Marie-Antoinette joue à la fermière... et devient de plus en plus impopulaire
Publié le 29/08/2013
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Les prudes censeurs et les mauvaises langues s'insurgent de voir une souveraine ainsi vêtue en servante. Un critique tonne : « Bien des gens ont trouvé déplacé qu'on offrît au public ces augustes person¬nages sous un vêtement réser¬vé à l'intérieur de leur palais. « Les mots « indécence «, « fem¬me en chemise « circulent de Paris à Versailles et gagnent la province... L'affaire enfle. Et devient presque politique quand les satiristes s'en mê¬lent, rebaptisant le tableau La France sous les traits de l'Autriche réduite à se couvrir d'une panne. Ce qui sous-entend que la reine privilégierait les drapiers de Flandre et de son frère, l'em¬pereur d'Autriche, au détri¬ment des fabricants de tissu français !
«
orgies insensées .
Les com
mères se moquent bien que
Marie-Antoinette mène une
existence solitaire avec ses
dames de compagnie .
Que
seuls le roi, les princes du sang
et quelques rares élus soient
conviés à ses soirées .
Dans la
retraite
de son « petit Vienne »,
de son « petit Schonbrunn »,
qui sait dans quelles débau
ches « !'Autrichienne » peut se
complaire ...
Pour mettre un frein aux bavar
dages , Louis XVI et Marie
Antoinette finissent par ouvrir
le domaine, chaque dimanche,
pour un bal à « toutes les per
sonnes vêtues honnêtement »
et, bien sûr, ayant été présen
tées à la Cour .
Les esprits cha
grins continuent pourtant à
froncer les sourcils,
et les cri
tiques acerbes fusent de plus
belle .
Les mieux informés affir
ment que toute cette simpli
cité raffinée coûte un prix fou .
Déjà,
en 1780, lors des pre
mières transformations effec
tuées par la reine à Trianon,
l'observateur sans indulgence
qu'est le duc de Cray s'est
indigné : « A la place de la
grande serre chaude lqui était
la plus savante d'Europe!.
des
montagnes assez hautes, un
grand
rocher et une rivière .
Jamais
deux arpents de terre
n 'ont tant changé de forme, ni
coûté autant d'argent .
>>
Toilettes
somptueuses
et
dettes de jeu
Le goût de Marie -Antoinette
pour le dépouillement et la
simplicité ne rend pas la reine
plus populaire .
Bien au con
traire ! Nul n'applaudit à la fin
de ses excentricités , ni à ses
qualités de mère , pourtant
indéniables .
On préfère s 'éton
ner de la cherté de tout ce
qu'elle entreprend, railler ce
hameau bucolique po sé à Tri
anon comme une insulte à
l'égard des vrais paysans, qui
ont trop faim pour songer à
planter des essences exo
tiques ou à cueillir de s fleurs
des champs .
La fermière de
comédie est considérée par
l'opinion comme une reine
assez cynique pour faire sem
blant de participer aux tra
vaux de la ferme , comme si
elle voulait se moquer de ses
sujets .
Même si elle a mûri , Marie
Antoinette refuse de prêter
l'oreille à ces bruits désagréa
bles .
Elle n'a cure du qu'en
dira -t-on, considère qu 'elle vit à
IMAGES IDYLLIQUES
D'UNE REINE
HONNIE Les images de la vie de
Marie-Antoinette dans son
cher Trianon sont
idylliques.
Madame Vigée
Lebrun, sa portraitiste
attitrée, décrit la reine :
« Grande, admirablement
faite, ses bras étaient superbes, ses mains
petites, parfaites de
forme ; elle tenait de sa famille cet ovale long et
étroit particulier à la nation
autrichienne.
Elle n'avait
point de grands yeux ; leur couleur était presque
bleue.
» En 1783, la reine a
trente-trois ans.
Elle a
atteint la plénitude de sa
beauté.
Est-ce son amitié
amoureuse avec le comte Axel de Fersen qui lui
donne ce ravissant teint rose thé ? Sa vivacité, sa
joie de vivre sont-elles
redoublées par la douceur
d'une relation platonique ?
Le secret est-il un
souverain remède contre
l'ennui ? D'autant qu'à
Trianon, la reine n 'a
rien à craindre.
La grotte
du parc a une vue plongeante sur la prairie environnante, et un
escalier secret permet d'échapper aux importuns ...
Trianon l'existence qui lui
convient, commande de nou
velles toilettes, de préférence
blanches, et paie sans sour
ciller les notes exorbitantes
de sa modiste , Rose Bertin .
Et
puis, lorsqu 'elle ne se livre
pas aux plaisirs de la comédie ,
du chant ou du ballet, elle
continue à s' abandonner aux
délicieux frissons que lui pro
cure le jeu .
Et elle perd beau
coup ...
Elle entraîne même
dans sa passion la vertueuse
madame Élisabeth , sa belle
sœur .
Louis XVI, lui, continue
à payer ses dettes ; de mau
vaise grâce mais avec son sens
habituel de l'honneur ....
»
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