Pierre le Vénérable abbé de Cluny

Les mesures adoptées, pro­mulguées en statuts en 1146, insistent sur la liturgie mais, sans innover, tendent à res­treindre la splendeur de cer­taines cérémonies. Le choix des oblats est plus exigeant : on refuse désormais les vieux nobles qui avaient tendance à prendre les abbayes pour des maisons de retraite. Les moi­nes retournent à une stricte observance de la règle de saint Benoît, silence obligatoire, jeûne le vendredi... ; l'aumône aux pauvres est une obligation absolue (Cluny doit entretenir cinquante pauvres chaque jour) et les vêtements se font moins luxueux. Cette saine réaction contre les abus appa­rus depuis l'abbatiat d'Hugues vers le milieu du XI' siècle va donner un nouvel élan au monachisme traditionnel. C'est aussi une prise en considéra­tion des virulentes attaques formulées quelques années plus tôt par Bernard de Clair­vaux : la règle cistercienne satisfait davantage les âmes exigeantes de ce siècle en prô­nant l'austérité, le silence absolu, le travail comme ascèse et l'installation dans des lieux isolés, à l'écart du monde.