Nikita Khrouchtchev juge Staline
Publié le 10/04/2011
Extrait du document
« Staline fut à l'origine de la conception de l'"ennemi du peuple ". Ce terme rendit automatiquement inutile d'établir la preuve des erreurs idéologiques de l'homme ou des hommes engagés dans une controverse, ce terme rendit possible l'utilisation de la répression cruelle, violant toutes les normes de la légalité révolutionnaire, contre quiconque, de quelque manière que ce soit, n'était pas d'accord avec lui ; contre ceux qui étaient seulement suspects d'intentions hostiles, contre ceux qui avaient mauvaise réputation... « Quand nous nous reportons à beaucoup de nos romans, films et " études scientifiques " historiques, le rôle de Staline dans la guerre patriotique apparaît comme entièrement imaginaire. Staline aurait, en effet, tout prévu... Si notre industrie avait été mobilisée de façon adéquate et en temps voulu pour fournir à l'armée le matériel nécessaire, nos pertes de guerre auraient été nettement réduites... Des conséquences très graves, surtout dans les premiers jours de la guerre, résultèrent de l'extermination par Staline de nombreux chefs militaires et de militants politiques entre 1937 et 1941... « Camarades, le culte de la personnalité a atteint de si monstrueuses proportions, surtout en raison du fait que Staline lui-même, utilisant toutes les méthodes concevables, a encouragé la glorification de sa propre personne... Est-ce là un procédé digne d'un chef de type marxiste-léniniste? Non. C'est justement contre de telles pratiques que se sont élevés Marx et Engels. Ces procédés étaient également fortement condamnés par Vladimir Ilitch Lénine... « Après-guerre, lorsqu'il fut informé, au cours d'une discussion, que la situation de l'agriculture était difficile et que celle de l'élevage et de la production de viande était spécialement mauvaise, une commission fut formée... Nous suggérions alors d'augmenter les prix du bétail... Mais notre projet ne fut pas accepté. Il y a plus. Au cours de l'examen de ce projet, Staline proposa que les taxes payées par les kolkhozes et par les travailleurs des kolkhozes fussent portées à 40 milliards de roubles. Selon lui, la paysannerie était aisée... « Nikita Khrouchtchev, Extraits du « Rapport secret « présenté au 20e Congrès de P.C.U.S. (février 1956). Cf. « 1956, le choc du 20* Congrès du P.C.U.S. «, Éditions sociales, 1982. Texte 2 « En principe, le discours était secret ; mais en fait, il ne le fut guère... Le document tomba entre les mains de quelques camarades polonais hostiles à l'Union soviétique. Ils utilisèrent le discours à leurs fins et le firent reproduire. On me raconta qu'on vendait à vil prix les copies... Des agents des services de renseignements de tous les pays du monde purent ainsi l'acheter pour pas cher, au marché libre. « Nikita Khrouchtchev, Souvenirs, Laffont 1970. A partir des documents ci-joints (textes 1 et 2), le candidat rédigera un commentaire, soit en le composant librement, soit en s'appuyant plus particulièrement sur les points suivants : 1° Replacer les courts extraits du discours (texte 1) et leur auteur dans leur contexte historique.
2° Selon vous les « erreurs « dénoncées par Khrouchtchev dans ces extraits (texte 1) sont-elles fondées ? 3° En se référant aussi au texte 2, dégager la portée historique du discours de Khrouchtchev : ses conséquences en Union soviétique, dans les démocraties populaires, en Occident. * ** Conseils pratiques Les deux textes proposés sont de nature différente : le premier est un rapport officiel présenté devant les militants du P.C.U.S. réunis en Congrès en 1956. Il énumère les « erreurs « de Staline pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il y a cependant des allusions concernant la période de l'avant-guerre, qui relèvent donc du programme de première. Le second est beaucoup plus bref et de nature différente. Il s'agit cette fois d'un extrait des « Souvenirs « de Khrouchtchev parus en Occident alors qu'il a été écarté du pouvoir depuis 1964. Lors de cette parution, la déstalinisation n'est pas officiellement remise en cause en U.R.S.S., mais les critiques contre Staline n'ont plus l'âpreté des attaques lancées par Khrouchtchev au 20e Congrès du P.C.U.S. Il faut donc prendre quelque recul par rapport à ces deux documents afin de les confronter objectivement avec la réalité telle qu'on peut la connaître.
«
Plan
I.
La situation au début de 1956.
A.
Khrouchtchev, successeur de Staline.
B.
Les premiers signes de détente dans les relations internationales.
II.
Les « erreurs » de Staline.
A.
Les responsabilités de Staline dans la guerre.
B.
Un régime contraire à l'idéologie marxiste.
7.
La répression.
2.
Le culte de la personnalité.
C.
La politique agricole.
III.
Les conséquences de la déstalinisation.
A.
Dans le monde socialiste.
7.
En U.R.S.S.
2.
Dans les démocraties populaires.
B.
En Occident.
* **
Développement
Introduction.
Le rapport prononcé devant le 20e Congrès du P.C.U.S.
en février 1956 par Khrouchtchev, premier secrétaire,dénonce les erreurs commises par Staline, mort depuis trois ans : c'est le début de ce qu'on a appelé ladéstalinisation, dont les conséquences furent plus importantes dans les démocraties populaires et en Occident qu'enU.R.S.S.
même.
Bien que secret, ce rapport fut rapidement connu et diffusé.
Il provoqua d'abord la stupeur, dans un monde quiavait assisté au développement du culte de la personnalité en faveur de Staline.
Il renforça les espoirs de fin de laguerre froide, ou tout au moins de détente, qui s'étaient manifestés depuis 1953.
Il entraîna des mouvements enfaveur d'une libéralisation dans les démocraties populaires et des débats dans les partis communistes occidentaux.La dure répression de l'insurrection de Budapest en octobre 1956 montra les limites de cette libéralisation.
I.
La situation au début de 1956.
A.
Khrouchtchev, successeur de Staline.
Lorsqu'il prononce le rapport devant le 20e Congrès, Khrouchtchev apparaît déjà comme le véritable successeur deStaline.
Il ne cumule pas encore tous les pouvoirs, mais il est premier secrétaire du Parti communiste, poste clé.
Ladirection du gouvernement, d'abord confiée à Malenkov, rival de Khrouchtchev, passe à Boulganine en 1955.
Lespartisans de Staline — on parle des « staliniens » — sont ou vont être écartés : Béria, chef de la police, est éliminéphysiquement dès juillet 1953, le groupe « antiparti » (dont Molotov, ministre des affaires étrangères au temps deStaline) sera bientôt exclu du Parti l'année suivante.
B.
Les premiers signes de détente dans les relations internationales.
Pour les contemporains, et notamment dans le monde occidental, le nom de Staline était attaché à la guerre froide,dont il était rendu responsable.
Avant même que ne commence officiellement la « déstalinisation », un certainnombre de faits, depuis mars 1953, montraient que les relations internationales avaient évolué.
Ce n'était pasencore la détente, mais au moins un début de « dégel ».
Les négociations pour l'armistice en Corée, enlisées depuis des mois, ont abouti en juillet 1953.
La guerred'Indochine s'arrête un an plus tard.
Le dialogue est renoué entre les « Grands » à propos de l'Allemagne.
S'iln'aboutit pas, la question de l'Autriche est réglée en 1955.
Cette même année se tient à Genève une conférence au.
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