Louis XIV douloureusement affecté par la mort du Grand Dauphin
Publié le 30/08/2013
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Le 9, une faiblesse et des mi¬graines l'obligent à « rompre sa partie de chasse «, l'une de ses activités favorites, et s'aliter. Son médecin, Fagon, redoute la petite vérole. Cel¬le-ci fait son apparition le 10 au soir. Pourtant, la faculté la juge bénigne. Le 12, Monsei¬gneur rêve les « yeux grands ouverts «. Le 14, un mardi, le roi préside comme à l'ordi¬naire, le conseil des Finances, le matin, et le conseil de Dé¬pêches, l'après-midi, tout en prenant le temps de se rendre plusieurs fois au che¬vet de son fils. Au cours de sa visite, peu avant le conseil de Dépêches, il est frappé de « l'enflure extraordinaire du visage et de la tête « qui af¬fecte le Grand Dauphin. Les harengères de Paris se préci¬pitent à Meudon en carrosses de louage pour saluer le prin¬ce malade, jurant qu'elles le sauveront en faisant chanter le Te Deum. Les courtisans lui rendent également visite, les uns après les autres, en un in¬terminable défilé.

«
La faute
du docteur Fagon ?
A quatre heures de l'après
midi, le dauphin est au plus
mal.
Son état empire d 'heu
re en heure .
Vers les sept
heure s du soir, quelques va
lets et courtisans se rendent
compte de l'état critique de
Monseigneur.
Mais Fagon,
qui règne en maître absolu
sur la médecine et la Cour ,
refuse de prévenir le roi et
madame de Maintenon .
Car
Louis XIV est à son souper.
..
Fagon propose à Monsei
gneur remède sur remède,
sans même en attendre l'ef
fet .
Le prêtre, qui tous les
soirs avant de se retirer
chez lui, prend des nou
velles de Monseigneur , le
découvre à l'agonie.
li l'en
tretient de Dieu , mais le
dauphin est hors d'état de
répondre.
Enfin, le roi sort
de table.
C'est alors que Fagon, forte
ment troublé, s'écrie: «Tout
est perdu ! » Un carrosse at
tend Louis XIV.
Mai s le sou
verain, qui, jusqu 'à présent.
n'a pas craint la contagion.
ne veut pas quitter Meudon .
Sans
connaissance, Monsei
gneur est à l 'ago nie .
Quelques courtisans retien
nent le roi, empressé de
voir une dernière fois son
fils .
Accourue auprès de son
cher Louis, madame de
Maintenon fait de son mieux
pour réconforter le souve
rain, dans le petit cabinet
attenant à la chambre de
Monseigneur.
La grande douleur
de Louis XIV
A onze heures du soir, Mon
seigneur n'est plus .
Fort af
fligé , le Roi-Soleil, emmené
par madame de Maintenon ,
part, une demi-heure plus
tard, se retirer à Marly .
La
Cour le suit .
En un instant,
Meudon se vide.
Ce soir-là,
le marquis de Sourches rap
porte que « le roi ne peut se
mettre au lit que trois
heures après être arrivé, ap
préhendant d'étouffer, tant
sa douleur était grande.
» Le
16 avril, madame de Mainte
non écrit : «]'ai vu le roi hier
à 11 heures , il est en proie à
une telle affliction qu 'elle
attendrirait un rocher.
Ce
pendant il parle à tout le
monde avec une tristesse
résignée et donne ses
ordres avec une grande fer
meté, mais à tout moment,
les larmes lui viennent aux
yeux et il étouffe des san
glots .
J'ai une frayeur mortel
le qu'il ne tombe lui-même
malade , car il a très mauvai
se mine .
Je le plains du fond
de l'âme.
»
La France
perd le meilleur
de ses rois
Tel fut le triste épilogue de
la triste vie d'un prince que
sa naissance destinait à ré
gner sur la moitié du monde .
Nombreux sont les histo
riens qui s'accordent à dire
que la France a, ce jour-là,
peut-être perdu le meilleur
de ses rois .
Le dauphin ai
mait la chasse, les carrou
sels, les courses de bague,
le mail, l'équitation .
li avait
réuni de merveilleuses col
lections , régné à Meudon
sur un cercle aussi fermé
que raffiné.
Chaque fois que
son père lui avait confié des
responsabilités militaires ou
politiques , il s'était montré
digne de la confiance royale.
Courageux et populaire dans
l'armée , attentif et toujours
ferme au conseil des Mi
nistres , il avait su se faire ai
mer des grands comme des
plus humbles .
DES FUNÉRAILLES
INDIGNES
Saint-Simon rapporte dans
ses Mémoires : « Le pourpre
mêlé à la petite vérole dont
il mourut , et la prompte
infection qui en fut la suite,
firent juger également inutile et dangereuse l'ouverture de
son corps.
» Aussi le roi ordonne-t-il aux officiers des
cérémonies de faire le
nécessaire .
Ceux-ci craignant la contagion s'enfuient du
château .
Six capucins d'un
couvent situé au bout du parc se chargent de la besogne.
Le cadavre du Grand
Dauphin, «fils de roi, père de
roi, jamais roi », est traité
comme celui d'un manant.
On ne songe même pas à
l'embaumer.
Le cercueil est
sans tenture ni luminaire.
C'est tout juste si l'on allume
quelques cierges autour
du catafalque.
Le jeudi suivant sa mort,
le Grand Dauphin est
transporté, dans un simple
carrosse, à Saint-Denis ,
où
il partagera désormais
la dernière demeure
de ses ancêtres.
~
"'
"' u a.
~.
»
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