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L'historien et les mémoires de la 2nde guerre mondiale

Publié le 13/02/2013

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Thème 1 : Le rapport des sociétés à leur passé Question N°2 : L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France Problématique : Comment les historiens ont-ils contribué à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France ? Introduction : Document page 51 : Qu'est-ce que la mémoire ?, d'Enzo Traverso Les mémoires sont diverses et parfois conflictuelles. Car la mémoire n'est pas l'histoire d'un événement ; elle est un souvenir subjectif et en partie reconstruit a posteriori. La mémoire ne peut donc être dissociée d'une réflexion critique sur ses utilisations en s'interrogeant sur qui et quoi elle sert, et dans quel but. Après 1945, le bilan de la guerre est lourd pour la France : le pays est détruit, à sec, à cause de l'économie de pillage qu'il a subi pendant l'Occupation. Mais pour la France, la reconstruction est surtout politique et morale, à cause de la place très particulière du régime de Vichy pendant la guerre. La question qui se pose est la suivante : comment sortir d'une guerre qui a mis fin à l'idéal républicain, avec un régime collaborationniste qui a profondément divisé les français ? Après la « Débâcle « de 1940, les français sont largement attentistes. Ils subissent l'Occupation, et il faut attendre 1942 pour voir les premières contestations face au régime de Vichy. A partir de là, deux camps s'affrontent, surtout après la Libération de 1945. On est très proches de la guerre civile, entre d'un côté les partisans réels ou soupçonnés du régime de Vichy et de l'autre les forces issues de la Résistance. Cette période est marquée par l' « Epuration « : des milices commencent à traquer les « collabos «. Cependant, on observe des dérives : des gens sont accusés à tort, plusieurs femmes accusées d'avoir eu des relations avec des soldats allemands sont tondues... Ensuite, des tribunaux officiels sont mis en place pour régler le problème de l'Epuration. -> Comment se souvient-on de la Seconde Guerre mondiale aujourd'hui, et comment évoluent ces souvenirs ? Les historiens portent un intérêt de plus en plus grand aux mémoires, différentes en fonction du rapport des personnes à la guerre. Le travail de l'historien est de décrire l'histoire de ces mémoires. C'est un travail difficile car la mémoire intègre vécu, émotion et sensibilité, ce qui la rend très subjective. La mémoire évolue aussi : elle oublie, sélectionne, exagère... Si bien que selon tel ou tel témoin, nous n'aurons pas la même description d'un événement. La mémoire s'entretient aussi : à l'école, lors des commémorations... Mais elle peut aussi s'étioler. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas parler de la mémoire, mais des mémoires de la Seconde Guerre mondiale. L'historien doit s'appuyer sur les documents et les mémoires pour essaye de créer une reconstitution plausible du passé, avec une remise à distance entre les faits et les émotions. Il doit faire la part entre les distorsions, les oublis... et la réalité des événements. La manière dont la société se souvient est révélatrice du rapport qu'elle entretient avec le passé. Pour l'historien, il n'y a pas de « Devoir de mémoire «. Il ne cherche pas de responsables. Son seul souci est un devoir d'histoire, une remise à distance entre les faits et les souvenirs. Est-ce que pour autant le travail d'un historien est toujours objectif ? N'est-il pas indubitablement piégé par son époque, par l'inconscient collectif ? Est-ce que finalement ces interprétations n'entrent pas parfois en conflit ? La question que l'on va se poser est de savoir comment a évolué l'image de la guerre chez les français et dans les différents groupes qui l'ont vécue, et de réfléchir aux raisons des tensions et divisions entre certains acteurs du passé et qui continuent à provoquer des conflits aujourd'hui. I - L'après-guerre et la construction des « mémoires officielles « : 1945-1947 Dès la fin de la guerre, on voit une manifestation de la volonté de ressouder la population. Pour cela, il faut formuler un consensus, qui va passer par la mise en place de plusieurs mémoires officielles : - L'identification de l'identité française autour de la Résistance - L'oubli pur et simple du régime de Vichy De Gaulle va juger Vichy « nul et non avenant «. Cependant, le gouvernement de Vichy a une légitimité populaire car les députés de l'Assemblée Nationale l'ont élu et ont donné les pleins pouvoirs à Pétain. En Europe, les autres pays occupés ont installé leur gouvernement à Londres et laissé les autorités allemandes diriger seules. Cela leur ôte toute culpabilité par rapport à l'Occupation. Il y a cependant une France une négation de ce régime légitime de Vichy. De Gaulle veut notamment éviter l'occupation américaine, en montrant que tous les français ont été résistants derrière lui. En effet, la France veut éviter d'être mise au rang des vaincus, ce qui lui vaudrait d'être soumise au plan d'occupation américain des pays vai...

« - L’identification de l’identité française autour de la Résistance - L’oubli pur et simple du régime de Vichy De Gaulle va juger Vichy « nul et non avenant ».

Cependant, le gouvernement de Vichy a une légitimité populaire car les députés de l’Assemblée Nationale l’ont élu et ont donné les pleins pouvoirs à Pétain. En Europe, les autres pays occupés ont installé leur gouvernement à Londres et laissé les autorités allemandes diriger seules.

Cela leur ôte toute culpabilité par rapport à l’Occupation. Il y a cependant une France une négation de ce régime légitime de Vichy.

De Gaulle veut notamment éviter l’occupation américaine, en montrant que tous les français ont été résistants derrière lui.

En effet, la France veut éviter d’être mise au rang des vaincus, ce qui lui vaudrait d’être soumise au plan d’occupation américain des pays vaincus.

Churchill apporte son soutien aux français, une manière de faire contrepoids sur la question coloniale, de plus en plus contestée par les américains et les russes. A – La lecture gaulliste de la guerre : le refoulement de Vichy lors de la mémoire officielle Document 3 page 53 : Tous derrière « l’homme du 18 juin » De Gaulle va mettre en place l’image d’une France unie et résistante, ce qui va passer par le refoulement de Vichy.

On s’identifie aux résistants, héros qui ont permis la libération de la France. Dans le gouvernement provisoire de Gaulle en 1944, on gomme tous les différends.

Le MRP (Mouvement Républicain Populaire), le PCF (Parti Communiste Français) et le SFIO (Section français de l’Internationale ouvrière) s’unissent pour véhiculer l’image d’une France majoritairement résistante, dans laquelle de Gaulle sert de repère, de symbole : c’est en effet l’homme du 18 juin. En 1946 sort en salles un film de René Clément, La Bataille du rail , qui glorifie la France résistante.

La projection de ce film est obligatoire à l’école. L’historien Henry Rousso, pour qualifier cette identification massive à la résistance, invente le terme de « résistancialisme » : mythe développé surtout par les gaullistes et les communistes pour assimiler la Résistance à l’ensemble de la population et pour minorer le rôle de Vichy et de la collaboration. → Comment gomme-t-on Vichy de la mémoire officielle ? - Tous les décrets de lois de Vichy sont annulés, car Vichy est déclaré non légal - Comme Vichy est non légal, les français ne sont pas responsables - L’épuration est judiciarisée Derrière cette attitude, il y a déjà l’idée de vite réconcilier la nation, car en accusant seulement quelques responsables, on dédouane la majorité qui sait ce qui s’est passé, et qui culpabilise d’avoir été pour Vichy jusqu’en 1942.

L’épuration a été très sèche avec les mauvaises gens, les artistes, mais beaucoup plus clémente avec les politiques et la bourgeoisie.

On a besoin de recréer une élite.

Il y a quand même des symboles de cette épuration, comme la condamnation de l’entreprise Renault (nationalisée après la guerre), qui a délibérément collaboré. On voit avec le résistancialisme la mise en place d’une histoire officielle en totale distorsion avec la vérité historique, pour des raisons idéologiques.

Cela annule la responsabilité française dans la Collaboration.

A l’époque, la France élude la déportation des juifs et refuse de se confronter à la spécificité du calvaire de cette population. B – La mémoire communiste : une lecture partisane de l’Histoire Document 4 page 53 : Le parti des fusillés La mémoire communiste de la guerre apparaît en opposition à la mémoire gaulliste, se faisant parti des « 75.000 fusillés communistes » (environ 10.000 réellement fusillés).

On est là aussi dans la construction d’une mémoire officielle, notamment pour des raisons idéologiques.

Le PCF devient pour beaucoup le parti de la résistance. Les communistes se sont battus contre le totalitarisme.

D’ailleurs, l’URSS est pour beaucoup le pays sacrifié de la guerre. Mais le PCF réussit à faire oublier qu’il n’entre dans la résistance que lorsqu’Hitler attaque l’URSS, en 1941.

La mémoire est donc encore une fois falsifiée. La mémoire de la résistance gaulliste et celle de la résistance communiste entrent en conflit, chacun essayant de s’octroyer l’honneur d’avoir été résistant.

Mais les deux partis savent aussi se réunir, se retrouver lors de meetings communs, pour s’opposer par exemple à la CED (Communauté Européenne de Défense).

Ils savent jouer de leur passé commun. C – Une image erronée de la déportation : l’occultation des déchirures Après la guerre, on essaye de faire un amalgame en rayant les différences entre les déportés : on ne distingue pas un déporté politique d’un déporté pour cause raciale ou de mœurs.

Il y a cette volonté de les réunir sous la même. »

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