Philippe le Bel et la Flandre : La conférence d'Arras
Publié le 04/09/2013
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Mais, à la veille de la nouvelle conférence qui doit s'ouvrir à Arras le 20 juillet 1313, les deux partis sont au bord de la rupture. Cette fois, les procu-reurs des villes et le comte de Flandre Robert de Béthune comprennent que le roi est prêt à la guerre : aussi, bien qu'ils protestent tous de leur bonne foi, jugent-ils prudent de se montrer conciliants.
Robert de Béthune est cepen-dant fort désappointé de cons¬tater que Philippe le Bel ne participe pas directement à la conférence ; et surtout qu'il ne traite pas directement avec lui. Le roi est certes venu à Arras, mais il ne se montre pas et laisse conduire les pourpar¬lers par ses conseillers, en par¬ticulier le chambellan Enguer-rand de Marigny qui est chargé des affaires de Flandre. Il a par ailleurs refusé ostensiblement de discuter avec le comte de Flandre, signifiant ainsi qu'il ne le tient pas pour son égal, mais bien pour un vassal tur-bulent qu'il se fait fort de ra-mener à la raison.

«
été convoqué pour envahir la
Flandre ! Philippe le Bel ayant
sollicité l'arbitrage du pape
Clément V, il revient au légat
Nicolas de Fréauville d'apaiser
les esprits.
Mais les Flamands
ne comptent guère sur son
impartialité : ils savent qu'il
est le cousin du chambellan
Marigny et qu'il est tout acquis
au roi.
Le
22 juillet, dernier jour des
discussions, un clerc du roi fait
lecture du traité d'Athis et de
celui de Pontoise, signé en
juillet 1312.
li fait ensuite re
marquer aux Flamands qu'ils
ont ratifié ces accords et qu 'ils
doivent en conséquence en
observer les clauses.
Les délé
gués de villes n'ont plus qu'à
promettre, encore une fois, de
respecter et d'appliquer les
traités.
Malgré son dépit à se
voir considéré comme un infé
rieur, Robert de Béthune jure
lui aussi la paix .
En outre, il
offre Courtrai en caution de
l'exécution des traités et livre
l'un de ses fils, Robert de Cas
sel, en otage.
Les menaces du roi
Juste avant la séparation de la
conférence,
trois membres du
Conseil du roi prennent à part
Robert de Béthune pour lui
UNE AUTRE RÉALITÉ
En ne voyant dans le conflit flamand qu'une rébellion félonne d'un vassal et de son comté contre le roi-suzerain, Philippe IV le Bel et ses
conseillers ne
perçoivent pas la vraie nature d'une guerre et des
clivages
politiques qu 'elle met à nu depuis trente ans.
Le problème
n'est pas tant un mauvais amour du roi ou même du comte qu'une crise qui frappe avant les autres un pays plus industrialisé qui voit se
remodeler son économie, crise exacerbée par la vigueur nouvelle
d'un sentiment national dans un comté qui dépend pour partie de la
France et pour partie de l'Empire.
Les troubles qui agitent les villes
et aussi les campagnes s'inscrivent moins dans le cadre de la société
féodale que dans celui d'une économie de marché émergente.
donner quelques «conseils »
sur la manière de gouverner
son comté dans l'avenir .
Non
seulement ils lui suggèrent
d'appliquer rigoureusement
les traités, mais ils l'invitent à
choisir fort soigneusement ses
officiers, à
punir les coupables
d'agitation et à ne tolérer
aucune menée belliqueuse
contre le roi.
Enfin , ils l'enga
gent à faire jurer aux receveurs
des impôts de verser intégra
lement au roi les « deniers de
la paix », c 'est-à-dire les som
mes levées pour le règlement
de l'indemnité de guerre.
Un
document écrit récapitulant
ces « conseils » est remis au
comte : « S' il a nul à son con
seil, de quelque état qu'il soit,
qui conseille contre la paix ou
qui, par corruption ou autres
faveurs,
voudrait soutenir nul
de céans qui empêcherait la
paix,
qu 'il l 'ôte de son conseil
et qu'il en fasse telle punition
que les autres y prennent
exemple, et que sa disgrâce
soit connue de tous( ...
).
li fera
partout , solennellement, que
nul ne soit tant hardi qu 'il dise
de vilaines paroles du roi ni de
ceux qui ont été de son parti.
li
punira ceux qui feraient le con
traire, en telle manière que les
autres y
prennent exemple .
»
L.:avertissement
est clair : le
comte de Flandre est tenu
pour responsable à la fois de
la bonne exécution des traités
et de la loyauté de tous les
Flamands à l'égard du Capé
tien .
Comme ses sujets, il est
hostile à l'ingérence française ,
mais
ne peut plus désormais
se permettre de les soutenir,
serait-ce
en sous-main ou en
essayant d'atermoyer .
Cette
situation n'est guère propice à
inciter les villes à se sou
mettre, d'autant que le comte
Louis de Nevers , le fils aîné de
Robert de Béthune n'est tou
jours pas rentré dans le rang.
Dès
le mois de décembre, les
relations entre Philippe le Bel
et la Flandre vont de nouveau
se dégrader..
»
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