L'expérience combattant de la second guerre mondiale
Publié le 18/11/2012
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Stage nouveaux programmes de 1ère (rentrée 2011) S. Maffre et S Linger La 1ère guerre mondiale : l'expérience combattante dans une guerre totale : Proposition de mise en oeuvre Réflexions avant de construire le cours : « L'expérience combattante dans une guerre totale « (1914-1945) Renouvellements historiographiques Thèse de G.Mosse, Fallen soldiers. Reshapping the Memory of the World War, 1990, Oxford. La « brutalisation des sociétés «. « L'expérience et la transcendance de la guerre et de la mort ont-elles conduit à ce que l'on pourrait appeler la domestication de la guerre moderne, à son acceptation en tant qu'élément naturel de la vie politique et sociale «, ce qui a pu aboutir par la suite aux camps de la mort ? B. Thèse contestée, à nuancer: A.Prost, "Brutalisation des sociétés et brutalisation des combattants", in Les sociétés en guerre, 1911-1946, B.Cabanes et E.Husson (coord.), Armand Colin, 2003. La guerre n'a brutalisé qu'une minorité d'hommes. S'inspirant de l'ouvrage de J.Bourke (An Intimate history of killing. Face to face Killing in twentieth Century Warfare, London Granta, 1999) ou encore du Colonel Marshall, Men against fire. The problem of Battle command in Future War, Gloucester, Peter Smith, 1978 (1ère édition, 1947), on en arrive à l'hypothèse que 10% (seulement) des soldats en 1940 ont voulu tuer. D'après T. Ashworth, le « vivre ou laisser vivre « l'a emporté sur le « Tuer ou être tué «. De même, la mort de masse est le fruit de l'artillerie et des progrès d l'armement. La mort devient « invisible « : on ne sait pas si on a tué... Question essentielle dans cette séquence du programme : «Qui a tué ? «. Ici, davantage de témoignages sur la mort subie que la mort donnée. Pour A.Prost, la brutalisation concerne les sociétés, la violence plutôt l'individu, donc, la question essentielle ici est celle de la transgression de l'interdit du meurtre. Ne pas oublier que le pacifisme a été très important en France et au Royaume-Uni, et non en Allemagne dont Mosse s'inspire largement. Cela renvoie au concept d'histoire comparée. II.Définitions A. Thèse de S.Audouin-Rouzeau sur l'expérience combattante : « La guerre au XXe siècle, L'expérience combattante «, Documentation photographique n°8041, La documentation française, 2004. Important d'utiliser le pluriel ici : des expériences combattantes (guerre des tranchées, de position, de mouvement, la Blietzkrieg, le débarquement de 1944..., La situation en Europe, dans le Pacifique...) Pour S.Audouin-Rouzeau, l'expérience combattante est entendue ici par « soldats qui ont traversé une expérience de guerre et qui y ont survécu«. Toute expérience combattante est d'abord expérience corporelle (corps redressés, couchés, niés, impuissants, la blessure, la mort) et entraîne avec elle l'expérience de la solitude, de la durée. Il prend également en compte la psychée : en 1914-1918, les pertes psychiques représentent 14% des indisponibilités. Nuance : on ne combat pas que sous l'uniforme, qu'avec des armes, que si on est un homme... Thèse contestée par F.Rousseau : La guerre censurée, Point histoire, n°330, 2003. Du même : F.Rousseau et R.Cazals, 1914-1918, le cri d'une génération. Les soldats sont des victimes, soumises aux volontés d'élites militaires et politiques qui les utilisent. Leur parole n'est pas assez prise en compte dans l'écriture de l'histoire de la 1ère guerre mondiale. Opposition à « la doxa « de « l'école de Péronne « (S. Audouin-Rouzeau, A. Becker...) Ils renvoient aux concepts de micro-histoire, de l'histoire des anonymes, de l'histoire sociale... Exemple : Les carnets de guerre de Louis Barthas, III) Ecueils à éviter A. Les anachronismes : « Le temps court des années de guerre n'est pas celui de l'horloge «, (P.Laborie, Le chagrin et le venin, Fayard, 2011). 1914 n'est pas 1918, tout comme 1940 n'est pas 1944... Le temps de l'individu est différent de celui des groupes et de celui des Etats, tout comme les échelles des lieux de vie et les diversités de situations. D'où l'importance de la contextualisation face à tout travail de réflexion sur document. Attention au « tout témoignage « : renvoi à l'article de N .Offenstadt, intitulé « Le témoin et l'historien «, in C.Delacroix, F.dosse, P.Garcia et N.Offenstadt, Historiographies II, folio histoire 180,2010. Il reprend l'exemple de M. Genevoix répondant à A.Prost au sujet de deux Allemands qu'il aurait tués en 1914. Sel...
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B.
Thèse contestée par F.Rousseau :
La guerre censurée , Point histoire, n°330, 2003.
Du même : F.Rousseau et R.Cazals, 1914-
1918, le cri d’une génération.
Les soldats sont des victimes, soumises aux volontés d’élites militaires et politiques qui les
utilisent.
Leur parole n’est pas assez prise en compte dans l’écriture de l’histoire de la 1 ère
guerre
mondiale.
Opposition à « la doxa » de « l’école de Péronne » (S.
Audouin-Rouzeau, A.
Becker…)
Ils renvoient aux concepts de micro-histoire , de l’histoire des anonymes, de l’histoire
sociale … Exemple : Les carnets de guerre de Louis Barthas,
III) Ecueils à éviter
A.
Les anachronismes : « Le temps court des années de guerre n’est pas celui de l’horloge »,
(P.Laborie, Le chagrin et le venin , Fayard, 2011).
1914 n’est pas 1918, tout comme 1940
n’est pas 1944…
Le temps de l’individu est différent de celui des groupes et de celui des Etats, tout comme les
échelles des lieux de vie et les diversités de situations.
D’où l’importance de la contextualisation
face à tout travail de réflexion sur document.
B.
Attention au « tout témoignage » : renvoi à l’article de N .Offenstadt, intitulé « Le témoin et
l’historien », in C.Delacroix, F.dosse, P.Garcia et N.Offenstadt, Historiographies II , folio
histoire 180,2010.
Il reprend l’exemple de M.
Genevoix répondant à A.Prost au sujet de deux Allemands qu’il
aurait tués en 1914.
Selon les périodes de sa vie il ne raconte pas la même version des faits ; ou
encore l’exemple d’Elie Wiesel qui « bâtit plusieurs versions de son témoignage sur la Shoah ».
C.
Mémoires et histoire : Thèse du dernier ouvrage de P.Laborie, déjà cité, en particulier
le chapitre intitulé « Fabrication d’une vulgate », pp51-79.
Attentions aux pièges du mémoriel et des simplifications abusives : « On montre aux gens, non
pas ce qu’ils ont été, mais ce qu’il faut qu’ils se souviennent qu’ils ont été », M.Foucault, Dits et
écrits , 1954-1988.
Attention aux IO, aux manuels etc.
« Il en est des sociétés comme des individus : la guerre les a moins transformés qu’elle
ne les a révélés à eux-même », A.Prost.
Mise en œuvre pour la classe
Les notions clés
Le concept de « guerre totale » est utilisé pour la 1 ère
fois à l’issue de la 1 ère
GM (montrant la
perception que les contemporains ont eu du conflit).
Il est défini par JB Duroselle avec 3
critères essentiels:
- une très forte intensité (la guerre totale engage la totalité des moyens des belligérants,
non seulement militaires mais aussi économiques, financiers, démographiques)
- l’objectif est d’anéantir l’adversaire (toujours qualifié donc d’ennemi)
- l’extension du conflit à un espace important (ici mondial)
Le concept de « guerre de masse » utilisé pour la 1 ère
guerre mondiale, compte-tenu de la
masse des gens engagés, au combat ou à l’arrière, de la mobilisation générale.
La place de l’étude de la 1 ère
guerre mondiale.
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