L'exil des juifs et des opposants au national-socialisme
Publié le 04/04/2019
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faisant subir des humiliations, en édictant des arrêtés administratifs et en commettant des actes de violence contre eux. Pourtant, les chiffres de l'émigration restent longtemps en dessous des espoirs des nazis: ils ne doublent qu'en 1939, après le pogrom de la nuit du 9 au 10 novembre, la tristement fameuse Nuit de Cristal, pour passer à 80000. Les raisons qui poussent d'abord les juifs à rester sont nombreuses: les obstacles administratifs, même dans les pays refuges, les problèmes financiers, dans la mesure où l'on vole aux juifs leur gagne-pain, et le désir des persécutés de ne pas renoncer à leur identité et à leur pays en dépit de toutes les attaques.
Plus de 500000 juifs ne résistent finalement pas à la pression et quittent leur pays: 330000 fuient l'Allemagne, 150000
«
l'Autriche et 25000 les régions des Sudètes.
L'expulsion
conduit un réfugié juif sur quatre aux États-Unis, 55000 en
Palestine.
En Europe, les pays voisins du Reich deviennent d'abord des
pays d'exil, et particulièrement la Grande-Bretagne et la
Suède après le début de la guerre.
De nombreux juifs retombent
entre les mains des nazis.
Leur voyage de retour se termine
souvent à Auschwitz ou Treblinka.
Après 1945, très peu
retourneront en Allemagne.
Anéantissement de la culture.
L'arrivée au pouvoir des nazis marque le début de la
persécution systématique des écrivains au «pays des poètes et
des penseurs»; elle dépouille l'Allemagne de toute une
génération d'intellectuels.
Parmi plus de 5000 émigrants issus
de l'élite culturelle, les journalistes, les gens de lettres
et les artistes représentent environ la moitié.
Klaus Mann
parlera plus tard d'un «exode massif des poètes».
Pour presque tous, l'émigration est une «catastrophe absurde»,
comme le dit Thomas Mann, qui s'accompagne souvent de la perte
de l'existence civique.
Les auteurs n'ont pas seulement perdu
leur pays, mais également leur outil de travail lié à leur
langue maternelle en allant dans un pays de langue étrangère.
Pour presque tous commence en exil la lutte pour la survie
quotidienne.
Günter Anders écrit: «Chacun de nous devait
essayer de partir en chasse pour gagner son minimum vital: un
lit, une autorisation de travail, de l'argent, des cartes de
ravitaillement, du travail au noir, et surtout son permis de
vivre!» Comme ils passaient d'un monde hostile à un autre,
cette chasse était souvent désespérée.
Malgré tous les problèmes, les émigrants représentent à
l'étranger la littérature allemande.
Ainsi, jusqu'en 1939, on
traduit plus d'oeuvres d'eux que de ceux qui sont restés en
Allemagne.
Différentes maisons d'éditions se chargent de
propager la littérature, comme Querido à Amsterdam, Bermann-
Fischer à Stockholm et Oprecht à Zurich.
Hitler redoute tant
le pouvoir des mots qu'il fait lui-même persécuter et
assassiner des écrivains dans leur refuge, comme Jakob Hoddis
et Paul Kornfeld.
Le meurtrier du philosophe juif Theodor
Lessing est récompensé par Hermann Göring en personne qui lui
remet une grosse somme d'argent.
Hémorragie des scientifiques.
Les scientifiques subissent
après 1933 une sensible hémorragie.
Ils représentent plus d'un
quart des émigrants du domaine culturel, et l'on trouve parmi
eux quelques célébrités du siècle: 24 Prix Nobel, d'Albert
Einstein et Max Born jusqu'à Otto Stern, de célèbres
économistes, des sociologues et des maîtres à penser comme
Wilhelm Röpke et Josef Schumpeter, Theodor Adorno, Sigmund
Freud et Herbert Marcuse, des historiens, des théologiens et
des philosophes, comme par exemple Ernst Bloch, Karl Popper et
Paul Tillich.
Les scientifiques ont l'avantage de ne pas
devoir recommencer de zéro à l'étranger.
Plus d'un tiers
d'entre eux peuvent conserver leur métier en exil, surtout les
plus jeunes.
Pourtant, la majorité d'entre eux est dans le
besoin.
C'est pourquoi le pathologiste Philipp Schwartz fonde
la communauté d'urgence des scientifiques allemands à
2.
»
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