L'Union soviétique de Khrouchtchev
Publié le 27/02/2011
Extrait du document
Indications chronologiques
: Mort de Staline : Bombe H : Lancement de l'opération « Terres vierges « : Rencontre Khrouchtchev-Tito : XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique : Intervention militaire soviétique en Hongrie : Premier Spoutnik : Khrouchtchev cumule les fonctions de premier secrétaire du parti et de chef du gouvernement : Voyage de Khrouchtchev aux États-Unis : Rupture avec la Chine : Crise des fusées à Cuba : A. Soljenitsyne : « Une journée d'Ivan Denissovitch « : Khrouchtchev est démis de toutes ses fonctions
«
Staline avait entrepris « l'édification du socialisme » par sa dictature et la terreur.
Khrouchtchev prétend « bâtir lecommunisme ».
Mais les grandes ambitions et les slogans dissimulent aussi des objectifs plus concrets.
Ne disposantplus de la terreur, Khrouchtchev, pour régner, doit s'assurer l'adhésion d'une « Nomenklatura » soucieuse deconforter ses privilèges et le soutien d'un peuple attentif avant tout à une augmentation de son niveau de vie qui lerécompense enfin de tant d'efforts et de sacrifices consentis.
1.
La déstalinisation
• La fin de la terreur.
Dès 1953, l'élimination de Beria débarrasse ses partenaires de la direction collégiale de lamenace immédiate d'une nouvelle terreur menée par le puissant grand maître de la police.
En 1956, la dénonciationdes crimes de Staline et la promesse de respecter la « légalité socialiste » soulagent à son tour la Nomenklatura quise voit ainsi prémunie contre toute terreur dirigée contre elle-même.
Amorcée dès 1953, l'amnistie libère des millionsde prisonniers du Goulag : le peuple aussi sort de la terreur ; mais les victimes n'obtiennent ni réhabilitation niexplication sur les raisons ou les réelles responsabilités de leur déportation.
• Une démocratie au sommet.
La mort de Staline met fin à la
dictature d'un seul.
Le principe de la direction collégiale transfère le pouvoir au groupe restreint du Praesidium duComité central (ex-Politburo).
La crise de 1957 élargit quelque peu encore cette « démocratie » nouvelle : mis enminorité au Praesidium par ses collègues au vu des résultats dangereux de son rapport, Khrouchtchev en appelle auComité central qui le confirme dans ses fonctions de 1er secrétaire.
Ainsi, pratiquement, un rôle dirigeant est dévoluaux quelques quatre cents titulaires et suppléants qui siègent au Comité central.
Certes Khrouchtchev qui cumule, àpartir de 1958, les fonctions de chef du parti et de chef du gouvernement peut « alimenter » le Comité central deses « fidèles » (dont Brejnev), mais il n'est pas à l'abri des complots, des défections, des trahisons.
• Le dégel.
La fin de la terreur libère les intellectuels.
Beaucoup d'entre eux se démarquent du « réalisme socialiste», abordent des thèmes jadis tabous ou adoptent des thèses qui tranchent avec la ligne traditionnelle du parti.Ainsi, par exemple, en 1956, Doudintsev, dans « Un homme ne vit pas seulement de pain » aborde le problème de laliberté de l'homme de science.
Certaines revues comme « Novy Mir » dirigée par le poète libéral Tvardovsky publientdes œuvres « non-conformistes » telle, en 1962, « Une journée d'Ivan Denissovitch » de Soljenitsyne.
Des films d'unton nouveau apparaissent, comme « Quand passent les cigognes ».
Des auteurs étrangers, Sartre, Hemingway, sonttraduits et publiés.
Mais ces libéraux se heurtent aux attaques et aux pressions des auteurs officiels et auxmembres du parti qui craignent les effets excessifs du non-conformisme.
Khrouchtchev lui-même fulmine, en 1962,contre l'art abstrait, laisse se développer une campagne contre Pasternak et refuse toute « coexistence idéologique» avec le capitalisme.
• Les démocraties populaires bénéficient également de la nouvelle orientation.
En 1955, Khrouchtchev se rend àBelgrade et se réconcilie avec Tito.
Par là même, le « grand frère » soviétique admet la diversité des voies menantvers le socialisme.
La dissolution du Kominform, en 1956, marque la fin du strict monolithisme stalinien du campsocialiste.
2.
Le « communisme du goulash »
• Le communisme, c'est, théoriquement, donner « à chacun selon ses besoins ».
La construction du communismesuppose donc que l'U.R.S.S.
accède à la civilisation de l'abondance.
Khrouchtchev annonce déjà que le niveau devie soviétique dépassera, avant 1980, le niveau de vie des Américains, symbole, s'il en est, de la société deconsommation.
• Nourrir mieux les Soviétiques devient aussitôt une priorité.
L'opération de mise en valeur des terres vierges, en 1954, les efforts de développement de la culture du maïs, « lenouveau tank du communisme », destiné à améliorer l'élevage, l'augmentation de la production d'engrais vont dansce sens.
Pour inciter les paysans à produire davantage et à travailler plus efficacement, les prix versés par l'Étatpour les livraisons agricoles sont relevés, un minimum de salaire est garanti aux kolkhoziens, les kolkhozes sontlibérés de la tutelle des M.T.S.
(stations de machines et tracteurs) qui sont dissous et dont le matériel leur estcédé.
• L'organisation de l'économie, autoritaire et centralisée, telle que l'avait conçue Staline, est modifiée pour laisserplus de place à l'initiative des entreprises.
Les 105 sovnarkhozes constitués en 1955 rapprochent les services deplanification des entreprises locales.
Celles-ci sont invitées à équilibrer leur gestion et à y faire davantage participerleurs ouvriers.
Le 7e plan, septennal, lancé en 1959, entreprend une modernisation de l'économie tout en lui fixantdes objectifs grandioses, insistant tout particulièrement sur les biens de consommation.
II.
Les débuts de la coexistence pacifique
1.
Un nouvel équilibre
• Le lancement du Spoutnik, en 1957, établit enfin une égalité entre les deux superpuissances dans le domaine.
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