L'investiture de P. Mendès-France
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
de conscience qui ait jamais troublé le pays ».
En mai 1952, sous le gouvernement Pinay, il ya signature du Traitéde Paris sur la C.E.D., qui doit créer une « armée européenne » ainsi que l'avait prévu le plan Pleven du 24 octobre1950.
Mais un traité n'engage vraiment la France que lorsqu'il a été ratifié après autorisation du Parlement.
Pendantdeux ans, l'opposition à la C.E.D.
est grandissante en France et, malgré les pressions américaines, la ratificationparlementaire ne se produit pas.La création de la C.E.D.
apparaît comme une étape décisive vers la création d'une Europe politique intégrée.
Aussi,le M.R.P.
(Mouvement Républicain Populaire) soutient-il le projet.
À l'inverse, au nom de l'indépendance nationale, lesgaullistes y sont hostiles.
Les communistes y voient un danger pour la paix, pour l'Union soviétique, dans la mesureoù la C.E.D.
permet un réarmement de l'Allemagne.
Il s'agit là « d'une perspective cruelle pour tous les Français »,qui ont connu les horreurs de la Seconde Guerre mondiale.Cette considération explique que tous les autres partis soient divisés : les radicaux, les modérés et mêmes lessocialistes (habituellement) disciplinés n'ont aucune attitude commune.
Les « aspirations » des uns (construirel'Europe) et les « scrupules » des autres (réarmer les héritiers du me Reich et accepter une limitation de lasouveraineté de la France) sont contradictoires.Pour résoudre le problème, Pierre Mendès-France part d'un constat : « l'une de ces données est la nécessité d'unréarmement occidental imposé par la situation internationale ».
Il s'agit d'une allusion au climat de guerre froide, quipersiste encore en ces années 1953-1954.
Par exemple, le blocus de Berlin n'a pris fin que cinq ans plus tôt.
Stalineest mort en mars 1953, mais en juin, la révolte de Berlin-Est est écrasée.
En août 1953, les Soviétiques ont faitexploser leur première bombe H...
et les États-unis demandent à leurs alliés de participer plus activement à leurpropre défense.Si le réarmement est nécessaire, selon Mendès-France, cela signifie que le réarmement de l'Allemagne est inévitable.Il reste à savoir si les forces de la R.F.A.
et donc celles de la France seront intégrées ou non dans la C.E.D.La position de Mendès-France consiste à essayer de rapprocher les points de vue.
Aussi s'emploie-t-il au cours del'été 1954 à concilier les inconciliables.
Il tente de faire adopter un compromis aux partisans et adversaires de laC.E.D.
qui composent son gouvernement.
Il négocie avec nos partenaires pour faire ajourner les clauses desupranationalité prévues dans le traité de Paris ; c'est l'échec.Aussi à la fin du mois d'août, sur cette question capitale, le gouvernement n'engage pas sa responsabilité etannonce même que ses membres s'abstiendront.
Ainsi Mendès-France ne lie pas le sort de son gouvernement à celuide la C.E.D.
Le 30 août 1954, le Parlement refuse le traité.
La C.E.D.
est morte mais ses partisans et en particulierle M.R.P.
ne pardonnent pas à Mendès-France la « trahison » ou « le crime du 30 août ».Ultérieurement, ainsi que cela était prévisible, on trouve une solution de remplacement pour réarmer l'Allemagne.
Lesaccords de Londres et de Paris (octobre et décembre 1954) permettent d'élargir l'Union de l'Europe Occidentale(créée en 1948), à l'Allemagne et à l'Italie.
La souveraineté de chaque État est ainsi sauvegardée, tandis que laR.F.A.
se dote d'une armée et adhère à l'O.T.A.N., à la grande satisfaction des Etats-Unis.En France, cette « solution » ne convient nullement aux communistes qui s'opposent constamment à Mendès-France, malgré le caractère « progressiste » de son oeuvre en Tunisie.
IV - LA LIBÉRALISATION EN AFRIQUE DU NORD (la fin du texte)
En termes vagues, Pierre Mendès-France fait allusion à la situation en Afrique du Nord.
« Le Maroc et la Tunisie...
nedoivent pas devenir des foyers d'insécurité et d'agitation.
»Au Maroc, la situation s'est dégradée depuis août 1953, date à laquelle les autorités françaises ont déposé leSultan, qui soutenait le parti de l'indépendance : l'Istiqlal.
En Tunisie, l'heure était également à la répression depuis1952, sans que la situation s'améliorât, bien au contraire (recrudescence du terrorisme).
Après avoir rendu hommageà l'oeuvre française et annoncé son intention de la défendre.
Pierre Mendès-France annonce également « laréalisation des promesses que nous avons faites à des populations qui ont eu foi en nous...
».
En d'autres termes, ilpense que la répression ne suffit pas et qu'on peut pacifier la région en procédant à des réformes.Le gouvernement de Mendès-France n'eut guère le temps d'accomplir une oeuvre considérable.
Cependant, il réussità débloquer la situation, particulièrement en Tunisie.
Non seulement, on assouplit les conditions de détention deBourguiba, mais le 31 juillet, Pierre Mendès-France, en Tunisie, reconnaît dans une déclaration lue au Bey «l'autonomie interne de l'État tunisien ».
Autrement dit, le processus de décolonisation est engagé.Au total, le gouvernement de Mendès-France permet d'engager la décolonisation en Asie (Indochine, comptoirsfrançais de l'Inde) et en Afrique du Nord.
Il pense régler ultérieurement le problème marocain, étant entendu que laquestion de l'Algérie ne se pose pas encore.
Du reste, après la Toussaint 54, Pierre Mendès-France tente de fairedisparaître la «rébellion », en usant de la répression, mais aussi en tentant de procéder à des réformes de structure.On retrouvera ainsi appliquée à l'Algérie la politique qu'il entendait exécuter dans les protectorats.La déclaration d'investiture sur ce point est rédigée en termes très généraux : ce qui est parfaitementcompréhensible.
En revanche, elle est particulièrement précise en ce qui concerne la manière dont Mendès-Franceentend gouverner.
V - UNE NOUVELLE MANIÈRE DE GOUVERNER (dernier paragraphe)
«Il n'y aura pas de ces négociations interminables que nous avons connues ».
Par cette déclaration, qui fait unetrès vive impression, Pierre Mendès-France affirme avec force ses prérogatives constitutionnelles.
Il entend fairerespecter la lettre et l'esprit de la Constitution, en rompant avec la pratique constitutionnelle.
« Le choix desministres...
appartient au président du Conseil ».
C'est ainsi que Pierre Mendès-France ne veut consulter aucungroupe parlementaire, aucun état-major politique.
Il choisit ses ministres en fonction de leurs qualités personnelles,refusant de se soumettre aux marchandages et tractations habituels.
Le gouvernement (constitué en 48 heures)est ainsi au-dessus des partis et non la représentation des partis (« le gouvernement sera en ce que seront ses.
»
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