L’orient et le puissances occidentales de 1798 à 1967
Publié le 24/01/2024
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L’orient et les puissances occidentales de 1798 à 1967
Le terme « Moyen-Orient » fait son apparition en 1902-1903, créé par les britanniques
et les américains pour désigner la zone s’étendant de l’Égypte aux Indes.
Dans ce devoir nous
en modifions légèrement les bornes pour s’intéresser à la zone s’étendant du Maroc à
l’extrémité Est de l’Iran.
Par ailleurs, il est important de noter que cette expression ne renvoie
pas à une réalité géographique mais à une logique géopolitique, en effet, le terme apparaît
tout d’abord pour répondre à des logiques commerciales et les peuples et pays englobés par
cette expression ne possèdent pas réellement une identité géographique commune.
Le sujet
défini une période d’étude des rapports entre l’orient et les puissances occidentales
(principalement les puissances européennes telles que la France, le Grande-Bretagne, la
Russie); à quoi ces dates correspondent-elles ? 1798 fait tout d’abord référence à la campagne
d’Égypte menée par Napoléon Bonaparte.
Celle-ci avait une visée expansionniste pour la
jeune République française mais aussi scientifique, des historiens et botanistes participant à
l’expédition dans le but de redécouvrir les « secrets » de l’Égypte.
D’autre part, 1967 désigne
l’année de la « guerre des Six jours », deuxième affrontement armé sur le territoire
Israelo-Palestinien marquant la conquête de nombreux territoires palestiniens par Israel et sa
nouvelle domination sur la région en question.
Durant cette période de plus de cent cinquante ans, la vision du moyen orient par les
puissances occidentales a drastiquement évolué; d'abord objet de fascination, puis espace
stratégique et enfin lieu dangereux de conflits violents.
Ce changement brutal de perception
renvoie au déclin progressif des empires Ottoman et Perse et à la difficulté des pays issus de
leur recomposition à se placer comme des acteurs géopolitiques stables économiquement et
politiquement parlant.
On peut donc se poser la question suivante; dans quelle mesure les
ambitions expansionnistes des puissances occidentales ont-elles participé à la déchéance du
Moyen-Orient ?
Nous étudierons tout d’abord une première période marquée par une forte
collaboration entre les différents acteurs et une fascination de l’Europe pour les pays de l’est
de la Méditerranée, de 1798 aux années 1870.
Puis nous nous pencherons sur l’impact de
l’impérialisme occidental et de la Première Guerre mondiale sur la chute des empires
Ottoman et Perse.
Enfin nous analyserons la recomposition du Moyen-Orient au lendemain
de la Grande Guerre et le rôle qu’a joué l’occident dans celle-ci.
Dès le XVIIIe siècle, l’Orient gagne l’intérêt de l’Europe mais c’est au XIXe siècle
qu’il se concrétise; les expéditions et collaborations se multiplient, et les représentations
artistiques présentent la région comme un paradis sur terre.
Alors que le Moyen-Orient devient un sujet de discussion et de curiosité pour les pays
occidentaux, Napoléon Bonaparte décide en 1798 de se lancer dans la « campagne
d’Égypte ».
D’abord militaire, en raison des ambition de conquête du jeune général, mais
aussi scientifique par le nombre d’historiens, d’archéologues et de botanistes qui la rejoignent
dans le but de se documenter sur ce qu’ils appellent « le berceau de la civilisation
occidentale ».
Cette expédition marque un tournant à la fois dans la manière dont est perçu
l’Orient ainsi que dans la structuration du monde ottoman.
Elle témoigne tout d’abord de
l’attrait culturel que le moyen orient suscite chez les occidentaux (la pierre de Rosette est par
exemple issue de cette campagne) mais elle signe surtout la perte de l’Égypte pour l’Empire
Ottoman et le début de la collaboration entre Le Caire et Londres.
En effet, pour éviter de
perdre totalement son territoire, l’Égypte décide de demander un soutien aux britanniques qui
repoussent avec succès les français en 1801, c’est le début de leur implantation dans la
région.
De plus, il apparaît à la même période un courant artistique témoignant de cet intérêt des
occidentaux pour cette région du monde : l'orientalisme.
Né vers la fin du XVIIIe siècle de la
fascination des européens pour l’Empire Ottoman, ce mouvement littéraire et artistique s’est
efforcer de présenter une image polie, paradisiaque et érotique de l’Orient.
Il est aujourd’hui
le symbole d’un « Orient créé par l’Occident » (Edward Saïd) et des outils au service de
l'impérialisme européen.
D’autre part, les collaborations politiques et économiques entre Couchant et Levant se
multiplient durant la première partie du XIXe siècle.
Ces associations sont de double utilité,
elles permettent tout d’abord aux pays européens de s'implanter plus concrètement d’un point
de vue économique et culturel au moyen-orient et elles accordent par ailleurs une protection
militaire aux orientaux ainsi qu’un allié majeur dans la géopolitique méditerranéenne.
On
peut citer dans ce cas précis l’exemple de la collaboration entre La Porte et la Grande
Bretagne portée par la volonté de Londres de conserver une zone d’influence sur la route des
Indes.
Dans le cadre de cette alliance, les britanniques se présentèrent comme des défenseurs
de la souveraineté ottomane durant le conflit qui a tiraillé le Liban entre France et Grande
Bretagne de 1840 à 1861.
À l’inverse, des pays comme la Perse et la Russie ont vu le XIXe siècle rythmé par leurs
affrontements et la collaboration à sens unique mise en place par Saint Pétersbourg au
lendemain de la défaite perse.
De 1826 à 1828, a lieu un second affrontement entre les deux
puissances, l’Iran perd et la Russie s’installe durablement dans la région du Sud-Caucase
imposant peu à peu sa souveraineté dans l’empire.
Ainsi, les puissances occidentales, par
l’intermédiaire d’alliances voulues ou non, s’installent au moyen orient et se placent au centre
des dynamiques commerciales de cette époque.
Néanmoins, ces collaborations apparaissent de plus en plus comme favorisant les
occidentaux et les puissances du Moyen-Orient semblent avoir du mal à s’imposer comme
des acteurs majeurs dans leur propre région.
La volonté expansionniste des puissances
occidentales apparaît la plus nette durant les périodes de colonisation.
En 1830, Charles X
souhaite affirmer sa puissance face au dey d’Alger et justifier sa position de pouvoir en
France; il entame donc une campagne militaire en Algérie, reprise par différents généraux
après la chute de la Monarchie de Juillet, qui amène la France à coloniser entièrement le
territoire algérien.
Cet événement illustre une des bascules majeures dans les rapports entre
Orient et Occident: l’Europe n’est plus un partenaire comme un autre, c'est un dominant.
La Guerre de Crimée précipite alors le Moyen-Orient dans un rôle beaucoup plus passif.
En
1853, face à la volonté de la Russie de contrôler le détroit du Bosphore pour obtenir une
entrée directe sur la Méditerranée, français et britanniques apportent leur soutien militaire à
l’Empire Ottoman espérant ainsi empêcher la Russie de bouleverser l’équilibre européen.
Le
bilan humain est désastreux pour les deux camps et la guerre se conclut en 1856 par le traité
de Paris qui proclame l’intégrité de l’empire ottoman et éloigne l’influence russe de la mer
Méditerranée.
Néanmoins, cette guerre coûteuse pousse l’empire ottoman à emprunter auprès
de la Grande Bretagne et crée peu à peu une relation de dépendance entre les deux pays.
Durant la première partie du XIXe siècle, le Moyen-Orient devient un sujet d’intérêt
pour l’Occident.
À travers des collaborations et des conflits, il apparaît peu à peu comme un
espace géostratégique majeur et les puissances occidentales renversent les relations à double
sens pour s’imposer comme force supérieure.
Au lendemain de la guerre de Crimée, l’Empire
ottoman entame une grande campagne de réformes (le Tanzimat) qui se conclut par la
création d’une constitution en 1876.
En 1873 commence une crise économique en Orient suivie de « la Grande
dépression » économique (1876-1893).
Celle-ci accélère le déclin de l’Empire Ottoman et
augmente fortement la dépendance de celui-ci aux puissances étrangères
menant à la banqueroute de 1877.
Cette période accroît la mainmise économique de
l’Occident sur le Moyen Orient, ne représentant plus seulement un lieu stratégique mais aussi
un endroit où obtenir des matières premières peu chères.
La Grande Bretagne et la France
cherchent à obtenir une influence sur des points stratégiques majeurs, comme le canal de
Suez, en devenant les principaux investisseurs de nombreux pays de la région.
Ainsi, dès les
années 1880, l’Égypte passe sous tutelle britannique (grâce notamment au canal de Suez)
alors que les finances Égyptiennes étaient déjà sous condominium franco-britannique depuis
1876.
En outre, en Perse, Londres parvient aussi à imposer son influence en investissant
massivement en capitaux dans cet État trop faible pour collecter efficacement les taxes.
C’est
dans ce contexte que la Perse accorde en 1772 à un britannique, Julius de Reuter, le
monopole de l’exploitation de chemins de fers, de mines, d’ouvrages d'irrigation, etc.
Cette
concession ne dure pas mais elle permet tout de même à de Reuter de s’imposer sur le marché
des finances Perse en créant en 1889 l’Imperial Bank of Persia qui s’impose comme banque
centrale jusque dans les années 1920.
Par ailleurs, s’ajoute à cette mainmise économique une diffusion de la culture
occidentale ainsi que la mise en place d’une tutelle européenne.
Suite à une l’implication de
la Grande Bretagne dans l’opposition à une révolte antifiscale dans les Balkans en 1875, les
puissances occidentales tentent une recomposition....
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