Michel VIII Paléologue
Publié le 27/02/2008
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ville impériale et tandis qu'une nouvelle page glorieuse de l'histoire de la grécité s'ouvrait, au milieu de l'enthousiasmegénéral, le prôtoascecretis Senacherim, dit le Méchant, traduisant sans doute les sentiments du parti micrasiatique,prononça ces mots étonnants et prophétiques : "Que dorénavant personne n'espère rien de bon, puisque lesRomains tiennent à nouveau la ville."
En effet, l'Empire, installé à nouveau à Constantinople, retrouva sa place dans le concert international de l'époque :les affaires occidentales occuperont dorénavant le premier plan de la politique extérieure ; l'Orient, l'Asie Mineure,était, comme à l'accoutumée, appelé à fournir ses ressources en hommes et en argent pour la poursuite d'objectifsétrangers à ses intérêts propres : la suite des événements ne pouvait que justifier les craintes du haut fonctionnairede Nicée.
Restaurer l'Empire dans ses frontières d'avant 1204, voilà ce que fut la préoccupation majeure de Michel VIII dèsson entrée triomphale à Constantinople, où il fut reçu comme libérateur et acclamé comme Nouveau Constantin.
"Lachute de la ville, déclare l'empereur dans son chrysobulle adressé au peuple, a été suivie par la perte de notreterritoire ; de la même façon, sa reconquête annonce la reprise du reste de l'Empire."
Ce programme grandiose dépassait largement les moyens économiques et militaires de l'Empire ; il dressait Byzancecontre les alliés du dernier roi latin de Constantinople et face aux puissances occidentales installées dans les régionsgrecques à la suite de la quatrième croisade ; il ne tenait point compte de la menace turcomane sur les provincesorientales, dont l'appui était nécessaire à toute entreprise byzantine en Occident, et pourtant il fut poursuivi sansrelâche et sans défaillance tout le long du règne de Michel VIII.
Constantinople sera reconstruite (ses murailles, ses églises, ses palais seront restaurés), une armée nationale seralevée sur tout le territoire impérial, une flotte considérable sera mise à flot, des alliances étrangères (avec lesGénois, les Pisans, les Vénitiens et même les Mongols) seront habilement conclues, une politique religieuse contraireà l'opinion publique et aux sentiments nationaux (l'union des Églises sous la papauté) sera imposée afin d'assurer àl'Empire une forte position dans la Méditerranée orientale et par là, dans les affaires mondiales.
C'est la poursuiteacharnée, et, disons le tout de suite, le succès, ne fût-ce que provisoire et précaire, de cette politique, qui justifiela place que tient Michel VIII dans l'histoire de l'Empire chrétien d'Orient : il est considéré à juste titre comme undiplomate chevronné, comme un homme d'État sans égal, comme un militaire de valeur et indiscutablement comme ledernier grand empereur de Byzance ; la postérité a chanté ses exploits et Maxime Planoudès n'hésite pas à lecomparer à un autre Héraclès, qui nettoya la terre des bandits et la mer des pirates et dont le renom et la bravoureont fait longuement frémir les nations.
Mais voyons les événements qui ont suivi la reprise de Constantinople, cetexploit auquel Michel VIII doit avant tout sa gloire et qui fit pardonner et même oublier le passé politique du premierPaléologue.
Quand Michel VIII fut couronné pour la seconde fois empereur à Constantinople le 15 août 1261, l'Empire, outre sanouvelle capitale et ses alentours immédiats, ne possédait en Europe que la Thrace, la Macédoine, l'Épire du Nord etl'Illyrie.
À la suite de la bataille de Pélagonie (en 1259) contre le despotat grec d'Épire, allié des Francs duPéloponnèse et du roi Manfred II de Sicile, les Byzantins avaient consolidé leur position en Macédoine orientale etavaient obtenu — grâce à la libération d'un prisonnier de marque qu'ils détenaient, le prince Guillaume d'Achaie (en1262) — les places fortes de Monemvasie, de Geraki, de Magne et de Mistra, ce qui marque l'implantation byzantineen Morée et le départ des opérations contre la principauté franque.
En effet, c'est dans cette direction que se portatout de suite l'effort de Michel VIII ; à la suite d'une série d'expéditions, le Péloponnèse du sud-est entra dansl'Empire, qui contrôla ainsi les territoires du futur despotat grec de Morée.
De même, et toujours au nom de lapolitique de restauration de l'Empire, Michel VIII continua la lutte contre l'État grec d'Épire dont les rapports avecles États latins de Grèce n'étaient pas sans inquiéter Byzance, par une série d'expéditions militaires et par desalliances matrimoniales habiles, Michel VIII a pu imposer son autorité en Thessalie et neutraliser ainsi la coalitionanti-byzantine qui groupait les Épirotes, les Vénitiens de Negroponte et les Francs d'Athènes.
La dominationbyzantine finit par être solidement établie dans le bassin égéen : la flotte impériale contrôlait les voies maritimes quiunissaient la Méditerranée au Pont-Euxin, le renouveau de l'hellénisme était accompagné par un essor économiqueconsidérable, Constantinople, ville cosmopolite dans laquelle se côtoyaient des marchands Génois, particulièrementfavorisés par les Byzantins à la suite des accords de Nymphaion, des Pisans, des Vénitiens et des Orientaux,devenait encore une fois le centre des échanges entre l'Orient et l'Occident ; l'effort pour la reconquête portait sesfruits et l'on pouvait espérer un plein succès à condition de dissiper la menace que l'Occident chrétien faisait pesersur Constantinople depuis l'abolition du royaume latin : c'est dans cette direction que Michel VIII déploya un grandeffort diplomatique, c'est dans ce but qu'il jeta les grandes lignes de sa politique européenne ; elle tentait avanttout de déjouer les projets de reconquête de Constantinople élaborés par le roi latin Baudouin II et fortementencouragés par la papauté.
En effet, Baudouin II, réfugié après sa destitution à Rome, essaya de susciter — avec l'appui du pape Urbain IV quis'empressa d'excommunier les Génois en tant qu'alliés des Byzantins — une vaste coalition occidentale contre lesGrecs, afin de recouvrer Constantinople et son trône.
Le projet connut des lenteurs à cause du roi Manfred II deSicile, opposé à la politique pontificale.
Toutefois, avec le changement de la situation en Italie — après la bataille deBenevento en 1266, où Manfred fut tué, le royaume de Sicile et de Naples passa à Charles d'Anjou, comte deProvence, frère de Louis IV et allié fidèle du pape — la coalition anti-byzantine trouva en la personne du comtefrançais un chef décidé et entreprenant qui en fit le but de sa politique extérieure.
Le traité de Viterbo (en 1267)conférait à Charles d'Anjou les droits sur le trône de Constantinople, en faisant ainsi le défenseur naturel des Étatslatins d'Orient.
Un nouveau partage de l'Empire byzantin fut décidé et l'Occident était prêt à déclencher une.
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