L'unification européenne

« Autorité de la CECA. Jean Monnet, dans son allocution, rappelle d'abord la situation difficile dans laquelle se trouvait l'Europe en 1950.

Ilévoque ensuite les grandes étapes de la construction européenne.

Puis il trace les grandes lignes du rôle quepourrait jouer dans le monde une Europe enfin unie.

L'EUROPE EN 1950 1-L'Allemagne occupée L'Allemagne vaincue est devenue un pays à part.

Elle est morcelée en quatre zones d'occupation.

Aux ruines de laguerre se sont ajoutées les réparations en nature qu'elle a dû verser, en particulier par le démantèlement de sesusines au profit de ses vainqueurs.

Elle porte le poids d'une immense responsabilité morale en raison des crimes deguerre et des crimes contre l'humanité commis par les nazis. En 1950, la situation s'est pourtant sensiblement améliorée en Allemagne occidentale : - Le « miracle allemand » est amorcé.

L'aide du plan Marshall, l'arrêt des prélèvements des occupants occidentaux,l'effort discipliné que les Allemands fournissent pour reconstruire leur pays tout en le modernisant produisent leurspremiers effets. - Politiquement aussi, l'Allemagne se rétablit.

La création de la RFA, en 1949, assure l'unité administrative entre lestrois zones d'occupations occidentales, permet le rétablissement de relations diplomatiques avec la plupart des paysdans le monde.

A l'instigation d'Adenauer, les Allemands acceptent de reconnaître leur part de responsabilité dansles crimes nazis et proposent d'indemniser les victimes juives en versant des réparations à l'État d'Israël. - En 1952, les accords de Bonn mettront fin au statut d'occupation. 2.

L'Allemagne au cœur d'une guerre froide - La première crise de Berlin a été victorieusement surmontée grâce au pont aérien réussi par les Alliés et, en mai1949, Staline a suspendu le blocus de la ville. - Mais la tension persistante et la menace de déclenchement d'une guerre chaude restent suspendues sur uneAllemagne occidentale qui, par sa position géographique, serait nécessairement le théâtre des principauxaffrontements.

. - Par ailleurs, la RFA se doit d'accueillir et d'intégrer les milliers de réfugiés de la RDA qui, chaque mois, réussissent àfranchir le rideau de fer. 3.

Une France dépendante Même si J.

Monnet ne l'évoque pas dans le texte, la France à la même époque, se trouve dans une situationpréoccupante. - La reconstruction du pays est désormais achevée.

Sa réussite est d'ailleurs en grande partie liée au « plan demodernisation et d'équipement » mis au point par Monnet lui-même et lancé en 1947. - Mais les difficultés financières subsistent.

Les déficits des balances de paiement contraignent les gouvernementsfrançais successifs à faire fréquemment appel à la générosité américaine.

La distorsion entre l'offre et la demandeprovoque une forte inflation qui se traduit par une « course » des salaires et des prix au détriment des salariés, cequi provoque des tensions sociales permanentes.

Le poids de la guerre d'Indochine et les difficultés intérieures d'une« Troisième force » qui doit affronter concurremment les menaces des communistes et des gaullistes du RPFajoutent à la confusion et au pessimisme du pays. LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE Face à des difficultés, sinon communes du moins comparables, les hommes politiques de France et d'Allemagneeurent le mérite de conjuguer leurs efforts et de donner aux deux pays un objectif à la fois noble et porteurd'avenir. 1.Un souci de pragmatisme Les obstacles, pourtant, ne manquaient pas.

Cinq ans seulement après la fin de la guerre et la découverte descamps de la mort nazis, les Français répugnaient encore à « collaborer » avec des Allemands dont ils pouvaient. »