L'Inquisition
Publié le 08/11/2018
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CONTRE LES HÉRÉSIES
Le mot «inquisition» (du latin inquisitio, enquête) désigne la procédure mise en place au Moyen Âge par la papauté pour lutter contre les hérésies, et, par extension, les tribunaux ecclésiastiques chargés de poursuivre les hérétiques. Créée pour lutter contre les cathares dans le sud
de la France et contre les vaudois en Italie, l'inquisition a ensuite étendu son activité à d'autres catégories de «déviants», comme les devins, les sorciers, les blasphémateurs...
AVANT L'INQUISITION
L’Inquisition pontificale, en tant que juridiction d’exception, est instituée en 1231 par Grégoire IX. Si l'hérésie et les ennemis de la foi étaient déjà poursuivis avant cette date, l'autorité ecclésiastique s'en tenait à des peines spirituelles, dont la plus grave était l'excommunication (l'exclusion hors de la communauté des croyants). L’Église respectait alors le principe inspiré par ses premiers Pères et énoncé par saint Bernard de Clairvaux : la foi doit être adhésion sincère, et non imposée.
• Toutefois, dans la seconde moitié du xiie siècle, le contexte change : les hérésies prennent une ampleur inquiétante, et l'Église cherche de nouveaux moyens de répression pour les enrayer. L'hérésie cathare fait l’objet en 1184, d'une mesure d’excommunication en même temps que toutes les hérésies existantes : les évêques sont chargés de faire rechercher les suspects dans leur juridiction, les coupables étant remis au pouvoir laïc, qui leur applique les peines en vigueur (généralement l'emprisonnement et la confiscation des biens).
Contre les cathares, ou albigeois Cette lutte contre l'hérésie connaît une importante extension avec le succès de la foi propagée par les albigeois (ou cathares) dans le sud de la France. Innocent III envoie des légats investis des pleins pouvoirs dans toutes les régions menacées.
En 1209 débute la croisade dite «des albigeois» : sur les terres conquises par les chevaliers du nord du royaume, l'autorité ecclésiastique entend extirper tous les vestiges de l'hérésie. C'est la procédure appliquée aux cathares qui va être institutionnalisée et étendue à l'ensemble des ennemis de la foi.
Mise en place de L'Inquisition
La «procédure inquisitoire», qui va donner son nom à l'inquisition, permet de poursuivre d'office toute personne soupçonnée. Elle est définie dans la décrétale Licet Heli de 1213, complétée par la décrétale Per tuas lifteras.
Toutes les mesures antihérétiques
se trouvent confirmées par le concile de Latran IV (1215) et reprises par les autorités civiles, Frédéric II, Louis VIII, Blanche de Castille ou encore le comte de Toulouse.
L'INQUISITION
■ Grégoire IX donne une forme précise à la répression par la constitution Excommunicamus de 1231.
• La même année, le pape désigne Conrad de Marbourg, un prêtre séculier, pour appliquer la nouvelle législation dans l’Empire germanique. Doté de pouvoirs presque illimités, Marbourg devient rapidement très impopulaire : fanatique et agissant sans discernement, il est assassiné en 1233, ruinant à jamais l'inquisition dans l’Empire.
• Toujours en 1233, l'inquisition est étendue à la France. Dès la fin de cette même année et au début de 1234, des tribunaux sont institués à Avignon, Montpellier et Toulouse. En 1237, des juges sont installés à Carcassonne. L'Inquisition est progressivement instaurée en Italie entre 1235 et 1237, et, en 1238, en Aragon.
Excommunication Croisade Concile Constitution Extension Révolte de Reddition Concile L'Inquisition est L’Inquisition Abolition
des hérésies des albigeois de Latran IV Excommunicamus à la France Raymond Trencavel et de de Vienne installée en Castille est installée officielle en
Raymond VII de Toulouse Montségur au Mexique Espagne
GIORDANO BRUNO
Philosophe et dominicain né en 1548 dans le royaume de Naples, devenu panthéiste, hostile au système aristotélicien, défenseur des thèses de Copernic et novateur lui- même dans le même registre, il est accusé d'hérésie dès 1576 et doit s'exiler hors de la péninsule italienne. Il va à Genève, à Toulouse, à Paris (il enseigne à la Sorbonne en 1582). Puis il revient à Venise, où il rencontre Galilée, est trahi, livré au Saint-Office, mis en procès pendant plusieurs années et enfin, en 1600, brûlé vif à Rome sur le Campo dei Fiori (place des Fleurs).
«
appelées pénitences arbitraires, sont Raymond VIl de Toulouse, lui aussi 1262, tout religieux qui fait verser le ses victimes proportionnellement LA CONGRÉGATION
imposées par les inquisiteurs.
Elles sont dépossédé , et les nobles cathares.
sang encourt en principe une nombreuses.
DE LA SUPRfME INQUISinON
les seules infligées à ceux qui se sont Hormis l'incendie du couvent des condamnation canonique) ou de • En 1478, à la demande des Rois Bien que l'Inquisition et son tribunal présentés dans les temps (ce que l'on dominicains à Narbonne, le l'illégalité commise.
C'est alors l'apogée Catholiques et avec l'autorisation du Saint-Office- à la tête duquel appelle le «lemps de grâce»).
Ce sont soulèvement n'est que de peu de l'Inquisition , les actions se du pape Sixte IV, un tribunal de s'illustra fray Tomas de Torquemada - la fustigation au cours de la messe, les d'ampleur.
Le siège de Carcassonne multiplient, ainsi que les bûchers .
l'Inquisition est créé dans le royaume ait été abolie en Espagne en 1834, la visites aux églises, les pèlerinages, échoue fin 1240, et Trencavel doit De nouveau, des plaintes s'élèvent et de Castille (alors que l'Inquisition existe congrégation de la Suprême Inquisition l'entretien d'un pauvre, le port de la s'enfuir.
En mai 1242, les inquisiteurs de parviennent jusqu'au pape Clément V.
déjà en Aragon depuis 1238).
Ses cibles a contitué d'exister au Vatican jusqu'en croix sur les vêtements.
Toulouse, Guillaume Arnaud, Étienne sont d'abord les juifs convertis 1908.
À cette date, elle s'est transformée • La peine normale de l'hérétique de Narbonne et leurs compagnons, LE DÉCLIN (conversas ou marranos), suspects de en congrégation du Saint-Office, converti est la prison à vie, souvent sont assassinés à Avignonet, victimes L'Institution connaît un déclin rapide «judaïser» en secret, et les morisques notamment en charge de l'Index (liste réduite par l'inquisiteur, qui a le droit d'un guet-apens tendu par les dès la fin du Xlii' siècle, à cause (Ma ures convertis dont la sincérité des ouvrage prohibês, qui, après de moduler les peines.
Il existe deux hérétiques réfugiés à Montségur.
notamment des abus de pouvoir et des paraît également douteuse), puis les 32 éditions, a cessé d'être publiée en modes de détention, le «mur large » et 1244 est l'année de l'épilogue tragique exactions des inquisiteurs, de leur protestants et tous les coupables de 1966} , puis, en 1965 , par la volonté du le «mur étroit», beaucoup plus sévère de Montségur, l'une des dernière s usage fréquent de la torture, ainsi que diverses «déviances» (sorce llerie , pape Paul VI, en congrégation pour la (réclusion solitaire) .
Il faut souligner places fortes cathares : 200 personnes des conditions d'emprisonnement.
D'où bigamie, blasphème ...
).
doctrine de la loi.
que la prison comme peine est y sont brûlées.
Entre 1250 et 1257 , un phénomène de rejet, d'autant plus • L'Inquisition est un tribunal pratiquement inco nnue avant cette l'Inquisition juge 306 accusés : 21 sont important qu'en cette fin de Xlii' siècle ecclésiastique soumis à la fois au pape en 1483, se signale par son fanatisme époque: c'est une nouveauté dans brûlés, 239 condamnés au mur étroit.
l'Inquis ition ne se justifie plus, car les et au roi.
Des tribunaux provinciaux anti-juifs, sa rigueur impitoyable et le l'histoire de la justice.
En 1273, la population de la cité-État hérésies cathare et vaudoise ont été sont mis en place dans tout le royaume nombre de ses victimes (environ 2000), • L'hérétique obstiné, ou relaps (qui est de Sermione est accusée de cacher un fortement laminée s.
de Castille à partir de 1480 : par ce qui suscite de vives protestations, retombé dans ses erreurs après avoir évêque cathare.
La répression y fait Clément V confie en 1306 une enquête exemple à Séville, dès le mois surtout en Aragon et en Catalogne, et abjuré), est abandonné à l'autorité 200 victimes .
d'octobre.
C'est dans cette même ville provoque la réprobation du pape séculière, qui le condamne au bûcher • Ailleurs en France, la situation est qu'a lieu quelques mois plus tard le Sixte IV lui-même .
(c'est la «peine de feu»), ce qui a pour moins organisée, en grande partie du «avantage» de ne pas laisser de fait de l'inqu isiteur nommé par le pape, RESSOURCES reliques aux partisans des brûlés.
Robert le Bougre, qui agit de manière Les revenus de l'Inquisition proviennent De plus, les peines sont considérées si violente à La Charité-sur-Loire qu'il ici aussi p rincipalement des comme des pénitences salutaires.
Ainsi est suspendu par Grégoire IX.
Rentré confiscations des biens des condamnés.
la condamnation au bûcher est-elle en grâce, il reprend ses brutalités, ces En effet, même si un hérétique se perçue par l'Église comme un acte de dernières culminant avec le bûcher de repent, il est certes «réconcilié» avec rédemption pour l'accusé, car, si son 183 accusés en Champagne, en 1239, l'Église, mais il doit subir une pénitence corps meurt.
le plus important est que ce qui entraîne de nouveau sa disgrâce .
et ne peut récupérer ses biens .
En cas son âme soit sauvée par ce geste concernant les inqui siteu rs de de non-repentir, il est remis au bras purificateur.
EN ITALIE Carcassonne à deux cardinaux, premier autodafé (cérémo nie séculier et brûlé à l'issue de l'autodafé.
• Hormis pour une minorité La tâche des dominicains y est gênée par Béranger Frédol et Pierre Taillefer de publique expiatoire où sont lues les d'inquisiteurs trop zélés, la peine de l'hostilité des gibelins (partisa ns des La Chapelle.
Même si l'enquête est sentences prononcées par le tribunal PROCÉDURE empereurs german iques) .
L'un des finalement abandonnée, des mesures en présence des coupables et où sont La procédure inquisitoriale est secrète.
inquisiteurs, Pierre de Vérone, est même sont prises pour améliorer les dressés les bûchers ).
Tout commence avec le «temps de assassiné en 1252.
En 1254 , Innocent IV conditions de vie des prisonniers de grâce» durant lequel les hérétique s confie la répression de l'hérèsie aux l 'Inquisition .
Clément V promulgue par sont incité s à se présenter devant les franciscains dans toute l'Italie centrale la suite, en 1312, lors du concile de inquisiteurs pour se dénoncer ou en et dans la partie orientale de la plaine Vienne, les constitutions Multorum dénoncer d'autres.
L'accusé est du Pô, les dominicains gardant la querela et No/entes qui exigent la emprisonné dans les geôles de Lombardie et la Marche de Gênes .
collaboration des inquisiteurs et des l'Inquisition jusqu'au procès.
Présumé évêques pour tous les actes importants coupable, il ne connaît pas le motif LES INQUISITEURS ET LE PAPE de la procédure, en particulier la exact de son arrestation ni le nom de Innocent IV veut suivre de près le torture, la gestion des prisons et la ses dénonciateurs ou des témoins à exceptionnelle (Bernard Gui en a fonctionnement des tribunaux promulgation des sentences.
Jean XXII charge.
Il est maintenu dans un a;
prononcé 40 dans toute sa carrière).
restreint encore les pouvoirs de • De nouveau x tribunaux apparaissent : isolement total.
et son défenseur, choisi u Plus de 90% des accusés semblent avoir l'Inquisition dans la décrétale Cum Cordoue en 1482 , Santiago, Jaén, par les inquisiteurs, a essentiellement il été relâchés après des peines légères.
Matth ' au profit de l'autorité chargée des Si l'on continue de nommer des Valladolid, Avila, Medina del Campo, pour arracher des aveux, mais , ., c ~~~ dépenses de l'Inquisition, d'où une inquisiteurs, leurs fonctions deviennent Ségovie et Sigüenza.
Ceux de Valence, contrairement à la légende, elle n'est i;,i certaine tendance à s'en prendre aux accessoires et leurs décisions sont Barcelone, Saragosse -dans pas plus cruelle que dans les autres dl riches.
L'Inquisition n'a pourtant pas contestées.
En 1458, les habitants de la couronne d'Aragon- existent depuis tribunaux criminels, en Espagne ou 'i3 1 fait fortune : ses dépenses sont Lyon font même arrêter l'inquisiteur déjà plus de deux siècles .
L'Inquisition ailleurs.
' ..J ~ considérables, et ses gains restent Bernard Tremosii .
De plus, les progrès est établie au Mexique en 1571.
Les sentences rendues par les juges sont l:lli modestes.
de la centralisation, le développement gardées secrètes jusqu'au jour de leur ill des administrations et des juridictions ORGANISATION proclamation publique au cours de ::di 1 1 J'loi Ji li [,]li mettent en cause le bien-fondé de Chaque tribunal est composé de deux l'autodafé .
Les différents châtiments sont -~~ i l'Inquisition.
Ainsi la république de inquisiteurs, un assesseur, un le port du san benito (habit de pénitence P~ L'APOGÉE DU Xlii' SIÈCLE Venise veut-elle chasser elle-même les fonctionnaire de police, un procureur et d'infam ie) à vie ou pendant un temps ~~:i L'Inquisition connaît une expansion avec les inquisiteurs, qui conduisent hérétiques.
En France , le tribunal du et·le personnel subalterne.
À Madrid, fixé, le bannissement.
la prison dans une c 1 rapide : toute la Chrétienté est le pape à mettre l'Inquisition sous la Dauphiné finit par être subordonné au un Conseil suprême de l'Inquisition geôle ou dans un couvent, les galères, ~~l concernée dès le milieu du Xlii' siècle, tutelle de l'évêque d'Agen {1248) .
parlement de Grenoble et.
en 1509, le centralise et contrôle l'activité des cent ou deux cents coups de fouet au rn a ;::::1 sauf l'Angleterre.
Les dominicains renoncent alors à leur Grand Conseil casse les sentences de différents tribunaux.
Il est dirigé par cours d'un itinéraire à travers la ville, ou ~"' '.
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