L'expédition d'Egypte de Bonaparte : causes, originalité, grands faits.
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
UN GÉNÉRAL ENCOMBRANT
lorsque Bonaparte s'embarque pour l'Égypte le 19 mai 1798 , la france vit sous le régime du Directoire depuis deux ans et demi.
Sur le plan intérieur , les difficukés n'ont pas manqué , mais les succès ~ l'extérieur, notamment contre l'Autr iche, offrent une opportune diversion.
Toutefois, les Directeurs s'Inquiètent de la popularité du brillant vainqueur des Autrichiens, le général Bonaparte .
Ce dernier , fort de ses victoires à Arcole (17 novembre 1796) , ~ Rivoli (14 janvier 1797) et~ Mantoue ( 2 février) , a signé les préliminaires de paix de leoben (18 avril ) sans même en référer au gouvernement Il apparait donc urgent d'éloigner cet ambitieux .
Aussi , le Directoire confie~ Bonaparte la direction de l'armée destinée ~ abattre l'Angleterre , pilier de la coalition dirigée contre la france.
Après avoir conclu ~ l'impossibilité d'un débarquement outre-Manche , le général propose de porter la guerre en Égypte afin d 'établir une base d'opérations contre la domination anglaise en Inde .
DE TOULON À MALTE
LEs rRÉPAIAnFS • En proposan~ avec Talleyrand, de conduire •l'armée d'Angleterre» en Égypteprovince turque , mais ..
~~ .!~!!!lé- ~ appartenant defait aux M••elou/u -.
Bonaparte renoue avec une ancienne passion pour l 'Orient nourrie entre autres par la lecture de l'Histoire des Arabes de Marigny ou encore par les Mémoires sur les Turcs et les Tartares (1785) du baron de Toit lui -même avait commis dans sa jeunesse un conte islamisant Je Masque prophète .
• Pour répondre aux aspirations de Bonaparte -conquér ir l'Égypte , marcher sur la Palestine et la Perse , chasser les Anglais des Indes , mais aussi se tailler en Orient un empire qui pourra le hausser au niveau d 'Alexandre -, l'expédition ne doit pas revêtir un caractère exclusivement militaire .
C'est pourquoi , aussitôt après avoir obtenu l'accord du Directoire , Bonaparte réuni~ avec l'aide du mathématicien Gaspard Monge -qui sera du voyage -une commission de savants et d 'artistes disposés à l'accompagner .
Il recrute également des équipes de jeunes gens susceptibles de les assister .
Tous les grands établ issements de l'État sont mis à contribution -Polytechnique, Centrale, Normale , les Mines, les Ponts et Chaussées , le Conservatoire des Arts et Métiers , le Muséum d 'Histo ire naturelle .
Quelques -uns des plus grands noms de l'époque répondent présents : les astronomes Quesnot et Méch in , les géomètres fourier et Via rd, les chimistes B«fllool«, Champy et Regnault, le géographe lecesne , le botaniste Coquebert deMom - bre~ les médecins Desgenettes et larrey , les dessinateurs Vivan Denon et Redouté , les orientalistes Belletête et Jaubert En tout 167 personnes réparties en dix-huit classes correspondant à leur spécialité .
Bonaparte lui-même , auquel l'Institut a ouvert ses portes quelques semaines plus tô~ se fait inscrire dans la classe des géom ètres.
L'EMIAlQUEMENT • le 19 mai 1798, la plus extraordinaire flott e jamais rassemblée en secret de toute l'histoire quitte Toulon emportant 17 000 hommes d'équipage , 24 300 fantassins , 4 000 cavaliers, 3 000 artilleurs , plus de 1 000 pièces d'artillerie de campagne , 12 000 fusils de rechange, 100 000 boulets et cartouches, un équipage de siège , 467 véhicules , 680 chevaux.
une bibliothéque, une imprimerie , des vivres et de l'eau pour 100 jours .
• Pendant près d'un mois , la flotte progresse en bon ordre poussée par un vent régulier .
Tous les soirs , sur le pont de l'Orient , le vaisseau amiral, Bonaparte réunit ce qu'Il appelle «un petit institut • .
Entouré de Monge et de Berthollet , il s'entretient avec les savants et les artistes de sa suite .
le jour, conformément à ses ordres , l'équipage s 'exerce ~ la manœuvre du canon .
LA PRISE DE MAin • le 9 juin, au lever du jour, l'armada est en vue de Malte , possession des chevaliers héritiers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem .
Conquérir Malte est une nécessité , car sa position géographique en fait toujours une des dès de la Méditerranée .
Bonaparte ne peut pas prendre le risque de laisser les Anglais s'installer dans l'ile.
Pour autant il lui faut faire vite car la flotte de Nelson croise dans les parages : les bateaux français , surchargés d'hommes et de matér iels, constitueraient en effet une proie facile pour les vaisseau x britann iques , et l'expéd it ion pourrait tourner au désastre.
• Bénéficiant d 'une complicité dans la forteresse de la Valette , Bonaparte s'empare avec une extrême facilité de Malte le 10 juin.
Il est vrai que le débarquement a été si rapide que les forts de la ville et de la côte ont eu à peine le temps de tirer .
Après avoir organisé sa conquête -création d 'une comm ission de gouvernement et constitution d'une garde nationale recrutée parmi les notables de la ville -, Bonaparte laisse sur place le général Vaubois et 4 000 hommes prélevés sur le corps expéditionnaire avec ordre de s'opposer à toute tentative des Anglais de s'emparer de l'ile.
• le 18 juin, l'Orient donne le signal du départ les vaisseaux qui gagnent le large emportent avec eux 2 000 hommes de la légion maltaise formée avec les débris des anciennes troupes de l 'Ordre, 700 musulmans libérés des geôles de l'ile et 42 chevaliers de l'Ordre que Bonaparte a convaincus de lier leur fortune à la sienne .
D'AI.EIANDIIE A AIOUIUI
LA PRISE D' AuxANDIIE • De nouveau , ce sont de longues journées d'attente .
les soldats , encore tenus dans l'ignorance de l'objectif réel de l'expédition , ont un moment cru que Malte était le but de la mission .
Aussi , lorsque la flotte met cap sur le sud-ou~ l 'anxiété commence ~ gagner nombre d 'entre eux qui, entassés dans les entreponts où règne une chaleur étouffante , se livrent à toutes sortes de spéculations.
Ce n'est que le 28 juin que Bonaparte fait remettre aux soldats la proclamation ~ l 'armée .
•Vos idées sont grondes et l'utilité doit en étre sentie .
• Chacun connaît désormais les Dans son esprit, Alexandrie doit desseins du commandant en chef .
assurer la liaison avec la métropole • À l 'aube du 1" juillet 1798 , et le ravitaillement des unitès les habitants d 'Alexandrie son~ opérant selon les mots d'un contemporain, à l'intérieur • saisis d'une frayeur inimaginable du pays .
car ils ne voient plus d 'eau, mais Parmi les seulement des vaisseaux et le ciel•.
instructions Treize vaisseaux de ligne armés qu'il laisse de 26 canons, neuf frégates, àKNHr , Le Directeur onze corvettes et avisos , 232 flûtes , Bonaparte Barras en tout plus de 300 batiments , insiste sur •Enfin , approchent de la côte.
Rassemblée la nécessité ilestporti. »
pour le débarquemen~ la flotte d'entretenir de bonnes relations (19 moi 1798) .
offre l'Image d'une forêt de mats , avec la population musulmane .
Bonaparte de vergues et de gréements .
• Bonaparte ne reste que cinq • Après avoir hésité sur l 'endroit jours à Alexandrie tant il lui presse •//fautai/er en Orient le plus propice pour mettre à terre de marcher sur le Caire .
Il sait Toutes les ses hommes -la rade d 'Alexandrie en effet qu'il lui faut se rendre grondes gloires très ensablée semble peu praticable -, maitre de la capitale pour imposer viennent de là.
» Bonaparte se décide toutefois son autorité .
C'est dans cette à y débarquer des éléments citadelle que les Mamelouks Adolphe précurseurs .
le temps presse car ont rassemblé leurs trésors Thiers il vient d 'apprendre que, 48 heures et leurs armes .
•Dons toute auparavan~ la flotte anglaise est sa prodiieuse apparue devant Alexandrie à la carn re, Napoléon recherche de l'armada française.
LA PIOCLAMAnON n'a rien imaginé • Après environ une heure de marche, AI!'AIIIiE de plus grand enfonçant dans le sable jusqu 'aux n i de plus beau .
•
chevilles , les premiers éléments • Alors que I'Orialt s'approche L'historien débarqués , soit 5 000 fantassins, de son ~ Bonaparte fait rédiger parviennent au pied de l'enceinte trois proclamation, l'une aux Bainville
de la ville .
Prendre cette place forte populations arabes.
l'une au pacha •lamai s il n 'a
avec si peu de moyens semble d'Égypte, la troisième à l'année rien entrepri s de plus extravagant une gageure .
Or les murailles de terre.
Cette dernière.
rédigée le pasm éme présentent à certains endroits 22 juin 1798 et divulguée le 28, disait : la campagne des brèches colmatées à la hate • • Soldats ! Vous allez entreprendre de Russie .»
et dont la résistance ne doit pas une conquête dont les effets sur être considérable .
C'est donc la civilisation et le commerce du contre ces endroits que Bonaparte monde seront inakulables.
1 ...
) concentre son attaque .
Malgré la • Nous réussirons dans toutes vigueur des défenseurs, les généraux nos entreprises ; les destins sont Kléber , Bon et Menou parviennent pour nous.
Les peuples avec lesquels à pénétrer dans Alenllflrk dont nous allons vivre sont mahométans ; la population cède rapidement à leur premier article cie foi est la panique .
À m idi, Bonaparte fait celuki : • Il n'y a pas d'autre Dieu son entrée dans la ville et s'installe que Dieu, et Mahomet est dans la maison du consul de france .
son prophète .• [ .
..
) 21 juillet • Ayez, pour les cérémonies que presait l'Alcoran [le Coran) 1798 et pour les mosquées la même tolérance que vous avez eue pour les coweniS, les synagogues.
pour la religion de Moise La bataille et cie Jésus-Christ.[ ...
) •le pillage n'enrichit qu'un petit d'Aboukir
nombre d'hommes ; il nous • Placé sous le commandement de déshonore, détruit nos ressources l'amiral Brueys , le reste de la flotte et nous rend ennemis des peuples renonce à entrer dans le port et qu'il est cie noire intérêt d'avoir va mouiller en baie d'Aboukir .
pour ami.[ ..
.
) • Comme il l'a fait quelques semaines • la première ville que nous allons plus tôt à Malte, Bonaparte décide rencontrer a été batie par Alexandre .
de laisser une garnison de quelque Nous trouverons à chaque pas 9 000 hommes à Alexandrie sous des souvenirs dignes d'exciter le commandement de Kléber.
l'émulation des Français.
•.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Que signifie et que vaut la formule : « petites causes, grands effets », qu'on applique souvent à l'interprétation des faits historiques ?
- Que signifie et que vaut la formule : « petites causes, grands effets qu'on applique souvent à l'interprétation des faits historiques
- LARREY, Jean Dominique, baron (1766-1842) Chirurgien militaire, il devient l'ami de Bonaparte lors de l'expédition d'Egypte, l'accompagnant ensuite dans toutes ses campagnes (Wagram, la retraite de Russie, Waterloo.
- LARREY, Jean Dominique, baron (1766-1842) Chirurgien militaire, il devient l'ami de Bonaparte lors de l'expédition d'Egypte, l'accompagnant ensuite dans toutes ses campagnes (Wagram, la retraite de Russie, Waterloo.
- BONAPARTE, Louis (1778-1846) Aide de camp de son frère Napoléon en Italie et en Egypte, il est, après Brumaire, colonel à vingt et un ans.