Les transitions en Inde
Publié le 01/07/2023
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«
Composition de Géographie – Concours blanc 3 HKBL
Le monde indien (Asie du Sud) : des territoires en transition ?
Le monde indien est une région en pleine transformation économique, démographique et
territoriale depuis plusieurs années.
Cette dynamique se caractérise par une urbanisation rapide, une
industrialisation croissante, des flux migratoires importants et une forte pression sur les ressources
naturelles.
Ainsi, les territoires d’Asie du Sud (Inde, Pakistan, Bangladesh, Népal, Bhoutan et Sri Lanka) sont
soumis à des changements majeurs, à de profondes mutations territoriales qui affectent les sociétés
et les espaces.
Par exemple, la réforme agraire en Inde a initié d’importants changements dans les
interactions de l’économie de marchés.
Initiée en septembre 2020, cette réforme vise à transformer
l’agriculture indienne en libéralisant les marchés agricoles, permettant aux agriculteurs de vendre
directement leurs produits aux acheteurs.
Puisque cette réforme a été multidimensionnelle en impliquant des changements significatifs dans
les interactions des acteurs d’un système, ici de l’économie et de la société indienne, cette réforme a
donné lieu à une transition d’ordre économique.
« La transition est un changement systémique qui entraîne de profondes recompositions spatiales »
déclare Alexis Gonin.
Le terme de transition renvoie à l’idée d’un passage d’un état à un autre, dans
lequel les territoires sont sollicités pour répondre aux enjeux économiques, sociaux et
environnementaux.
Une transition est un profond changement qui s’opère sur des espaces
géographiques, tant au niveau des modes de vie, des pratiques économiques que des relations entre
les acteurs locaux.
Dès lors, les territoires en transition sont ceux qui connaissent des changements notables, des
bouleversements d’une société, et qui subissent les conséquences des recompositions spatiales qui
accompagnent ces transitions.
En se définissant, au sens large, par un espace délimité, approprié, les
territoires permettent d’observer des changements multisectoriels, multiscalaires, dans une approche
transversale.
Ils semblent être ainsi la matrice transitionnelle : offrant un cadre et une échelle aux
transitions, les territoires donnent une prise aux collectifs d’acteurs des transitions.
Le monde indien est une région de changements majeurs impliquant des enjeux et des défis pour
les acteurs locaux, régionaux et nationaux.
Des transitions d’ordre économique, social, urbain et
environnemental sont sans cesse stimulées par différents facteurs (mondialisation, conflits
régionaux, mouvements sociaux et changements environnementaux) et ne sont pas sans
conséquences sur les territoires et les populations.
Le monde indien est donc confronté aux défis de
la transition territoriale, qui renvoie à la nécessité de réorganiser les territoires pour répondre aux
nouveaux enjeux, qui sont particulièrement importants dans cette région qui concentre les plus
grandes villes du monde, des industries en pleine expansion et des défis environnementaux majeurs
(gestion de l’eau, pollution).
Les transitions en cours interrogent les inégalités économiques,
sociales et spatiales des territoires, remettant en cause la stabilité des États, ainsi que les formes de
gouvernance territoriale qui permettent la mise en place de politiques accompagnant les enjeux des
recompositions spatiales, limitant leurs impacts négatifs.
De prime abord, l’Asie du Sud est une région qui connaît des dynamiques de transition territoriale
dues principalement à l’augmentation de la population, à la croissance économique rapide ainsi qu’à
l’urbanisation de sa population.
En outre, ces transitions territoriales soulignent et accentuent les
inégalités territoriales, les enjeux de la soutenabilité ainsi que les défis de la gouvernance territoriale
de la région.
Enfin, des politiques et initiatives se développent en Asie du Sud afin d’accompagner
les transitions en cours dans les territoires.
Des mutations d’ordre économique et social, urbain et environnemental, ainsi qu’énergétique
affectent les sociétés et les espaces d’Asie du Sud : il s’agit de dynamiques de transitions
territoriales.
Tout d’abord, la mondialisation des territoires d’Asie du Sud a fortement modifié les interactions au
sein de l’économie et de la société de la région : l’ouverture sur le monde a profondément modifié
les structures économiques et sociales du monde indien.
En effet, c’est notamment le cas du Népal,
qui a connu d’importantes mutations économiques et sociales, en relation avec le processus de
mondialisation.
Blandine Ripert, dans « Un processus de mondialisation observé à l’échelle locale
au Népal central : transformations agricoles, économiques, politiques et sociales au bout du monde
», publié en 2015, explique que la mondialisation a permis une transition économique, sociale et
politique en favorisant l’ouverture du Népal au monde.
Celle-ci a été soutenue par la fin de
l’isolement politique du pays dans les années 1950, ainsi que par des politiques économiques de
libéralisations dans les années 1990.
Ainsi, l’ouverture au commerce international et l’adoption de
technologies modernes dans l’agriculture ont permis l’introduction de nouveaux outils et pratiques
(utilisation de semences hybrides, d’engrais chimique), favorisant des changements majeurs dans la
société et l’économie népalaise : cela a conduit à une véritable hausse de la productivité, mais
également à d’importantes modifications telles que la privatisation des espaces agricoles (clôtures,
abris), ainsi qu’à de nouveaux modes de consommation.
En effet, l’arrivée sur le marché de
nouveaux produits, à des prix plus attractifs, ont encouragé les individus à concentrer leur
consommation sur leurs intérêts individuels plutôt que collectifs.
Ainsi, Blandine Ripert écrit que «
le processus de mondialisation se mesure aussi dans le changement social induit : une communauté
devenant société, avec l’émergence de l’individu moderne ».
De même, la mondialisation a permis
la diffusion d’idées et a facilité les migrations à l’étranger.
Dès lors, les migrations qui avaient lieu,
à l’origine, vers l’Inde, se sont éloignées vers les pays du Golfe et sont devenues plus massives,
notamment pour les jeunes hommes diplômés, représentant une véritable opportunité économique.
Ces migrations ont considérablement modifié les rapports sociaux et économiques, vidant les
villages de leurs forces de travail traditionnelles.
En effet, les familles des travailleurs migrants sont
devenues dépendantes de leurs envois de fonds, tandis que les membres des familles et des
communautés ont été amenés à se spécialiser en fonction de leurs âges et de leurs sexes (les femmes
et les personnes âgées se spécialisant dans la production agricole).
Ainsi, les migrations ont eu un
impact significatif sur la société népalaise, entraînant une pénurie de main d’œuvre masculine dans
les milieux ruraux, et de profonds changements dans les structures familiales et communautaires.
En effet, les villages se vident au profit de l’urbanisation qui émerge de comportements et
d’influences « venus d’ailleurs », de l’ouverture au monde.
Ainsi, la mondialisation, par l’apport de
nouveaux outils et pratiques, ainsi que de nouvelles idées, a provoqué des changements majeurs
dans les territoires du monde indien, à l’instar du Népal, bouleversant non seulement l’économie,
mais aussi les sociétés sud-asiatiques.
En outre, les territoires d’Asie du Sud sont également confrontés à des transformations urbaines et
environnementales qui affectent les sociétés et les espaces.
Bien qu’il soit une région sous-urbanisée
et à majorité rurale, le monde indien connaît une urbanisation accrue ses dernières décennies et doit
relever des défis spécifiques à l’heure de la mondialisation.
Les grandes villes étaient originellement
celles héritées de la colonisation.
Au milieu du XXe siècle, il n’y avait que cinq villes dans la région
qui comptaient plus d’un million d’habitants.
Les plus importantes étaient Mumbai et Kolkata, qui
étaient déjà d’importants ports coloniaux à la fin du XIXe.
Actuellement, la population urbaine reste
encore minoritaire avec seulement 30% de la population d’Asie du Sud.
Cependant, l’importance
des villes s’est encore accru : 57 d’entre elles comptent plus d’un million d’habitants, dont 43 en
Inde.
Plusieurs mégapoles sont apparues : Delhi, Mumbai, Kolkata (Inde), Dhaka (Bangladesh) et
Karachi (Pakistan) dépassent les 15 millions d’habitants.
Ainsi, le monde indien voit sa population
urbaine croître dans les noyaux urbains tandis que de très grandes villes émergent au cours de ces
dernières décennies en raison de leur attractivité.
En effet, les grands centres urbains offrent de
nombreux services ainsi qu’un mode de vie moderne qui symbolise l’accès à des comportements
mondialisés (centres commerciaux, parcs, aéroports, malls).
Toutefois l’urbanisation ne se limite
pas aux plus grandes villes, de telle sorte que le monde indien connaît une transition urbaine.
En
Inde, 40% des urbains habitent des villes de moins de 100 000 habitants.
Ces « petites villes » se
multiplient et constituent une caractéristique importante de la transition territoriale en Inde.
En
effet, c’est notamment ce que défendent Marie-Hélène Zérah, Éric Denis et Partha Mukhopadhyay
dans « L’urbanisation subalterne en Inde », affirmant que « les échanges entre ces villes comme les
liens avec leur arrière-pays ainsi que leur insertion dans des chaînes de valeur globalisées
composent de nouveaux territoires urbains étendus ».
En d’autres termes, cette urbanisation rapide
est une transition puisqu’elle établit des changements significatifs qui entraînent de profondes
recompositions spatiales (Alexis Gonin).
Toutefois, cette transition urbaine n’est pas sans lien avec
la transition environnementale qui a lieu dans le monde indien.
La croissance urbaine rapide de la
région a entraîné une forte pollution ainsi qu’une pression accrue sur les ressources naturelles, telles
que l’eau et l’énergie, ainsi que les terres agricoles ; notamment par la multiplication des déchets et
de la demande en énergie, ainsi que la bétonnisation et la multiplication des transports individuels
liés à l’urbanisation.
C’est notamment ce que dénonce la chercheuse Kanchi Kholi,....
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