Liban de 1980 à 1989 : Histoire
Publié le 01/12/2018
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Terrain des affrontements du Proche-Orient, le Liban n’est plus aujourd’hui qu'un pays occupé, déchiré par les rivalités qui opposent les multiples forces politico-militaires qui tentent de se substituer à l'Etat libanais en déliquescence.
Affrontements entre chrétiens et musulmans
Nommé Premier ministre le 28 octobre 1980, à la suite de la démission du musulman Sélim el-Hoss, qui protestait contre le non-respect de la charte de l'entente proclamée le 5 mars, Chaffic Wazzam, hostile à la présence des Palestiniens, tente de maintenir la souveraineté de l’État sur l'ensemble du territoire. Tâche d'autant plus difficile que l'on assiste à une dangereuse escalade.
En avril 1981 s’engage ainsi à Beyrouth une épreuve de force entre la Force arabe de dissuasion (FAD), constituée essentiellement de soldats syriens, et les Phalanges libanaises (Kataeb), dirigées par Bechir Gémayel, qui avait réussi à s'imposer à Beyrouth est face aux partisans de Camille Chamoun. chef du PNL (parti national libéral), et à l’armée libanaise. Le conflit dégénéré rapidement face à la détermination de la Syrie de maintenir ses forces au Liban, au risque même d'entrer en conflit direct avec Israël, qui réaffirme son intention de venir en aide aux Phalanges libanaises. La destruction des hélicoptères syriens qui pilonnaient les positions phalangistes du Zahlé, capitale historique du mont Liban chrétien, par les forces israéliennes marque la première intervention directe de l’État hébreu. La guerre entre Syriens et Israéliens est évitée in extremis, grâce à la médiation de l’émissaire spécial du président Ronald Reagan, Philip Habib, d’origine libanaise, qui parvient à apaiser les ardeurs du président syrien Hafez el-Assad, du Premier ministre israélien Menahem Begin et enfin de l'OLP, qu'il invite à la trêve. Les troupes syriennes acceptent de lever le siège de Zahlé après avoir obtenu le retrait des phalangistes qui sont remplacés par des soldats de l'armée libanaise. Mais à Beyrouth le cessez-le-feu, intervenu le 24 juillet, reste très précaire. La Syrie exige la rupture de tous les liens entre les Kataeb et l’État hébreu.
L'opération «Paix en Galilée»
Déclenchée par Israël le 6 juin 1982 sous le prétexte de protéger la Cisjordanie des actes terroristes perpétrés à partir du territoire libanais par les Palestiniens, l'opération «Paix en Galilée» a pour objectif de détruire l'infrastructure politique et militaire de l'OLP (ainsi que les bases syriennes). Dès le 3 juillet. Beyrouth ouest est totalement encerclé par l'armée israélienne. Les forces de l'OLP qui acceptent finalement d'évacuer la capitale libanaise quittent Beyrouth à partir du 21 août sous la protection de contingents français de la Force multinationale d'interposition (FMI). Mais la mort, dans un attentat, du commandant en chef des Forces libanaises unifiées (FL), Bechir Gémayel, qui venait d'être élu à la présidence de la République le 23 août 1982, brise tout espoir de normalisation. Le 15 septembre, l'armée israélienne pénètre dans les quartiers ouest de Beyrouth qui avaient été évacués prématurément par les forces de la FMI. Les tensions sont très vives entre Palestiniens et phalangistes qui appellent à la vengeance. Le jeudi 16, des miliciens phalangistes, autorisés à franchir les
lignes israéliennes, pénètrent dans les camps palestiniens de Chatila et de Sabra, et se livrent à de véritables massacres parmi les feddayin mais également parmi la population civile. Elu le 21 septembre à la présidence, Amine Gémayel, le frère aîné de Bechir, tente de rallier à lui l’ensemble des factions. Mieux admis que son frère chez les musulmans, il est également soutenu par les progressistes et dispose de l’appui inconditionnel de Washington, qui approuve l'orientation pro-occidentale du gouvernement. Il parvient à s'imposer en faisant investir Beyrouth ouest par l’armée libanaise, en désarmant les forces libanaises et en obtenant des Israéliens qu'ils évacuent la ville dès le 4 octobre. Les Israéliens refusent néanmoins de quitter le territoire tant qu'un accord politique ne sera pas conclu avec le Liban. Tout le sud reste ainsi contrôlé par l’armée du Liban libre, commandée par le commandant chrétien Saad Haddad soutenu par Israël, tandis que les Syriens maintiennent leurs positions à l’est et au nord du pays.
La guerre des camps
La réunification de Beyrouth ne dissimule en rien l'occupation qui perdure et la reprise de la guerre des camps dans certains districts libanais, comme ceux du Chouf et d’Alez, où s’affrontent phalangistes et Druzes du parti socialiste progressiste (PSP) dirigé par Walid Joumblat, ou encore à Tripoli, dans le nord du pays, où se battent les factions rivales palestiniennes prosyrienne et antisyrienne. L’évacuation des troupes d’occupations, nécessaire à la restauration de la souveraineté de l’État, est d’autant plus difficile que de nombreuses factions considèrent certaines troupes étrangères comme des alliées. C'est le cas du mouvement chiite libanais favorable à la FAD et au Hezbollah soutenu par Téhéran. Finalement, au terme de quatre mois de longues négociations, où le vice-président américain George Bush et Philip Habib prennent une part active, un accord de non-belligérance entre le

«
L'élection
présidentielle
en septembre 1988
ravive le contentieux
entre les deux camps adverses,
incapables de s'accorder
sur une candidature qui
satisfasse les deux parties.
Aussi, le préside/Il
Amine Gémayel (à droite)
nomme-t-il, avant de se retirer,
le général chrétien Michel Aow1
à la direction d'un
gouverneme /11
militaire d'exception.
© G.
Hobeiche • Sygmfl Liban
et Israël intervient le 17 mai
1983.
Présenté comme un moindre mal
ct comme le seul moyen d'éviter la
partition du Liban, cet accord, qui
prévoit le départ des troupes
israéliennes, est aussitôt dénoncé par
la Syrie.
Il est également condamné
par toute une frange de l'opposition
qui s'allie pour constituer un Front de
salut national sous la direction de
Walid Joumblat et auquel participe le
musulman sunnite Rachid Karamé et
le chrétien maronite Soleiman Frangié.
S'il juge en des termes négatifs le bilan
de l'intervention syrienne, Joumblat
espère trouver en Damas un allié
suffisamment solide pour affronter le
Front libanais {chrétien), dont il
conteste la légitimité.
Aussi le repli des
forces israéliennes sur la rivière Awali
a-t-il à peine commencé le 3 septembre
qu'éclatent de violents combats dans le
Chouf entre milices chrétiennes et
Druzes.
Dès le 16, l'armée libanaise
intervient avec l'aide de l'artillerie
américaine.
À la faveur de la
médiation saoudienne, un cessez-le-feu
est signé le 25.
Les inimitiés entre les
différentes personnalités politiques
réunies à Genève pour une conférence
de réconciliation nationale du 31
octobre au 4 décembre 1983 illustrent
la difficulté que le pouvoir central
rencontre pour imposer aux différentes
parties tout compromis et pour faire
accepter l'accord israélo-libanais de
mai 1983.
Si Israël réitère son intention
de quitter le pays, la Syrie ne cesse
d'accroître son influence.
Dans la
partie qu'ils occupent, les Syriens
réussissent à expulser tous les membres
de l'OLP, réunis à Tripoli.
Le climat de violence s'aggrave.
La
force d'interposition, affectée par la
mort de 239 marines américains et de
58 parachutistes français lors d'un
double attentat perpétré le 23 octobre
1983, ne paraît plus en mesure de
protéger la population civile face à la
multiplication des actes terroristes
animés par l'Iran et la Syrie.
Les raids
de l'aviation israélienne dans la région
de Baalbeck sont particulièrement
meurtriers.
À partir de 1984, les
affrontements entre les miliciens du
mouvement chiite Amal (l'Espoir),
dirigé par Nabih Berri, et l'armée
libanaise s'intensifient.
Les tentatives
de dialogue lancées par Amine
Gémayel achoppent constamment sur
le refus de Nabih Berri qui continue
d'exiger une modification du système
représentatif avec l'introduction de la
règle de la majorité.
Les miliciens
chiites ayant repris le contrôle de
Beyrouth ouest (dès le 6 février 1984),
et réinstauré ainsi la ligne de
démarcation entre les secteurs chrétien
et musulman, les États-Unis, l'Italie
puis la France décident le retrait des
forces multinationales.
Pour éviter que
la situation ne dégénère encore, le
président Gémayel accepte d'annuler, le
16 février, l'accord israélo-libanais
du 17 mai 1983.
Mais le nouveau plan
de paix, d'inspiration saoudienne, est
rejeté par la Syrie.
Dès lors, le
mouvement chiite s'intensifie et va
tenter de détruire, avec l'aide de
Damas, tous ses anciens alliés, les
partis progressistes, les Mourabitouns
sunnites, les Palestiniens, les Druzes
de Walid Joumblat, mais aussi les
membres du Hezbollah, chiites, mais
soutenus par l'Iran.
La capacité des
miliciens d'Amal à mobiliser les foules
et leur recours fréquent aux actions
suicides (comme à Tyr le 4 novembre
1983) et aux détournements d'avions
(comme celui de la TWA en juin 1985)
ainsi qu'aux prises d'otages, leur
permettent d'affirmer leur présence.
L'entrée de chiites en mai 1984 au sein
du gouvernement d'unité nationale
dirigé par Rachid Karamé est loin de
satisfaire les revendications de la
communauté chiite libanaise,
longtemps exclue de tout pouvoir
économique et politique, et ne peut
mettre fin à la guerre des camps de plus
en plus meurtrière.
Dans le sud du
Liban toujours occupé par Israël, et
cela malgré un accord tacite entre
Amal et Israël, les affrontements
donnent lieu à des massacres et à l'exil
�es populations chrétiennes.
A Beyrouth ouest, où s'affrontent les
milices musulmanes, et à Beyrouth est,
où s'affrontent les milices chrétiennes,
l'anarchie est à son comble.
L'accord
signé le 28 décembre 1985 à Damas
entre les chefs des trois principales
milices libanaises Elie Hobeika (Forces
libanaises), Nabih Berri (Amal) et
Walid Joumblat (Druzes) qui devait
mettre fin à l'état de guerre sous l'égide
de la Syrie et favoriser un rééquilibrage
du système confessionnel au profit des
musulmans, est aussitôt dénoncé par
les sunnites exclus des négociations et
par les Phalanges chrétiennes.
Elie
Hobeika est contraint de fuir la zone
dominée par les phalangistes.
Les
conflits interconfessionnels et
intercommunautaires, ravivés encore par
les interventions étrangères, font
des ravages.
Le Liban n'est plus qu'un
vaste champ de bataille.
Acculés à la
famine par le blocus alimentaire
imposé par les militaires du
mouvement d'Amal, les Palestiniens
réfugiés dans les camps sont même
contraints le 6 février 1987 de
demander aux autorités religieuses
l'autorisation de se nourrir de chair
humaine.
Le retour des Syriens
et le défi de Michel Aoun
À la demande de Rachid Karamé, les
troupes syriennes pénètrent le
22 février 1987 dans Beyrouth ouest.
Si
le retour en force des Syriens met
momentanément fin à la guerre des
camps, il attise la haine des chrétiens
de Beyrouth est.
De plus, les
opérations perpétrées contre le
Hezbollah par l'armée syrienne
ravivent la résistance chiite pro
iranienne.
Le 6 mai 1988, le Hezbollah
riposte et parvient à éliminer les
miliciens d'Amal de la banlieue sud de
Beyrouth.
La succession du président
de la République Amine Gémayel,
dont le mandat arrive à expiration le
22 septembre 1988, est l'occasion de
longues tractations entre les députés
du camp chrétien et du camp
musulman.
Mais aucune des
candidatures ne satisfait les deux
communautés.
Juste avant de sc
retirer, le président nomme à la tête du
gouvernement militaire d'exception le
général chrétien Michel Aoun.
Mais
celui-ci n'est évidemment pas reconnu
par les musulmans, qui apportent leur
soutien au sunnite Sélim el-Hoss qui
avait été chargé d'assurer l'intérim,
après la mort, dans un attentat le 1"
juin 1987, de Rachid Karamé.
Avec
deux gouvernements la partition de fait
du pays est comsommée.
Le général
Aoun qui avait réussi, en février, à
imposer sa présence en écartant du
camp chrétien les Forces libanaises
appelle à la ,
qui prévoit un rééquilibrage.
»
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