L'HISTOIRE A LA FIN DU XIXe SIECLE
Publié le 17/01/2022
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La fin du XIXe siècle n'a pas apporté de principe nouveau dans les méthodes de l'histoire, telles qu'elles avaient été fixées pendant la période précédente. Oeuvre de science et oeuvre d'art, l'histoire doit s'appuyer solidement sur les faits établis par les documents, et tout à la fois y retrouver la vie du passé et en tirer des leçons pour l'avenir. Ainsi en est-il dans une imposante série d'oeuvres de large envergure, dignes pendants de celles que nous avons précédemment signalées.
Albert Sorel (1842-1906), esprit aux larges vues et à la vaste culture, professe que l'historien véritable est celui qui sait des documents dégager des idées, et en faire sortir des généralisations. Sans doute, « les explications et interprétations du passé ne sont que des hypothèses ; nous n'approchons de la réalité que par des nuances toujours mouvantes, et l'histoire doit se refaire tous les cinquante ou vingt-cinq ans, suivant la rapidité et l'extension des découvertes... «. Mais, tous les cinquante ou vingt-cinq ans, il faut oser récrire l'histoire, et la récrire en y faisant circuler des idées qui y mettent un ordre à tout le moins provisoire.
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Certaines provinces de l'histoire, négligées jusqu'alors, ont été défrichées à mesure que se développaient lessciences du passé, archéologie, épigraphie, numismatique.
Il faut mettre au premier rang Gaston Boissier (1823-1908), qui, par son enseignement plein de verve autant que solide, a renouvelé l'étude de l'antiquité latine.
DansCicéron et ses amis (1875) il ressuscitait tout un milieu social et donnait l'exemple de rendre aux choses et aux gensde l'antiquité les couleurs de la vie.
Dans ses Promenades archéologiques, il a été le créateur d'un genre, quiconsiste à faire surgir du sol et à réveiller dans leur cadre, à l'aide des vestiges qui en subsistent, les civilisationsdisparues.
— Le livre de Beulé sur l'Acropole d'Athènes, a été, lorsqu'il parut en 1876, une révélation.
—L'histoire del'art a pris dans la littérature comme dans l'enseignement une place toute nouvelle.
Le livre essentiel est ici lesMaîtres d'autrefois (1876) d'Eugène Fromentin.
Peintre et en même temps écrivain, auquel on doit un des chefs-d'oeuvre du roman d'analyse, Dominique (11863) et des impressions très personnelles sur le Sahara et le Sahel,Fromentin (1820-1876) a fait de ce livre un trésor d'idées sur lesquelles a longtemps vécu la critique d'art.
A sonécole s'est formé un écrivain qui joint à la connaissance de la technique le goût le plus affiné et le plus sûr.
Robertde la Sizeranne (1866-1933), dont le livre sur Ruskin et la religion de la Beauté (1897) a aidé à la renaissance del'idéalisme en art.Ce qu'a fait Joseph Bédier pour restituer à la France le mouvement épique du moyen 'âge, Emile Mâle l'a fait pourl'architecture et la sculpture, dans son ouvrage, capital sur l'Art religieux du XIII° siècle en France (1908), complétépar l'Art religieux à la fin du moyen âge et l'Art religieux du XII° siècle (1922).
Il y montre comment la cathédrale estjusque dans les détails de son ornementation un vivant symbole, et comment l'art religieux du moyen âge, héritier deRome et de Byzance, est un admirable miroir de l'âme française.L'histoire religieuse a été continuée par Mgr Duchesne (1843-1923) ; son Histoire de l'Eglise allie la plus sûreérudition aux agréments d'un style formé à l'école des écrivains du XVIIe siècle, et fait aux exigences durationalisme moderne toute la part compatible avec la foi.
Georges Goyau excelle à démêler, dans la penséecontemporaine, les grands courants religieux, à définir leurs directions, à montrer comment ils se mêlent aux autrescourants sans se confondre avec eux.
La petite histoire.
Un mouvement de curiosité très vif, s'est manifesté, depuis la fin du XIXe siècle, en faveur de l'histoire biographiqueet anecdotique : elle est devenue un véritable genre, participant de l'histoire pour la sûreté et la minutie del'information, et donnant au lecteur une impression de piquante intimité.
Le passé reprend les couleurs de la vie etl'attrait du détail curieux dans les livres de G.
Lenôtre : Vieux papiers, Vieilles Maisons ; Le marquis de la Rouerie ;Tournent ; Le Drame de Varennes ; Cadoudal.
Ce genre est celui de la « petite histoire », c'est-à-dire d'une histoirequi évoque tout ce que dédaigne l'histoire officielle, celle des guerres, des institutions, de la diplomatie — genrecharmant, de constitution tout à fait légitime et qu'il ne faut pas confondre avec cette parodie de l'histoire qu'a étérécemment « l'histoire romancée » dont la mode n'a été qu'une erreur passagère, aujourd'hui définitivementabandonnée..
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