L'historien et les mémoires de la 2nde guerre mondiale
Publié le 13/02/2013
Extrait du document
«
- L’identification de l’identité française autour de la Résistance
- L’oubli pur et simple du régime de Vichy
De Gaulle va juger Vichy « nul et non avenant ».
Cependant, le gouvernement de Vichy a une légitimité
populaire car les députés de l’Assemblée Nationale l’ont élu et ont donné les pleins pouvoirs à Pétain.
En Europe, les autres pays occupés ont installé leur gouvernement à Londres et laissé les autorités allemandes
diriger seules.
Cela leur ôte toute culpabilité par rapport à l’Occupation.
Il y a cependant une France une négation de ce régime légitime de Vichy.
De Gaulle veut notamment éviter
l’occupation américaine, en montrant que tous les français ont été résistants derrière lui.
En effet, la France veut éviter
d’être mise au rang des vaincus, ce qui lui vaudrait d’être soumise au plan d’occupation américain des pays vaincus.
Churchill apporte son soutien aux français, une manière de faire contrepoids sur la question coloniale, de plus
en plus contestée par les américains et les russes.
A – La lecture gaulliste de la guerre : le refoulement de Vichy lors de la mémoire officielle
Document 3 page 53 : Tous derrière « l’homme du 18 juin »
De Gaulle va mettre en place l’image d’une France unie et résistante, ce qui va passer par le refoulement de
Vichy.
On s’identifie aux résistants, héros qui ont permis la libération de la France.
Dans le gouvernement provisoire de Gaulle en 1944, on gomme tous les différends.
Le MRP (Mouvement
Républicain Populaire), le PCF (Parti Communiste Français) et le SFIO (Section français de l’Internationale ouvrière)
s’unissent pour véhiculer l’image d’une France majoritairement résistante, dans laquelle de Gaulle sert de repère, de
symbole : c’est en effet l’homme du 18 juin.
En 1946 sort en salles un film de René Clément, La Bataille du rail , qui glorifie la France résistante.
La
projection de ce film est obligatoire à l’école.
L’historien Henry Rousso, pour qualifier cette identification massive à la résistance, invente le terme de
« résistancialisme » : mythe développé surtout par les gaullistes et les communistes pour assimiler la Résistance à
l’ensemble de la population et pour minorer le rôle de Vichy et de la collaboration.
→ Comment gomme-t-on Vichy de la mémoire officielle ?
- Tous les décrets de lois de Vichy sont annulés, car Vichy est déclaré non légal
- Comme Vichy est non légal, les français ne sont pas responsables
- L’épuration est judiciarisée
Derrière cette attitude, il y a déjà l’idée de vite réconcilier la nation, car en accusant seulement quelques
responsables, on dédouane la majorité qui sait ce qui s’est passé, et qui culpabilise d’avoir été pour Vichy jusqu’en
1942.
L’épuration a été très sèche avec les mauvaises gens, les artistes, mais beaucoup plus clémente avec les
politiques et la bourgeoisie.
On a besoin de recréer une élite.
Il y a quand même des symboles de cette épuration,
comme la condamnation de l’entreprise Renault (nationalisée après la guerre), qui a délibérément collaboré.
On voit avec le résistancialisme la mise en place d’une histoire officielle en totale distorsion avec la vérité
historique, pour des raisons idéologiques.
Cela annule la responsabilité française dans la Collaboration.
A l’époque, la
France élude la déportation des juifs et refuse de se confronter à la spécificité du calvaire de cette population.
B – La mémoire communiste : une lecture partisane de l’Histoire
Document 4 page 53 : Le parti des fusillés
La mémoire communiste de la guerre apparaît en opposition à la mémoire gaulliste, se faisant parti des
« 75.000 fusillés communistes » (environ 10.000 réellement fusillés).
On est là aussi dans la construction d’une
mémoire officielle, notamment pour des raisons idéologiques.
Le PCF devient pour beaucoup le parti de la résistance.
Les communistes se sont battus contre le totalitarisme.
D’ailleurs, l’URSS est pour beaucoup le pays sacrifié
de la guerre.
Mais le PCF réussit à faire oublier qu’il n’entre dans la résistance que lorsqu’Hitler attaque l’URSS, en 1941.
La mémoire est donc encore une fois falsifiée.
La mémoire de la résistance gaulliste et celle de la résistance communiste entrent en conflit, chacun essayant
de s’octroyer l’honneur d’avoir été résistant.
Mais les deux partis savent aussi se réunir, se retrouver lors de meetings
communs, pour s’opposer par exemple à la CED (Communauté Européenne de Défense).
Ils savent jouer de leur passé
commun.
C – Une image erronée de la déportation : l’occultation des déchirures
Après la guerre, on essaye de faire un amalgame en rayant les différences entre les déportés : on ne distingue
pas un déporté politique d’un déporté pour cause raciale ou de mœurs.
Il y a cette volonté de les réunir sous la même.
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