OCTOBRE 1978 DANS LE MONDE

« Deux préoccupations majeures ont marqué de façon constante le pontificat de Paul VI : l'unité de l'Eglise et la paix du monde.

Accordant spéciale­ ment son attention aux problèmes de la paix et du développement, et à l'apparition des peuples de couleur sur la scène mondiale, le pape rendit visite à bien des peuples du Tiers Monde, les encouragea et ne cessa de leur faire une place dans l'Eglise du Christ; il a développé une théologie de l'Eglise au service de l'homme, de tout l'homme et de tous les hommes (Encyclique « Populorum progressio •) ; il s'est également affirmé fidèle au respect de toute vie, contre les méthoQes artificielles de contracep­ tion (Encyclique « Humanae vitae).

A Bombay, en 1964, Paul VI proposa aux chefs d'Etat le prélèvement · d'un impot de 1 % sur les dépenses d'armement et, pour aider les pays pau­ vres, la constitution d'un fonds mondial d'aide, ainsi que la transformation des conditions de fonc­ tionnement du commerce international.

En vain ! En 1965, à l'O.N . U., il adjura les peuples de ne plus faire la guerre, tandis qu'à Genève, en 1969 à l'O . I.T., il souligna la pensée sociale de l'Eglise: · l'amélioration du sort des travailleurs par le respect de la première et inaliénable prérogative humaine, la liberté.

Au cours de son voyage en Colombie (1968), il dénonça la violence, faisant appel à un effort de l'intérieur pour réaliser la justice sociale.

Paul VI a pratiqué une diplomatie active en direction des pays communistes, confiée à Mgr Casaroli : six cardinaux de l'Europe de l'Esfont pu, dès lors, par­ ticiper au conclave.

Les quinze années de ce pontificat ont été marquées par les menaces pesant sur la Foi et l'unité de l'Eglise, ce qui fit dire à Paul VI : «on croyait qu'après le concile le soleil brillerait sur l'Eglise ; nous avons eu les nuages, la tempête, les ténèbres, la recherche , l'incertitude ».

Les « intégris­ tes » menaçaient d'un schisme, les « progressistes • ironisaient sur des prises de position jugées trop conservatrices.

Le pape savait quelles ambiguïtés certains voulaient greffer sur le vrai visage du concile et quelles précipitations, souvent mal inspi­ rées, en travestissaient le contenu ; il savait égale­ ment quelles incompréhensions, quelles réticences, quelles révoltes même, cet aggiornamento nécessai­ re allait susciter chez nombre de fidèles.

Le monde entier a tenu à rendre hommage aux qualités humaines et au courage spirituel de ce pape d'une terre troublée et bouleversée ; il restera dans l'Histoire le pape d'un concile réformateur, celui de l'œcuménisme et le missionnaire de la paix mondiale.

Aussitôt après la mort de Paul VI, Mgr Villot a pris ses fonctions de camerlingue (il avait été dési­ gné à ce poste en 1970) dont la mission est d'orga­ niser ·la convocation du conclave qui doit élire le nouveau pape, tout en assurant la garde et l'admi­ nistration du Saint-Siège.

Le pape est élu par le sacré Collège qui réunit les cardinaux : der.uis 1970, les cardinaux de plus de 80 ans cessent d être électeurs.

La règle du secret enferme les cardinaux cum c/avis, à clef, et le pontife est élu à la majorité des 2/3 plus une voix.

Si l'élection est acquise, une fumée blanche s'élève de la cheminée de la chapelle Sixtine.

Le 25 août, dans l'après-midi, les portes se sont refermées sur les 111 cardinaux électeurs.

Le pre­ mier vote avait lieu le 26 au matin et, dès le soir, un pape était élu, choisi par un large consensus et presque par acclamation : Mgr Albino Luciani, patriarche de Venise, essentiellement un pasteur, d'origine modeste, connu pour sa fermeté sur les questions de Foi.

Le nouveau pape a pris le nom de Jean Paul 1er, entendant se situer ainsi dans la ligne de ses deux prédécesseurs.

Les premières réactions à cette élection ont été unanimement favorables tant parmi les chrétiens qu'en dehors de l'Eglise : on se plaît à souligner la bonté, la profondeur spirituelle, la sérénité tran­ quille et l'optimisme de ce pasteur, homme de modération et de dialogue.

Dans son homélie du 27 août, Jean Paul 1er déclare vouloir poursuivre l'œuvre de Vatican II et il a insisté sur trois préoc­ cupations qui marqueront son pontificat : l'évangé­ lisation, l'effort œcuménique à poursuivre, tout ce qui peut servir la cause de la paix, des problèmes du sous-développement et de la faim dans le mon­ de.

Son intronisation a eu lieu le 3 septembre ; il avait auparavant reconduit dans ses fonctions de secrétaire d'Etat le cardinal français Jean Villot et maintenu les préfets des congrégations.

A la stupeur de tous, on apprenait le 29 septembre au matin que Jean Paul 1er était mort dans la nuit d'une crise cardiaque .

La vague de confiance et de sympathie qu'il avait fait surgir avait à peine eu le temps de seformer.

Un nouveau conclave s'est réuni le 14 octobre et le 17 octobre était élu le nou­ veau pape, Jean Paul II- archevêque de Cracovie et premier pontife non italien depuis quatre siècles.. »