Mazarin, Premier ministre d'Anne d'Autriche

« de Béninghen.

Mais le plus .

conva incant est Walte r Monta ­ gu, ancien proche de la dynas ­ tie des Stuarts, chassé d'Écosse pour catholicisme et devenu abbé de Saint-Martin de Pon­ toise , pour qui Mazarin est « en tout l'opposé du cardinal de Richelieu ».

L'argument fait mouche, d'autant que la reine mère sait que l'Italien n 'est inféodé à personne : il n'a ni fortune ni partisans acharnés, ne dépend ni du Parlement ni de Monsieur, le duc Gaston d 'Orléans , frère de Louis XIII, ni du prince de Condé, ni d'au­ cun autre grand.

Du jour au lendemain, on peut lui deman­ der de repartir pour Rome ! De cette faiblesse Mazarin tire un atout : isolé, il se doit d'être fi­ dèle .

« Je n'aurai jamais de volonté que celle de la reine .

Je me désiste dès maintenant de tout mon cœur des avan­ tages que me promet la décla ­ ration Ile testament de Louis Xliii que j'abandonne sans réserve, avec tous mes autres intérêts , à la bonté sans e x emple de Sa Ma j esté », aurait-il affirmé dans un billet adressé à la régente .

Un ministre tout dévoué Anne d'Autriche craint les ca­ bales et l'agitation nobiliaire .

Elle connaît ses limites : jus­ qu'à la majorité de Louis XIV, qu i n'a pas encore cinq ans, elle a besoin d'un bras ferme à s on côté .

Elle sait Mazarin ca­ pable et se convainc, avec rai­ son , qu 'il lui sera entièrement dévoué .

Elle lui accorde un brevet de ministre d'État : les princes de sang présideront de droit le Conseil , mais le cardi­ nal en assumera la présidence effective .

La régente procède à d'autres changements dans la composition du Conseil.

Elle disgracie deu x créatures de Ri­ chelieu, le surintendant des Fi­ nances Léon Bouthillier et son fils Chavigny .

Ce dernier, qui a rejoint le clan de Gaston d'Or­ léans , doit céder sa charge de secrétaire d'État aux Affaires étrangères à Loménie de Brien­ ne.

Mais le chancelier Pierre ~ED ITIONS ~ ATlAS LE « FANTÔME DE RICHELIEU » C'est en 1630 que Jullo Mazarlni rencontre pour la première fols Louis XIII et RicheUeu.

Mals c'est entre 1634 et 1636, alors qu 'U est nonce à Paris, qu'U est remarqué par le cardinal, admiratif devant ses nombreux talents et pour qut·u travaille à Rome entre 1636 et 1640.

En 1638, U obtient des « lettres de naturallté ,.

de France et francise son nom en Jules Mazarin.

En 1641 , U s'Installe définitivement auprès de RicheUeu, dont U est si proche qu'Alexandre Dumas débute ainsi son roman Vingt Ans après , qui se déroule au début de la Fronde : « A voir cette slmarre rouge et ces riches denteUes, à voir ce front pâle et courbé-sousda méditation, à voir la soUtude de ce cabinet , le silence des antichambres, le pas mesuré des gardes sur le palier, on eût pu croire que l'ombre du cardinal de RicheUeu était encore dans sa chambre.

» Eh non ! C'est Mazarin, « le fantôme de RicheUeu », aJoute perfidement le romancier.

Séguier, dont elle aurait aimé par-dessus tout se débarr -ass er, reste, à la demande de Maza­ rin : sa parfaite connaissance des affaires intérieures et de l'administration rend son main ­ tien indispensable .

Alors qu'elle a fait casser le tes­ tament d'un époux qui n'avait pas suffisamment confiance en elle pour lui abandonner les pleins pouvoirs , voilà que , par ­ delà leurs divergences , Anne d'Autriche se conforme au x vo ­ lontés de Lou is ~..en-a ppe- · lant au x affaires le cardinal Ma ­ zarin .

Confier les destinées du royaume à ce fidèle de Riche­ lieu, de surcroî t étranger et de naissance moyenne, est un choix risqué .

Le nouveau Pre­ mier ministre , lui , s ' attend à de­ voir faire face aux mécont ent s, mais il est prêt à se battre .

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