Palestine de 1910 à 1919 : Histoire
Publié le 12/01/2019
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Divisée en deux entités administratives, la Palestine n’est pas à proprement parler une province au sein de l'Empire ottoman. Ses frontières sont très imprécises, jusqu'à la Grande Guerre, il est admis qu'elle couvre les deux rives du Jourdain. Située à la périphérie de l'Empire, elle n'est le lieu d'aucune rivalité particulière. Le nationalisme arabe, exacerbé par la volonté de domination
des Jeunes-Turcs, n'y a pas trouvé de réel écho. La cohabitation entre les principales communautés religieuses, musulmane (largement majoritaire), juive et chrétienne, y est encore paisible, même si le développement de la colonie juive suscite çà et là quelques réactions d'hostilité. Les nouveaux immigrants qui ont préféré la Palestine aux Etats-Unis, où se dirigent pourtant la plupart de leurs coreligionnaires,
sont déterminés: ils aspirent à la construction d'une colonie active, voire autonome, dont l'élément d'unification est l’hébreu, adopté aux dépens du yiddish. Elle a pour centre Tel-Aviv, créée en 1909 aux portes de la ville arabe de Jaffa. Le premier kibboutz est aménagé en 1909 à Degania et, en 1914 on en dénombre quatorze. L'achat de terres à des propriétaires, souvent absents, par le Fonds national juif

«
!:.cole
turque acweillant des
enfO!!IS des tribus bédouines de
la région de Berseba
(Beersheba), au sud de la
Palestine.
Chaque enfant tient en
main le Coran.
© Collecrion Viol/et
Bataillon d'infanterie turc à
proximité de la gare de
Jémsalem.
Il rtprendra le
lendemain sa route pour le
canal de Suez; où l'offensive
lancée en janvier 1915 échouera
devant Ismaïlia.
© Saddewscher Ver/ag (Karen
Hayesad), subventionné par la
diaspora; ainsi que le refus des
employeurs juifs, soumis aux pressions
des syndicats, d'engager de la main
d'œuvre non juive favorisent la
création de groupes antisionistes, très
minoritaires, qui demandent l'arrêt de
l'immigration.
Le mouvement sioniste
Né à la fin du XIX' siècle dans la partie
occidentale de la Russie et la partie
orientale de la Pologne, sous
domination tsariste, où les pogroms
décimaient la population juive, le
sionisme prit une dimension politique,
sous l'impulsion de Theodor Herzl,
avec la publication, en 1896, de son
livre l'Etat juif.
Partisan d'un
nationalisme laïque proche des autres
nationalismes européens, le sionisme
heurtait à la fois les communautés
traditionnelles pratiquantes et les juifs
qui considèrent que la coUine de Sion
ne peut être qu'une référence
mystique.
La Grande Guerre menaça
la cohésion du mouvement: l'immense
majorité des juifs se rallia en effet à la
position de leurs pays respectifs, à
l'exception des juifs russes, hostiles au
régime tsariste, qui préféraient
l'Allemagne à laquelle ils étaient liés
par de profondes affinités culturelles.
Alors qu'une victoire alliée sur
l'Empire ottoman était loin d'être
acquise, ce fut le Bureau sioniste
britannique qui, dès 1915, tenta
d'amener la Grande-Bretagne à lancer
l'idée d'un État juif en Palestine.
Le
principal porte-parole en fut le
physicien Chaïm Weizmann qui, par sa
participation à l'effort de guerre (il
réussit la synthèse de l'acétone,
indispensable à la poursuite des
combats), avait acquis la confiance des
milieux politiques et notamment du
ministre des Affaires étrangères
Arthur James Balfour.
Cette idée
devenait pourtant difficile à
promouvoir après la signature, le
16 mai 1916, d'un accord secret entre le
diplomate britannique Mark Sykes
et Georges Picot, plénipotentiaire
français au Caire.
Cet accord prévoyait
en effet le partage, après la guerre, des
provinces arabes onomanes entre les
deux pays et la création pour la
Palestine d'une zone internationale,
méconnaissant ainsi les intérêts
sionistes.
La Palestine, un double enjeu
Bien qu'elle n'ait abouti à aucun
accord précis, la correspondance entre
le chérif de La Mecque Hussein, chef
de la famille des Hachémites, et le
�aut-commissaire britannique en
Egypte, sir Henry Mac-Mahon, entre
octobre 1915 et janvier 1916, avait posé
les fondements d'une alliance entre
l'armée chérifienne qui s'engageait à
appeler à la révolte contre les Turcs, et
l'armée britannique, qui s'engageait en
échange à soutenir l'indépendance
d'une grande nation arabe.
Aden, le
littoral syrien et la basse Mésopotamie,
zones d'influence française et
britannique, seraient cependant
exclues de son territoire.
Sans être
explicitement mentionnée (Mac
Mahon s'en défendra vingt ans plus
tard), la Palestine avait ainsi été
secrètement promise aux Arabes.
Cet
accord devait favoriser la victoire au
Levant du corps expéditionnaire
britannique conduit par le général
AUenby.
Le 17 novembre 1917, ce
dernier s'empare de Gaza, point fort
de la défense turque.
La conquête de
l'ensemble du territoire, le
9 décembre, est facilitée par l'armée
chérifienne conduite par le prince
Fayçal et le colonel T.E.
Lawrence,
qui s'étaient emparés du pon d'Akaba
et avaient immobilisé quinze mille
Turcs à Médine.
La Palestine souffrit
modérément des combats.
La plupart
des juifs qui participèrent à la conquête
avaient combattu aux côtés de l'armée britannique.
Promise aux Arabes, la Palestine
devait l'être aussi aux juifs.
Qès
novembre 1915, l'idée d'un Etat
tampon, nécessaire au renforcement de
la défense du.
canal de Suez et de
l'Égypte ainsi qu'à la protection de la
route des Indes, gagna du terrain.
Cet
objectif était également lié à la volonté
des Britanniques de raUier juifs russes
et américains aux forces de l'Entente.
Son importance et sa place dans la
société américaine font alors de la
communauté juive un groupe de
pression.
Quant aux juifs russes,
nombre d'entre eux prenant part à la
Révolution, les Britanniques
espéraient que, en échange de
concessions, ils amèneraient le
gouvernement bolchevique à se rallier
à l'Entente.
Il fallait également contrer
les intérêts de la France qui considérait
la Palestine comme panie intégrante
de la Syrie, et enfin de la Russie et de
l'Italie qui, par la protection qu'elles
�vaient respectivement apportée aux
Eglises orthodoxe et chrétienne,
aspiraient à l'instauration d'un
condominium.
De plus, pour Lloyd George, les
concessions aux revendications
sionistes pouvaient permettre la
révision des accords Sykes-Picot
(conclus sous l'égide de son
prédécesseur Asquith), qu'il
désapprouvait.
L'entrée en guerre des
États-Unis en avril 1917 ne devait pas
affaiblir la résolution des Britanniques.
Ceux-ci craignaient d'être pris de court
par l'Allemagne qui multipliait les
appels en faveur des juifs de l'Empire
ottoman.
Ces sollicitations restèrent
cependant sans écho.
En effet, les
autorités turques avaient dès le début
de la guerre freiné le développement
de la colonie juive, le gouverneur de
Syrie Ahmed Djamal pacha tentant
même de déporter certains de ses
membres.
Il dut cependant revenir sur.
»
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