Liberté ou contrôle de l’information
Publié le 20/06/2023
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et
modes de communication
B) Liberté ou contrôle de
l’information
1) L’information dépendante de l’opinion ? L’affaire Dreyfus et la presse
1.1) L’enracinement de la république et l’essor de la presse
1.2) Le traitement médiatique de l’affaire Dreyfus
2) L’information entre le marché et l’État : histoire de l’Agence Havas et de
l’AFP
2.1) La première agence de presse : l’agence Havas
2.2) De 1945 à 1981 : renouveau démocratique et nouveaux médias
2.3) De 1981 à nos jours, libéralisation et difficultés économiques
3) Information et propagande en temps de guerre : les médias et la guerre du
Vietnam
3.1) Guerres et contrôle des médias
3.2) La médiatisation de la guerre du Vietnam (1964-1973)
1
Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et
modes de communication
B) Liberté ou contrôle de
l’information
Photo « Le président Franklin Delano Roosevelt lors d’une émission de radio en 1942 »
1) L’information dépendante de l’opinion ? L’affaire Dreyfus et la presse
Une 3 p221 « J’accuse, l’Aurore, 13 janvier 1898 »
Quels liens la démocratie entretient-elle avec la liberté d’information depuis
la fin du XIX° siècle ? La presse fait-elle ou suit-elle l’opinion ?
Quel rôle la presse a-t-elle joué dans la mobilisation de l’opinion publique durant l’affaire
Dreyfus ?
1.1) L’enracinement de la république et l’essor de la presse
La liberté d’information est indissociable de la démocratie.
A l’exception des
périodes de guerre, cette dernière est définitivement installée en France depuis la fin
du XIX° siècle.
Elle repose sur le vote au suffrage universel qui reflète l’opinion
publique générale.
Or les citoyens doivent être informés afin de pouvoir faire leur
choix, tandis que leurs opinions doivent pouvoir s’exprimer entre deux votes.
C’est
alors que les médias interviennent.
Sous la III° République, la démocratie s’enracine alors que la presse française connaît
un âge d’or et devient un média de masse.
La loi du 29 juillet 1881 lui confère une
liberté quasi-totale et permet l’apparition de journaux d’opinion (La Croix,
L’Intransigeant) et d’information comme Le Petit Parisien.
L’essor de la presse ouvre
alors un espace propice aux débats contradictoires, participant à la formation de
l’opinion publique tout en constituant le reflet.
L’affaire Dreyfus (1894-1906)
constitue un des meilleurs exemples d’affrontement politique par presse interposée.
1.2) Le traitement médiatique de l’affaire Dreyfus
Dossier p222-223 « L’affaire Dreyfus, une campagne de presse antisémite et nationaliste
»
En décembre 1894, le capitaine Dreyfus est condamné à la déportation sur l’île du
Diable pour espionnage.
En novembre 1896, Le Matin publie un bordereau ayant permis
de condamner Dreyfus qui entraîne l’identification du coupable, Esterhazy, par le
colonel Picquart.
La presse relaie d’abord la condamnation du capitaine Dreyfus, puis
peu à peu, les « preuves » censées justifier sa culpabilité.
La lettre ouverte d’Émile
Zola au président de la République, parue à la une de l’Aurore en janvier 1898,
relance l’affaire.
Dès lors, la presse alimente un véritable feuilleton judiciaire dans
lequel des dizaines de journaux s’engagent pour ou contre la culpabilité de Dreyfus,
pour ou contre la révision du procès.
La caricature, simplificatrice et directe, devient
un moyen efficace de diffuser les idées de chaque camp.
En juillet 1898, Picquart est emprisonné et Zola condamné pour son article s’exile à
Londres.
En août, Jean Jaurès écrit une série d’articles sur l’affaire dans La Petite
République.
En juillet 1899, Esterhazy reconnaît sa culpabilité dans un récit publié par
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et
modes de communication
Le Matin.
En 1899, Dreyfus condamné au terme de son second procès, est gracié.
Face aux dreyfusards qui combattent au nom de la justice et des droits de l’homme, les
antidreyfusards défendant l’honneur de l’armée et la raison d’Etat, alimentent une
violente campagne antisémite contre le
« Juif Dreyfus », notamment dans La Libre Parole d’Edouard Drumont.
Le
revirement progressif de la presse, d’abord majoritairement antidreyfusarde, témoigne
du ralliement progressif de la frange républicaine modérée à l’idée de l’innocence de
Dreyfus.
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et
modes de communication
En février 1898, 48 journaux (87% des titres et 92% des tirages) sont
antidreyfusards, 3 (5% des titres et 2% des tirages) sont pour la révision du procès,
2 (7% des titres et 2% des tirages) sont Dreyfusards.
En septembre 1899, 28 journaux (52% des titres et 58% des tirages) sont
antidreyfusards, 9 (16% des titres et 27% des tirages) sont pour la révision du procès,
17 (31% des titres et 15% des tirages) sont Dreyfusards.
Psst… et Le Sifflet, deux quotidiens consacrés à la caricature, sont fondés en
février 1898 à l’occasion de l’affaire Dreyfus et se répondent mutuellement
pendant toute une année.
« L’affaire Dreyfus a pris naissance et a été porté devant l’opinion publique en 1896, le
jour où fut publié dans Le Matin le fac-similé du fameux bordereau.
Peu à peu, l’affaire se transforma en question politique, divisant le pays et la presse en
deux camps ennemis, prêts à se mesurer, prêts à en venir aux mains.
Il a fallu aux
caricaturistes, bleus, blancs ou rouges, se déclarer dreyfusiens ou anti-dreyfusiens, de
même que, toujours pour obéir aux nécessités du moment, ils commencent à s’appeler
sémites ou antisémites.
Esclaves de l’actualité, ce grand mal moderne, journaux à images et
dessinateurs sont donc forcés de descendre dans l’arène, chaque fois que surgit
un événement nouveau.
»
John Grand-Carteret, 1898, journaliste pionnier de l’iconologie.
Conclusion
D’abord contenue dans le huis-clos de la justice militaire, la condamnation du
capitaine Dreyfus devient une affaire quand elle est médiatisée par la presse.
Feuilleton judiciaire à sensation qui facilite les ventes, c’est aussi une affaire politique
dans laquelle la presse d’opinion polémique et participe à la division de l’opinion
publique autant qu’elle en est le reflet.
2) L’information entre le marché et l’État : histoire de l’Agence Havas et de
l’AFP
Carte « L’AFP dans le monde aujourd’hui »
Comment l’agence Havas devenue AFP se positionne-t-elle face au pouvoir économique
et au pouvoir d’État ? Comment une agence de presse comme Havas, devenue l’AFP,
assume-t-elle sa mission d’information ?
2.1) La première agence de presse : l’agence Havas
En 1835, Charles-Louis Havas crée à Paris la première agence d’information
internationale : Havas.
Dès 1845, l’adoption du télégraphe garantit aux journaux
abonnés des nouvelles régulièrement actualisées.
En dix ans, l’agence s’assure le
quasi-monopole de l’information en France.
La branche publicité, crée en 1852, finance
la branche information, en permanente évolution technique.
Très rapidement, la nature
des clients se diversifie avec l’abonnement aux fils de dépêches d’entreprises et
d’administrations.
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et
modes de communication
Entre 1848 et 1851, le modèle fait des émules en Europe puis aux États-Unis.
En 1859,
pour faire face au coût élevé des transmissions télégraphiques, les agences Reuter
(Londres), Wolff (Berlin), et Havas s’entendent pour se partager le monde en zone pour
la collecte et la diffusion des informations.
En 1870, Associated Press (New York)
rejoint cette alliance qui prend fin en 1934.
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et
modes de communication
Le contexte de la Seconde Guerre mondiale, qui requiert la mobilisation de toutes les
ressources, facilite la mainmise des États sur les organes de presse et le
rétablissement de la censure à des fins de propagande.
En France, la défaite de
1940 et l’occupation allemande entraînent la suspension de la liberté d’information.
La branche information de l’agence Havas devient l’OFI (office français d’information)
sous tutelle des forces d’occupation.
A Londres, des journalistes....
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