Otto von Bismarck
Publié le 17/11/2018
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L'ARTISAN DE L'UNITE ALLEMANDE
Artisan de la destruction de la Confédération germanique imaginée par l'Autriche, Bismarck est le constructeur de la Confédération de l'Allemagne du Nord (1867), puis de l’Empire allemand (1871), tous deux soumis à la domination de la Prusse. Ce Reich allemand, Bismarck s'applique à le consolider en luttant contre ses ennemis - catholiques, socialistes, minorités annexées. Il le dote pour cela d'institutions communes et d'une armée puissante. Durant presque trente ans, il assure la montée de l'Allemagne au rang de première puissance en Europe occidentale.
LE « JUNKER PRUSSIEN » DE POMÉRANIE (1815-1847)
L'enfance
• Né le 1er avril 1815 à Schônhausen (Brandebourg), Otto von Bismarck est le fils cadet de Ferdinand von Bismarck, aristocrate prussien, un ancien officier qui a très tôt quitté la carrière militaire pour se consacrer à son vaste domaine de Kniephof, en Poméranie occidentale.
• Sa mère Wilhelmine Mencken, d'origine bourgeoise, est issue d'une famille de hauts fonctionnaires et de juristes. Froide et ambitieuse, elle mène une vie mondaine.
• Interne dès l'âge de 8 ans à l'institution Plamann à Berlin, puis élève au Graues Kloster, le jeune Otto reçoit une éducation Spartiate et souffre d'être séparé de sa famille.
Les années turbulentes
• À dix-sept ans, Otto von Bismarck s'inscrit à l'université de Gôttingen. Brillant, intelligent, mais peu appliqué, il laissera surtout le souvenir de ses frasques, ses duels et ses beuveries.
• Diplômé en droit (1836), il est nommé magistrat à Aix-la-Chapelle, où il est plus séduit par la vie élégante de la station thermale que par ses fonctions. Il est alors muté à Potsdam, avant d'effectuer son service militaire dans les chasseurs de la Garde.
• À la mort de sa mère (1839), Bismarck s'installe à Kniephof, le domaine de ses jeunes années, quittant ainsi une administration qui le jugeait en ces termes : « Si M. de Bismarck réussit à vaincre sa paresse, il sera capable d'assurer les plus hautes fonctions de l'État. »
L'âge de raison
• Durant six ans, Bismarck vit de ses rentes, voyage, se passionne pour l'agriculture et les forêts, lit beaucoup, apprend à connaître les paysans, les commerçants, les réalités de la terre. Et, lorsque l’ennui le guette, il continue de s'adonner à quelques plaisanteries douteuses.
• Au décès de son père (1845), Bismarck, alors âgé de 30 ans, décide qu'il est temps pour lui de changer de vie et de se construire un avenir. Il afferme les terres de Kniephof et quitte la Poméranie pour les bords de l’Elbe où il reprend à sa charge un autre domaine familial, Schônhausen.
• Bismarck intègre la juridiction des digues, mais aspire déjà à de plus hautes responsabilités publiques, rêvant à un siège de député au Landtag.
Naissance d'Otto von Bismarck Nommé magistrat à Potsdam Élu au Landtag Ambassadeur à la Diète de Francfort Ministre-président de Prusse Chancelier de la Confédération de l'Allemagne du Nord Chancelier du Reich Kulturkampf Lois d'assurances Démission sociales Décès de Bismarck
«
•
Avec le reste de l'Allemagne
- les États situés au nord du Main -,
Bismarck crée autour de la Prusse
la Confédération de l'Allemagne du
Nord dont le territoire est désormais
d'un seul tenant.
Dotée d'une
Constitution fédérale proposée par
Bismarck et adoptée par le Reichstag
le 16 avril 1867, cette Confédération
ouvre la voie à la réalisation partielle
de la « petite Allemagne ».
• le 14 juillet 1867, Bismarck est
nommé chancelier de la Confédération
de l'Allemagne du Nord par Guillaume 1",
poste qu'il cumule avec celui de
ministre-président de Prusse.
• Mais les vues du chancelier
débordent les limites de la
Confédération.
Si l'unité politique
de l'Allemagne est encore inachevée,
son unité militaire est acquise par
le biais des alliances avec les États du
Sud, tout comme son unité économique,
qui s'exprime dans le Parlement
douanier allemand {8 juillet 1867),
prolongement du Zollverein de 1834.
• Seule la France apparaît depuis 1866
comme un obstacle à l'achèvement
de l'unité allemande.
Pour prix de
ses bons offices dans le conflit austro
prussien, Napoléon Ill réclame des
compensations territoriales -Sarre,
luxembourg.
Palatinat bavarois, Hesse
rhénane, Belgique ...
-q ui empêchent
l'entrée des États du Sud dans
la Confédération.
la guerre est
dès lors inévitable.
• Bismarck s'y prépare, tout en
manœuvrant pour que la France
fasse figure d'agresseur.
Ainsi, par
l'application des traités, la Prusse
obtiendra l'appui de tous les États
d'Allemagne.
• Aussi, avant de remettre au
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Bismarck
en modifie le texte afin de le rendre
injurieux pour la France.
En réaction,
cette dernière déclare la guerre
à l'Allemagne (19 juillet 1870).
• la défaite des troupes françaises
à Sedan (2 septembre 1870) permet
à Bismarck de poursuivre l'achèvement
de l'unité allemande.
Celle-ci se fait
en deux temps, lors des préliminaires
de paix de Versailles : les quatre États
allemands du Sud entrent dans la
Confédération de l'Allemagne du Nord
(15-25 novembre 1870), puis cette
Confédération est transformée en
Empire allemand (Reich).
Guillaume 1"
s'en voit offrir la couronne par le roi
louis Il de Bavière, au nom de tous les
princes allemands (18 décembre 1870).
• l'acte de fondtltion dt l'Empire
11/lt••nd est signé à Versailles
le 18 janvier 1871.
LI
CHANCEUEI DU IEICH
t•m·IIIOI
président
du Conseil
de Prusse,
Bismarck n'a qu'un
seul souci :
consolider
l'empire.
D'une part
de l'intérieur,
en réduisant toute force hostile à
l'unitarisme prussien ; de l'autre,
en le protégeant contre l'extérieur.
• Fondé sur une victoire militaire,
le Reich a besoin d'une 11rmée forte
pour se maintenir.
Une loi de 1874
fixe les effectifs à 400 ooo hommes et
programme des crédits militaires pour
sept ans.
En 1886, Bismarck demande
un accroissement des effectifs de
42 ooo hommes et la reconduction des
crédits pour sept ans supplémentaires,
ce qu'il obtient en 1887 .
• le renforcement de l'unité allemande
passe aussi par l'unité monétaire.
En 1873, Bismarck impose le mark
comme monnaie unique et dote son
pays d'une banque d'Empire en 1875.
• En matière juridique, le chancelier
introduit dans toute l'Allemagne, en
1876, l'institution du jury et crée un
tribunal d'Empire à Leipzig.
• Pour imposer sa politique, Bismarck,
qui n'est pourtant responsable que
devant l'empereur, s'appuie sur des
majorités parlementaires qu'il crée
en s'alliant selon les circonstances
aux différents partis représentés à
l'Assemblée législative, le Reichstag.
Usant de compromis, il recourt
principalement à deux types de
coalitions : conservateurs et nationaux
libéraux, de 1870 à 1880, dans le cadre
de sa politique anticatholique, puis, à
partir de 1878, conservateurs et centre,
pour lutter contre les socialistes.
BISMARCK n LES CATHOLIQUES
• Si Bismark.
pourtant luthérien toléran�
fait de l'Église son premier adversaire
c'est qu'il considère les catholiques
comme des ennemis du germanisme.
• Fondé en 1870 par ludwig Windthorst,
le Zentrum -le « Centre » -, parti
catholique allemand, prône le
renforcement de l'autonomie des États
du Reich.
la Rhénanie et le Hanovre,
provinces à majorité catholique, adhèrent
à ce proje� tout comme la Bavière,
État catholique où se développent
des sentiments anti-prussiens.
• Afin de briser ces obstacles à l'unité
allemande, Bismarck met en place une
politique anticatholique, le
« Kulturkampf » - « Combat pour
la civilisation ».
Le Reichstag et
le landtag de Prusse adoptent des
lois qui menacent l'exercice du culte :
interdiction aux ecclésiastiques de
commenter en chaire les affaires de l'État
(1871), expulsion des jésuites (1872),
restriction des droits du Saint-Siège,
diminution de l'autorité des évêques
et contrôle de l'État sur les écoles
catholiques, les églises et la formation
des clercs (1873), octroi d'une valeur
légale au seul mariage civil (1874).
• Ces mesures discriminatoires
et les emprisonnements qui les
accompagnent ne font pas céder
les catholiques.
Aux élections de 1874,
le Zentrum double ses voix par rapport
au scrutin de 1871, obtenant 86 sièges
sur 397.
Contraint de 13cher du lest,
Bismarck modifie progressivement
la législation anticatholique, jusqu'à
réviser les lois les plus controversées
(1887).
Cette reculade affecte fortement
son prestige comme son autorité.
BISMARCK n LES SOCIALISTIS
• Se sentant menacé par les progrès
des socialistes aux élections de 1877,
Bismarck fait de ceux-ci ses adversaires
déclarés.
Créé en 1875 au congrès
de Gotha, le parti social-démocrate
allemand a vu ses effectifs s'accroître
au rythme de l'essor industriel et
du développement du prolétariat.
•
Bismarck tente de réduire l'audience
du parti social-démocrate en adoptant
à la fois des lois d'exception et
quelques réformes sociales.
• Il exploite deux attentats anarchistes
commis contre l'empereur Guillaume 1"
(mai et juin 1878) pour faire voter
par le Reichstag les lois d'octobre 1878.
Prorogées jusqu'en 1890, ces mesures
interdisent les rassemblements
sociaux-démocrates, les manifestations
publiques et la presse socialiste.
Ces restrictions imposées aux libertés
individuelles et collectives n'ont pas
les effets escomptés.
les socialistes
progressent encore aux élections
de 1884.
• le chancelier opte alors pour la
politique du « morceau de sucre >>.
Il fait voter les lois d'assurances sociales
concernant la maladie (1883), les
accidents (1884) et la vieillesse (1889).
Cet ensemble de lois n'empêche
toutefois pas l'essor des sociaux
démocrates qui remportent 35 sièges
aux élections de 1890.
BISMARCK n LU « MINORirtS ANNEXÉES »
• Catholiques et socialistes ne sont
pas les seuls adversaires de Bismarck.
Polonais et Alsaciens-lorrains,
annexés contre leur gré, opposent
une résistance farouche au Reich.
• Engageant une lutte sans merci
contre les protestataires, le chancelier
pratique une politique de germanisation
que mènent avec rigueur les
�------------! fonctionnaires allemands envoyés
LA POLITIQUE
en Pologne et en Alsace-lorraine.
hiANGliE DE BISMARCK
Ceux-ci imposent l'usage de la langue
• Durant les années 1871-1890, la
préoccupation majeure de Bismarck.
en matière de politique étrangère,
est de protéger les frontières
du nouveau Reich en maintenant
le s111tr1 f'IO tiii'Opéefl.
• Pour cela, le chancelier travaille,
d'une pa� à isoler la France dont
il redoute l'esprit revanchard et d'autre
part, à constituer autour
de l'Allemagne un réseau d'alliances.
• La première entente est celle des trois
empereurs d'Allemagne, d'Autriche
Hongrie et de Russie.
Scellée en 1873,
renouvelée en 1881, puis en 1884, cette
alliance diplomatique contre la France,
plusieurs fois mise à l'épreuve,
se révèle décevante.
• Le second système, qui repose
sur l'alliance avec l'Autriche-Hongrie
(1879), est tout d'abord un pacte
défensif et secret contre la Russie.
l'adhésion de l'Italie {1882) transforme
l'entente austro-allemande en Triplice,
qui constitue une nouvelle alliance
défensive contre la France.
• Parallèlemen� durant vingt ans,
Bismarck manœuvre de façon
à se placer en arbitre des rivalités
européennes, notamment entre
les intérêts opposés autrichiens
et russes dans les Balkans et en
Bulgarie, ainsi qu'entre les intérêts
anglais et russe en Asie centrale.
allemande
à l'école, dans les
administrations, dans les tribunaux
et dans les églises.
Une politique
d'Immigration ouvrière et paysanne
allemande vers ces territoires contribue
également à leur « colonisation ».
• Afin de mieux germaniser l'Alsace
Lorraine, Bismarck la soumet à
l'autorité implacable d'un« président
supérieur » (O berprasident) qui agit
comme son représentant direct
dans ce territoire.
l'une des mesures
les plus significatives est l'incorporation
des jeunes Alsaciens-Lorrains
dans l'armée allemande.
• En Posnanie, la politique
d'assimilation et d'expropriation
foncière se heurte au sentiment
national des Polonais.
• La politique de germanisation,
les mesures d'intimidation et
la répression ne viennent pas
à bout des protestataires auxquels
les électeurs polonais, alsaciens
et lorrains expriment leur soutien.
LA FIN DE VINGT -HUIT ANS
DE CARRIÈRE (1890-1898)
·le 9 mars 1888, l'empereur
L'ltLLSTII 11'108 Guillllume lw mturt Son
fils, Frédéric Ill
lui succède
et maintient
Bismarck
au poste de
chancelier.
Mais le
nouveau
souverain, atteint d'un cancer,
meurt le 15 juin, laissant le trône
à son fils Guillaume Il - 1888
restera comme l'« année des
trois empereurs ».
LA
DtMISSION DE BISMARCK
• le nouvel empereur a 29 ans,
Bismarck 73.
Impatient
de régner,
Guill11umt Il
supporte mal
la tutelle du
tout-puissant
chancelier, son
autoritarisme
et ses
méthodes répressives.
Diplomatie,
politique sociale, attitude envers le
socialisme sont autant de sujets de
divergences et de conflits entre eux.
• Dès février 1890, Guillaume Il cherche
à évincer Bismarck.
Le mois suivant,
il exploite divers incidents, reprochant
même au
chancelier
de lui cacher
des documents.
À l'issue d'une
confrontation
orageuse, Bismarck
rédige sa lettre
de dém ission,
le 18 mars 1890, que Guillaume Il
accepte le 20.
LA RnRAm EN POMÉRANIE
• Après vingt-huit ans de pouvoir,
Bismarck
quitte
le devant
de la scène
allemande et
européenne
pour une
retr11ite
morostà
"""'---�...;..;.,_..
Friedrichsruh.
• Déçu, amer, il ne manque pas de
critiquer son
successeur,
Lto von
C11prlvi,
qu'il considère
comme
un amateur
ma lad roi�
ni de juger
sévèrement
la politique de Guillaume Il.
• Ne pouvant se résigner à son
inactivité, Bismarck dicte ses Mémoires
-Pensées et Souvenirs, publiés en
1898 -, rédige des articles, répond à
des interviews et contribue à élaborer
une légende « bismarckienne »
qui déjà s'épanouit.
• Le semblant de réconciliation entre
Guillaume Il et Bismarck.
lors de la
venue de l'empereur à Friedr ichsruh
pour célébrer les 80 ans de l'ex
chancelier, ne fait pas illusion.
• Souffrant, Bismarck vit désormais
dans l'isolement.
l'homme qui a
marqué l'histoire de son pays et de
l'Europe d'une empreinte indélébile,
l'un des plus habiles artisans
de la grandeur de l'Allemagne,
meurt le JO juillet 1898..
»
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