L'Italie de 1919 à 1940 (histoire)
Publié le 17/01/2022
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I - L'Italie pré-fasciste (1919-1922)
A. La situation en 1919. — a) L'économie italienne présente encore de nombreux traits d'archaïsme. Le secteur agricole reste le plus important avec 55 % de la population active. La division du sol entre immenses domaines latifundiaires et propriétés trop exiguës est un obstacle à la modernisation de l'agriculture, et la production de céréales, de viande et de produits laitiers est nettement insuffisante. L'industrialisation du pays s'est opérée dans des conditions très difficiles par manque de capitaux, de sources d'énergie (très peu de charbon) et de matières premières. Depuis le milieu du XIXe siècle, des industries se sont cependant implantées dans la moitié septentrionale du pays : textiles en Lombardie (Côme, Milan, Biella), sidérurgie à Terni et Gênes, métallurgie de transformation à Turin (FIAT) et dans les ports, etc. A la veille de la guerre, trois problèmes sont particulièrement préoccupants.
«
Le fascisme va profiter à la fois des divisions de l'extrême-gauche et de l'instabilité ministérielle.
Quatre fragilesgouvernements de coalition se succèdent en effet en 3 ans : Nitti gouverne de juin 1919 à juin 1920, Giolitti de juin1920 à juin 1921.
De juillet 1921 à février 1922 c'est Bonomi, suivi de Facta qui démissionne en juillet 1922.
B.
L'offensive prolétarienne de 1919-1921.
— La dépression économique de l'après-guerre n'a pas épargné l'Italie.Elle y revêt même un caractère de particulière gravité.
De très grosses sociétés comme l'Ilva ou l'Ansaldorencontrent de sérieuses difficultés.
D'autres sont acculées à la faillite.
C'est les cas du LLoyd Mediterraneo etsurtout de la Banca Italiana di Sconto, fondée pendant la guerre avec l'aide du capital français et devenue laseconde banque d'affaires de la péninsule.
L'augmentation du nombre des chômeurs (600 000 en 1921), et ladiminution du salaire réel, déclenchent un puissant mouvement de revendications ouvrières.
Les effectifs de laConfederazione Generale del Lavoro passent de 600 000 au début de 1919 à plus de 2 millions à l'automne 1920.
Dèsle printemps 1919 une vague de grèves avec occupation des locaux se développe dans les grandes villes du Nord.Elle culmine en août-septembre 1920 et frappe surtout les industries métallurgiques, textiles, et les chemins de fer.Les ouvriers constituent des soviets et assurent un peu partout la gestion de leurs entreprises.
Dans lescampagnes, les paysans se partagent les terres et se groupent en coopératives de production et en syndicats quiimposent aux grands propriétaires leurs conditions de travail et de rémunération.
Une détente s'opère en 1921 etc'est au « creux de la vague » que va se développer le mouvement fasciste.
C.
Naissance et essor du fascisme.
— a) Les origines du fascisme : Elles sont complexes.
C'est d'abord unphénomène européen.
Pour les historiens marxistes, réaction de défense du capitalisme menacé par la pousséesocialiste et syndicaliste et incapable d'assurer sa survie dans le cadre de la démocratie libérale.
En fait, si la classedirigeante apporte à partir d'un certain moment son aide financière au fascisme, celui-ci se développeessentiellement dans les classes moyennes souvent ruinées par la guerre et par la crise, et que menacent à gauchele collectivisme et à droite l'essor d'un capitalisme de monopoles.
C'est aussi une manifestation de la crise quiaffecte depuis la fin du XIXe siècle la conscience européenne : remise en cause du rationalisme, exaltation del'instinct, de la force, de l'élan vital (Nietzsche, Bergson).
L'Italie a connu dans les années de l'avant-guerre desmanifestations politiques de ce courant.
Le nationalisme du groupe florentin de Giovanni Papini et Enrico Corradini,celui du journal Uldea Nazionale que financent certains milieux d'affaires (l'Ansaldo de Gênes).
Il prend aussi uneforme artistique et littéraire avec l'esthétisme épique de d'Annunzio et le futurisme de Marinetti qui exalte la force,la vitesse et la guerre.
Mais le mouvement a aussi des aspects proprement italiens.
La symbolique est empruntée àla Rome impériale.
L'organisation, la clientèle et parfois l'esprit des squadre (groupes d'action) fascistes rappellentceux des bandes garibaldiennes.
Enfin certains historiens italiens (Salvemini) voient dans le fascisme un simpleaboutissement du caractère antiparlementaire et parfois brutal de l'Italie giolitienne.
b) Benito Mussolini (cf.
fiche biographique en annexe).
c) Naissance du fascisme : Le 23 mars 1919, Mussolini fonde à Milan avec d'anciens combattants des troupesd'assaut (arditi) les Fasci italiani di combattimento.
Le mot évoque les faisceaux des licteurs de l'ancienne Rome(symbole de l'autorité) mais aussi une tradition plus récente (faisceaux anarchisants des paysans siciliens en 1893,faisceaux interventionnistes, etc.).
Les débuts sont difficiles.
Le mouvement n'a que 17 000 membres à la fin de1919 et se heurte à la concurrence de d'Annunzio que la marche sur Fiume (sept.
1919) sacre héros national.
Auxélections de novembre 1919, les fascistes n'ont aucun élu et, à Milan, Mussolini obtient moins de 5 000 voix pour170 000 au candidat socialiste.
d) Le fascisme prend son essor à l'automne 1920 avec le reflux de la vague révolutionnaire.
La classe dirigeante aeu peur et est bien décidée à empêcher toute nouvelle initiative de l'extrême-gauche.
Les industriels, groupés dansla puissante Confindustria, apportent leurs subsides au fascisme qui bénéficie d'autre part de l'aide active ou tacitede l'appareil étatique : armée, qui fournit des armes et des cadres, police qui le plus souvent protège l'action dessquadre, justice, qui frappe plus lourdement à gauche qu'à droite (du 5 au 21 avril 1921, on compte 38 socialistestués pour 2 fascistes, 2 fascistes arrêtés contre 212 socialistes).
L'élection d'un maire communiste à Bologne, ennovembre 1920, déclenche les raids des squadre armées, motorisées et encadrées par d'anciens officiers.
Lesfascistes s'en prennent d'abord aux militants paysans, aux municipalités et coopératives rurales, notamment dans lavallée inférieure du Pô.
Puis ils dirigent leurs opérations punitives contre les syndicats urbains, contre les Maisons duPeuple et les journaux de gauche (iVAvanti, organe du parti socialiste est incendié à plusieurs reprises).
Desmilitants de gauche (parfois des membres du parti populaire, voire des libéraux) sont frappés à coup de gourdin(manganello), contraints d'absorber de l'huile de ricin ou assassinés.
Les progrès sont dès lors rapides : 200 000membres au début de 1921, 300 000 à l'automne, plus de 700 000 au printemps 1922.
En novembre 1921 est créé leparti national fasciste.
L'extrême-gauche divisée résiste mal, malgré l'apparition en 1922 des arditi del popolo.
Etlorsqu'en août 1922, les socialistes organisent une grève générale de protestation, les fascistes la brisent par laforce.
e) La prise du pouvoir : Les élections de mai 1921 n'ont amené à la Chambre que 32 fascistes pour 122 socialistes,16 communistes, 107 « populaires » et 240 députés constitutionnels.
C'est donc sur l'action directe que Mussolinicompte pour s'emparer du pouvoir.
Et aussi sur l'aide plus ou moins avouée des grands propriétaires (parti agrarien),des grands industriels et d'une partie de l'État-Major (généraux Cadorna et Diaz).
Les politiciens libéraux sont à peuprès sans réaction et le Roi songe avant tout à préserver sa couronne.
Fin octobre 1922, un congrès fasciste tenuà Naples organise la Marche sur Rome.
Tandis que Mussolini hésitant jusqu'à la dernière minute regagne Milan(proche de la frontière suisse) les quadrumvirs, Balbo, de Vecchi, del Bono et Bianchi, lancent le 27 leurs troupes sur.
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