Mata Hari (HISTOIRE)

Née en 1876, moins de trente ans plus tard elle commence à fabriquer son roman : encore dix autres années, et voilà que ce roman la dépasse, pour former le mythe de l'espionne fatale... De son vrai nom Gertrude Zelle, elle vient au monde à Leenwarden, dans une famille de négociants de la Frise. A dix-huit ans, à la suite d'une annonce, elle épouse un capitaine Rudolf Mac Leod, lointain rejeton d'un noble clan écossais, et qui a plus que le double de son âge : mariage d'amour, qui finit donc mal, en Indonésie, jalousies, bagarres, mort d'un fils, jusqu'à la gale et à la gêne. Voilà réunis les matériaux rancoeur, pauvreté, exotisme du roman ébauché dans une autobiographie publiée dès 1906, pour nourrir son dossier de divorce. Soit, Mata Hari, en malais"Œil du jour": fille d'une bayadère de la Côte du Malabar, au sein d'une famille brahmane, et vouée dès l'enfance aux danses sacrées. En 1903, elle danse, à Paris, dans le salon d'une comtesse ; deux ans plus tard, elle se produit au Musée Guimet. Le Paris de ce temps-là n'en demandait pas plus : de cette troublante personne, il fait une de ses reines, au Casino de Paris, mais aussi aux Annales, et dans son propre appartement, rue Windsor à Neuilly.