Liban de 1990 à 1994 : Histoire
Publié le 16/01/2019
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Depuis la conclusion de l'accord de Ta’if en octobre 1989, le Liban connaît progressivement une paix relative, née de la résignation à être sous tutelle syrienne. La pax syriana n’a pas pour autant levé toutes les hypothèques politiques et économiques qui pèsent sur le Liban, enjeu d'un bras de fer israélo-syrien qui le dépasse.
La fin du réduit chrétien
Destiné à produire un rééquilibrage politique en faveur des musulmans et, surtout, à légitimer la présence syrienne au Liban, l'accord entériné à
Ta'if par les députés libanais ne met pas fin à la « guerre de libération nationale » menée depuis mars 1989 par les forces chrétiennes du général Aoun et de Samir Geagea contre l'armée syrienne. Mais les divisions internes du camp chrétien en auront raison. Dès la fin de janvier 1990, la lutte reprend à Beyrouth entre les deux factions.
De plus en plus isolé politiquement après le ralliement de Samir Geagea aux accords de Ta’if, affaibli militairement par le blocus décrété contre lui par le gouvernement
libanais, le général Aoun n’est plus en mesure de résister à l'assaut final lancé en octobre 1990 par les troupes syriennes. Réfugié à l’ambassade de France, il ne parviendra à bénéficier de l’asile politique offert par ce pays qu’en août 1991.
Un État restauré
sous « protectorat » syrien
La défaite du principal opposant à l’accord de Ta’if permet à l’État libanais, présidé depuis octobre 1989 par Elias Hraoui, d'affirmer son autorité. Elle confirme également le

«
Forte
de son soutien à la coalition
ami-irakienne, la Syrie impose sa
loi au Uban.
Ci-dessus: des
soldats syriens erie ponrair
d'Ha fez el-Assad dans une rue
de Beyrouth.
©Al Jawad · Sipa P�ss statut
de « protectorat »syrien imposé
au Liban et accepté par les puissances
occidentales, qui récompensent ainsi
Damas pour son rôle dans la guerre du
Golfe.
En février 1991, et pour la
première fois depuis 1978, les troupes
du nouveau gouvernement d'union
nationale dirigé par Omar Karamé se
déploient dans le sud du pays.
Par
ailleurs, en mars 1991, ce même
gouvernement approuve un plan visant
à dissoudre toutes les milices années,
qui se sont retirées de Beyrouth dès
novembre 1990.
Accepté par les trois
principales milices du pays, il est refusé
par les fractions armées de I'OLP et,
dans le Sud, par les forces du
Hezbollah (milice chiite pro-iranienne)
et de l'ALS (milice pro-israélienne).
Un accord passé entre le
gouvernement et I'OLP en juillet 1991
rend toutefois possible le déploiement
pacifique des troupes libanaises dans la
zone de Saïda.
Les membres des
milices dissoutes sont.
quant à eux, à
partir de juin 1�1, intégrés au sein des
structures de l'Etat.
Le rétablissement de l'État libanais
reste cependant limité par son
allégeance à régard de l'occupant syrien.
marquée par la signature, en mai 1991, d'un traité « de fraternité, de coopération et de coordination » entre les deux pays et.
en septembre, d'un accord de sécurité.
Le retrait de Beyrouth des troupes syriennes, entamé en mars 1992, conformément à l'accord de Ta'if, constitue un pas important en direction de l'indépendance libanaise.
n est
cependant resté sans lendemain, puisque plus de trente mille soldats syrjens sont encore déployés au Liban.
L'Etat d'Israël conserve, quant à lui.
sa zone de sécurité dans le sud du pays.
Après avoir lancé en juin 1991 ses
attaques les plus violentes depuis 1978 contre les bases palestiniennes, l'État hébreu multiplie, à partir de février
1992.
ses actions de représailles dans la
zone.
Elles sont désormais
essentiellement dirigées contre les
forces du Hezbollah, qui.
avec
l'approbation de la Syrie, se livrent à un harcèlement permanent à la
frontière nord d'Israël.
Les répliques
israéliennes.
systématiques, culminent
en intensité durant le mois de juillet 1993.
Cette double occupation restreint la
marge de manœuvre du Liban dans le
cadre du processus de paix au Proche·
Orient.
Le pays est engagé dans ce
dernier depuis la conférence de Madrid
d'octobre 1991, mais il ne s'est signalé
jusqu'à présent que par son alignement
total sur les positions syriennes.
Beyrouth (comme Damas) réclame le
retrait inconditionnel d'Israël comme
préalable à tout accord de paix et
rejette ainsi, en août 1994, une
proposition israélienne soumise, à ses
yeux, à trop de conditions.
L'impossible équilibre politique ?
Bien que l'État de droit progresse au
Liban.
comme le prouve la libération
en juin 1992 des deux derniers otages
occidentaux, la situation politique
interne n'en reste pas moins tendue.
Le
gouvernement dott d'abord
remédier à la situation économique,
aggravée par la lenteur de la
reconstruction, notamment faute de
capitaux.
En mai 1992, le
gouvernement Karamé démissionne
après de violentes manifestations
contre sa politique et contre la
corruption.
Quant au nouvel équilibre
institutionnel prévu à Ta'if entre
musulmans et chrétiens, il est très
compromis.
L'élection, d'août à
octobre 1992, d'une nouvelle
Assemblée nationale n'améliore pas la
situation.
Organisée sous contrôle
syrien et entachée de nombreuses
irrégularités, elle est largement
boycottée par les chrétiens.
Le taux
d'abstention ayant été supérieur à
70 % et les manipulations du scrutin
ayant permis l'entrée en nombre de
candidats prosyriens, cette Assemblée
est dotée d'une faible légitimité auprès
de la population.
La formation, en
novembre 1992, sous la direction de
Rafik Hariri, un musulman sunnite, du
premier gouvernement qui ne soit pas
composé sur une base exclusivement
confessionnelle, mais dont les
ministères politiques sont confiés à des
proches de la Syrie, ne rassure pas la
communauté chrétienne ;
cette dernière est, par ailleurs,
profondément traumatisée par
l'arrestation de l'un de ses principaux
chefs, Samir Geagea, accusé d'être
responsable d'un attentat meurtrier
contre une église maronite au nord de
Beyrouth en février 1994.
Vaincus
militairement en 1990, les chrétiens ont
la sensation d'être également les
« perdants »de la paix.
Unanimement
critiqué pour son autoritarisme, le
gouvernement se dédouane
partiellement par le vote, en juillet
1994, d'une loi favorable au pluralisme
dans les médias..
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