Massacre des ennemis et piété personnelle en Egypte ancienne

« gnification de ces objets res­ tent encore largement mysté­ rieuses.

Pourquoi avoir repris une telle scène dans un ex-voto offert à la divinité ? La pre­ mière interprétation avancée voulait que ces stèles fussent en relation avec des exécu­ tions publiques de prisonniers dans l'enceinte du temple.

La personne ayant assisté à un Ce relief du temple 'Abou Simbel montre amsès Il transperçant un libyen de sa lance, tandis qu'il en piétine un autre.

tel événement aurait voulu en laisser une trace, expri­ mant du même coup sa dévo­ tion pour le dieu auquel ce sa­ crifice était dédié (le sacrifice humain n'était pas inconnu dans l'Égypte ancienne).

La découverte de Memphis C ette interprétation n'est pourtant pas entièrement satisfaisante.

Lors d'une con­ férence à la Société française d'égyptologie, l'égyptologue Didier Devauchelle a émis une autre hypothèse, du moins pour expliquer l'existence d'un groupe de stèles décou­ vert dans un même secteur ar­ chéologique à Memphis.

Dans le temple de Ptah, Flinder Pe­ trie mit au jour en 1908, dans le lit de sable de fondation d'un pylône et d'une salle hy­ postyle érigée par Ramsès Il, un important lot de stèles comportant plus de vingt­ cinq stèles à oreilles, au moins quatre stèles avec l'image du roi massacrant les ennemis et des stèles plus classiques figu­ rant le dédicant adorant le dieu.

Le postulat de Didier Devauchelle est que ces piè­ ces enfouies ensemble à l'époque ramesside avaient une même fonction.

Celle des dernières stèles mentionnées et des stèles à oreilles est bien connue, puisqu'elles relèvent de la piété populaire.

Il s'agit pour le fidèle de faire montre de sa dévotion envers le dieu.

Les stèles à oreilles ont plus précisément pour fonction de solliciter un aspect de la divi­ nité particulièrement atten­ tive aux prières.

Parfois des yeux sont aussi représentés .

Ils symbolisent aussi bien l'omni­ science de la divinité que le souhait du croyant de voir cel­ le - ci se manifester en sa fa­ veur.

Selon Didier Devauchelle, les stèles qui montrent le pha- raon abattant un ennemi sous les yeux du dieu ont la même destination.

Cette idée pour­ rait paraître aventureuse si deux des stèles memphites ne comportaient, outre la scène de massacre, justement des yeux et des oreilles ! Accomplissement de la maât 1 1 ne serait pas étonnant du reste que les fidèles aient vi­ te manifesté une sorte de dé­ votion pour le pylône, symbole par excellence du temple, puis­ que c'était la seule partie de l'édifice qui leur fût accessible .. »