Mahomet II
Publié le 27/02/2008
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qui attaqua la capitale byzantine on enregistre, aux côtés des Turcs, des Slaves, des Hongrois, des Allemands, des Italiens et même des Grecs.
Legrand maître de l'artillerie ottomane, durant ce même siège, fut le fondeur de canons, l'Allemand Orban, et lorsqu'on se mit à creuser des minessous les murailles de la capitale, on fit venir des spécialistes allemands des mines d'argent de Novo Brdo, en Serbie.
C'est dire que le rôle deschrétiens, renégats ou non, dans les entreprises guerrières du sultan (elles ne se soldèrent pas toujours par des succès) est beaucoup plusimportant qu'on ne l'a supposé jusqu'à présent.
Un pacha d'origine albanaise et un autre, membre de la famille impériale des Paléologues,commandent des troupes envoyées contre la ville de Scutari en Albanie.
Un des fils du dernier duc d'Herzégovine épouse une petite-fille dusultan, et plus tard, sous Bajazet II et Sélim Ier P2522 , devient grand vizir à quatre reprises.
Le conquérant du port de Scandelore, en Asie Mineure, Gedik Ahmed-pacha, était Serbe.
Un autre pacha, Soliman P299 , qui commanda des armées envoyées contre l'Albanie et plus tard contre Étienne le Grand P1555 , prince de Moldavie, était Bosniaque.
Tel gouverneur turc d'Herzégovine était originaire de ce pays.
Des Grecs (quelques-uns de la famille même des Paléologues) s'élèvent jusqu'aux dignités d'amiral, de vizir, de grand vizir même.
Tel grand vizir, Mahmoud Angelovic, moitiégrec, moitié serbe, descendait de la famille impériale des Anges et était devenu le meilleur conseiller du sultan pendant le siège de Constantinople P299M1 .
Ce fut ce Mahmoud qui s'empara en 1461 de l'empire de Trébizonde, la dernière formation politique grecque en Asie Mineure.
Sa mère était originaire de la capitale même de cet empire.
Lorsque l'armée turque passa en Italie et s'empara d'Otrante (1480), la ville futmise sous les ordres du gouverneur de Négrepont, un Grec.
A un certain moment, toujours sur le sol italien, on put voir avec angoisse, des toursde Saint-Marc de Venise, les flammes des incendies allumés par les soldats du sultan qui avaient envahi le Frioul ; leur chef était le fils d'un Génoiset d'une Grecque de Trébizonde.
Rappelons aussi que le plan du Rouméli Hissar, le château bâti sur la rive européenne du Bosphore, pourcontrôler la navigation dans ces parages, fut tracé par des renégats chrétiens.
Il nous faut donc constater que, en ce qui concerne surtout lesopérations militaires, le sultan ne s'est pas toujours trouvé à la tête de ses armées, comme Alexandre le Grand P012 et César P059 , ses modèles.
Mais le tableau du concours apporté par les renégats chrétiens ne serait pas complet si nous n'ajoutions pas le rôle des Juifs à la Cour et dansl'État organisé par Mahomet II.
Presque seuls survivants après la chute de la capitale, ils furent placés par le Conquérant sous l'autorité d'un grandrabbin qui, dit-on, aurait eu dans le Divan le pas sur le patriarche grec.
Attirés par la tolérance religieuse du sultan et par le régime démocratiquequi régnait dans son État, les Juifs affluèrent, venant surtout d'Italie et d'Allemagne, vers ce qu'on considérait à l'époque comme un véritableparadis pour le peuple élu.
C'est sans doute ce régime de tolérance qui attira, quelques dizaines d'années plus tard, vers les mêmes parages, lesJuifs chassés d'Espagne.
Le médecin de Mourad II et du Conquérant fut le “ mastro Janjacobo ”, le fameux Juif de Gaète.
C'est lui qui apporta unjour au représentant vénitien à Constantinople une nouvelle sensationnelle : lé sultan se serait fait chrétien...
Devenu conseiller financier dusultan, il favorisa ses coreligionnaires en leur faisant affermer des sources importantes de revenus.
A un certain moment, en 1471, Venise eut despourparlers sérieux avec ce médecin qui aurait dû contribuer à la suppression de Mahomet II.
La Seigneurie avait tenté à quatorze reprises,entre 1456 et 1479, de faire empoisonner son redoutable ennemi.
Lorsque en 1481, le sultan finit ses jours, empoisonné très probablement surl'ordre de son propre fils, Bajazet II, une émeute éclata à Constantinople et les Janissaires P299M2 tuèrent non pas le successeur de Mahomet, mais le grand vizir et Jacopo qui, entre-temps, était parvenu au rang de vizir.
Il est une autre explication des succès militaires et autres du Conquérant.
C'est qu'il était toujours très bienrenseigné par un vaste réseau d'espionnage qui lui faisait part de ce qui se passait en Italie et en Allemagne.
Lesdécisions des diverses diètes convoquées dans ce dernier pays et en Hongrie, en vue de la croisade à entreprendrecontre les Turcs, lui ont toujours été connues, et cela en temps utile.
Par contre, jamais personne, même parmi sesplus proches collaborateurs, ne parvint à percer à l'avance le secret de ses initiatives guerrières.
Il faut cependantremarquer qu'il ne prenait jamais une décision avant de consulter ses astrologues (des Persans), lesquels, sansdoute, s'arrangeaient pour faire des prédictions conformes à ses désirs et à ses espoirs.
Tout ce qui précède pourrait expliquer, à notre avis, les progrès foudroyants de la puissance turque sous le règne de ce sultan.
Cependant, pourse rendre compte des raisons pour lesquelles les populations conquises s'accommodèrent assez facilement de la suprématie musulmane, il fautpenser au large esprit de tolérance religieuse des Turcs en général et du sultan en particulier.
Après la conquête de Constantinople, il ne tarda pasbeaucoup à nommer un patriarche grec et à accorder la liberté du culte chrétien dans son empire.
Il aurait appris, racontait-on, de sa mère le “ NotrePère ” et autres prières chrétiennes.
Le patriarche Georges Scholarios , son protégé, lui avait présenté, sur sa demande, le Credo en grec.
Un Grec de Trébizonde aurait été chargé par Mahomet de traduire la Bible en arabe.
Dans ces conditions, comment serions-nous surpris d'apprendre qu'ilpouvait passer pour un crypto-chrétien et qu'après la chute de Trébizonde (1461) le pape Pie II aurait pensé à le convertir ? Enregistrons à cette occasion que jusqu'assez tard au XVIIe siècle, des propagandistes musulmans essayèrent d'amener une entente entre l'Islam et le Christianisme,car ils estimaient que les différences qui séparaient les deux religions n'étaient pas insurmontables.
Dans cette société ottomane, ni l'appartenance à une classe sociale ni la situation de fortune ni même la provenance ethnique n'empêchaientpersonne à condition toutefois d'être un croyant du Prophète d'arriver aux plus hautes situations et de s'apparenter même à la dynastie.
Si l'ontient compte, d'autre part, que le sort des populations conquises était, en général, plus supportable sous les Turcs que sous les derniersPaléologues et les petits dynastes francs, on comprendra pourquoi on enregistra des adhésions nombreuses au régime ottoman, et cela d'autantplus que lors du siège de Constantinople P299M1 l'Occident avait tout simplement abandonné Byzance et que la mésentente entre les princes occidentaux devint une des plus puissantes alliées de Mahomet II.
Constantinople, qui devait compter en 1453 tout au plus cinquante mille habitants, reçut après la conquête un flotcontinu d'immigrants par la volonté du Conquérant.
Des Serbes, des Dalmates, des Génois, provenant d'Amastris etde Caffa, colonies de la ville de Saint-Georges sur le littoral de la mer Noire, et surtout des Grecs des îles et deTrébizonde vinrent combler les vides dans la capitale, dépeuplée à la suite des combats et des massacres de 1453.A la fin du règne de Mahomet II (1481), elle comptait déjà quelque soixante mille à soixante-dix mille habitants.
Un brassage immense de populations à travers le nouvel empire eut lieu à la suite de chaque conquête du sultan, cequi imprima un caractère cosmopolite, en premier lieu à Constantinople, et ensuite à telle ou telle province.
Sur unemédaille exécutée par un artiste italien, on lit autour de l'effigie de Mahomet, la légende : “ Asie et Gretieimperator ”, titre qui remplace celui de “ Grand Seigneur et Émir ”, porté avant la conquête de Constantinople.
C'est le successeur des empereurs byzantins qui s'installe dans leur ancienne capitale à la tête d'un empire plus étendu et plus puissant que celui.
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