polonais».
Il est assassiné cinq jours
après son élection, le 16 décembre
1922.
Cet assassinat vient encore
attiser les conflits de personnes et
accentuer la bipolarisation.
C'est un
socialiste, Stanislaw Vojciechowski,
qui lui succède.
Mais lui reprochant sa
soumission excessive aux intérêts du
Parlement, Pilsudski et la gauche lui
retirent bientôt leur soutien.
Les
dissenssions s'accentuent lorsque le
président du conseil agrarien Vincenty
Witos nomme à la direction du
ministère de la Défense un ennemi de
Pilsudski, le général Szeptycki.
Dénonçant avec force cet acte de
trahison, Pilsudski démissionne de ses
fonctions militaires.
Witos est bientôt
contraint de démissionner face à
l'ampleur de la crise financière.
Son
successeur Wladyslaw Grabski, à la
tête d'un cabinet de technocrates,
obtient du Parlement les pleins pouvoirs
pour mettre en œuvre un
programme d'assainissement.
En avril
1924, le mark allemand est remplacé
par le zloty.
Aspirée dans l'orbite
économique de la Grande-Bretagne, la
Pologne réussit à trouver quelques
débouchés pour ses produits
manufacturés.
Mais une nouvelle chute
monétaire entraîne en novembre 1925
la démission de Grabski.
C'est un
socialiste ql!i lui succède, Alexandre
Skrzynski.
A la tête d'un
gouvernement d'union nationale,
celui-ci prend le soin de nommer un
fidèle de Pilsudski au ministère de la
Défense.
Mais la nouvelle dépréciation
monétaire entraîne, le 5 mai 1926, la
chute de la coalition au pouvoir.
Dans
un climat d'extrême instabilité,
entretenu par les querelles partisanes,
Vincent y Witos constitue un cabinet de
centre droit avec au ministère de la
Guerre un rival de Pilsudski.
La
réaction du maréchal ne tarde pas.
Le
12 mai 1926, il lance trois régiments
sur Varsovie et exige la démission du
gouvernement.
L'état de siège est
décrété.
Malgré les sommations du
président de la République, il
maintient ses troupes.
Avec l'aide des
socialistes qui ont proclamé la grève
générale, les forces du maréchal
pénètrent dans la capitale, entraînant
la fuite des ministres et du président.
Loin de s'emparer des pleins pouvoirs,
Pilsudski va s'efforcer de maintenir la
légalité des institutions.
Ayant refusé
les fonctions de chef de l'Etat, dont il
jugeait les prérogatives trop limitées,
Pilsudski fait amender la Constitution.
Les pouvoirs de l'exécutif sont
renforcés.
C'est Ignaz Moscicki, un
ami personnel de Pilsudski, qui accède
à la présidence.
En septembre 1926,
après la chute du ministère Bartel,
Pilsudski prend lui-même la tête du
gouvernement.
Ayant placé dans
l'administration des hommes à sa
dévotion, il réussit à contenir l'opposition
du Parlement qu'il menace
de dissoudre au moindre geste de
désapprobation.
Son autoritarisme lui
vaut la confiance des milieux financiers
et l'on note dès la fin de 1926 un
rétablissement de la situation
économique.
Les élections de mars
1928 voient néanmoins la défaite du
bloc gouvernemental au profit des
forces de gauche.
Un socialiste,
Daszcynski, est élu à la présidence.
La
rupture entre la gauche et Pilsudski est
définitivement consommée.
Les
tensions montent entre le Parlement et
Pilsudski.
Le maréchal quitte alors le
gouvernement au profit de Bartel.
Mais ce dernier, dont le ministre des
Finances est traduit en justice par
l'opposition, doit démissionner au
printemps 1929.
Jusqu'au 30 août
1930, où Pilsudski prend lui-même la
direction du Conseil, trois ministères
se succèdent.
Le Parlement réduit à sa
plus simple expression cesse dès lors de
légiférer.
En quatre ans, Pilsudski a su
imposer un régime autoritaire, tout en
laissant subsister le jeu des partis.
Avec
la loi des pleins pouvoirs de 1933 et
l'adoption, en 1935, d'une Constitution
instaurant un régime autoritaire,
Pilsudski oriente la Pologne vers un
régime de dictature..
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