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Les relations internationales de 1871 à 1914 de Pierre Milza

Publié le 03/09/2012

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L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand par un étudiant bosniaque membre de la « Main Noire « (une association secrète liée au mouvement nationaliste yougoslave), le 28 juin 1914 est ce qui a servit à l’Autriche-Hongrie comme prétexte pour régler le compte du petit royaume balkanique. En effet le gouvernement serbe n’y était pas impliqué mais Vienne soutenue par Berlin, accuse la Serbie. Un ultimatum fut préparé et remis à la Serbie le 23 juillet. Il exigeait la fin des « campagnes malsaines « contre l’Autriche-Hongrie, la révocation des fonctionnaires coupables de menées antiautrichiennes, la dissolution des groupes nationalistes. Surtout l’article 6 imposait à Belgrade la participation à l’enquête sur l’attentat de fonctionnaires austro-hongrois. Les termes de l’ultimatum avaient été calculés pour que le gouvernement serbe le repoussât ; or Belgrade en accepta tous les articles sauf le dernier. Cela suffit à l’Autriche pour rompre aussitôt les pourparlers et commencer à mobiliser. Berlin et Vienne espéraient à condition de faire vite, limiter le conflit aux Balkans ; mais déjà les grandes puissances européennes entraient en mouvement. Le 16 juillet la Grande-Bretagne proposa la réunion d’une conférence des quatre puissances « étrangères à l’affaire serbe «, France, Allemagne, Angleterre et Italie, pour tenter de trouver une solution au conflit, mais l’Allemagne refusa catégoriquement. Vienne déclara la guerre à la Serbie le 27 juillet afin de couper court à toute tentative de conciliation. La Russie décide le 29 juillet de mobiliser 13 corps d’armée. La mobilisation partielle de l’armée russe ayant provoqué une protestation de Berlin, la Russie décide de lancer le 30 juillet, malgré les conseils de prudence de la France, l’ode de mobilisation générale. Le 31, l’Allemagne exige par un ultimatum que la Russie cesse de mobiliser ; un autre ultimatum adressé à la France demande quelle sera son attitude en cas de guerre russo-allemande. N’ayant pas obtenu de réponse satisfaisante, l’Allemagne décrète le 1eraout la mobilisation générale. Le même jour tendis que la France mobilise à sont tour, elle déclare la guerre à al Russie, le 2 elle exige de la Belgique le libre passage de ses troupes et le 3 elle déclare la guerre à la France. Le 4 aout, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne. Les hostilités commencent aussitôt et on croit de part et d’autre qu’elles seront de courte durée. La guerre va durer plus de quatre ans, faire des millions de mort et bouleverser les destinées du monde. 

« ambitions extérieures de l'Empire restent limitées.

De plus la question serbe va devenir pour l'Empire des Habsbourg un problème fondamental.

Elle sera à l'originedes principales crises balkaniques et en particulier celle, qui en juillet 1914, déclenchera la première guerre mondiale.-_L'Italie_En 1871, l'Italie vient à peine de finir son unité, puisque c'est la chute de Napoléon III défenseur du pouvoir temporel du Pape, qui lui a permis de se donner Rommecomme capitale.

Mais à peine unifié, le jeune royaume connait une crise de croissance.Sur le plan intérieur : l'Italie connait un profond retard dans me domaine économique et la faiblesse des capitaux ne permet qu'un timide développement de l'industrie.L'unité qui s'est faite autour du Piémont, plus évolué économiquement, a favorisé cette région où se concentrent les capitaux et les entreprises modernes.

Il en résulteun déséquilibre fondamental et l'Italie demeure un pays rural où domine encore une aristocratie terrienne fort attachée à ses privilèges.

L'essor démographique vaencore aggraver la situation précaire des masses rurales.Sur le plan diplomatique : Les effectifs militaires sont loin de correspondre aux possibilités démographiques et les difficultés financières ne permettent pasd'entretenir une flotte de guerre conforme à la vocation méditerranéenne du jeune royaume.

L'Italie cherche des alliances parmi les puissances qui jugent lespossibilités de secours du royaume de peu de poids.

L'Italie doit alors mener une politique de bascule entre ses deux grandes voisines, à un empirisme dans l'actiondiplomatique qui fera sa réputation de duplicité._ -La Grande-Bretagne_Elle doit à son insularité d'échapper à la plupart des préoccupations continentales.

Elle est à cette époque la plus grande puissance économique du monde et possèdele plus vaste empire colonial et la flotte de guerre la plus redoutable.

La Grande-Bretagne se contente donc de veiller à ce qu'un certain équilibre se maintienne enEurope et porte tout son effort sur la conservation de ses positions sur mer et outre-mer.

L'Angleterre se présente depuis le début du XIXᵉsiècle comme la premièrepuissance industrielle du monde avec une politique libre-échangiste mise en place au milieu du siècle.

Cette orientation économique implique une politique mondialeet la maîtrise des mers.Deux faits dominent les relations internationales en 1871 : la prépondérance allemande sur le continent et la suprématie britannique dans le monde.Le premier « système » de Bismarck (1871-1878)Au lendemain de la guerre, Bismarck entend maintenir sur le continent un statu quo territorial favorable à son pays.

Le but avoué de la diplomatie bismarckienne estd'isoler la France de façon à rendre impossible, ou du moins très improbable une revanche française car il est persuadé que la France ne se résignera pas à la perte deses provinces.C'est pourquoi, le premier souci de Bismarck est d'obtenir de la France la stricte application du traité de Francfort qui imposait au vaincu le paiement d'une lourdeindemnité de 5 milliards de francs avant mars 1874.

Jusque-là, les allemands maintiendraient leurs troupes dans les départements occupés.

Il fera de nombreusesmenaces à la France c'intervenir si elle ne rembourse pas à temps dans le seul but de retarder le relèvement militaire de la France.

La présence des troupes allemandesen France demeurait pourtant une source de conflits possibles.

Thiers, qui craignait que le Chancelier prît prétexte du moindre incident pour prendre les armes, vouluthâter l'évacuation du territoire.

C'est pourquoi il engagea des prêts importants afin de pouvoir rembourser la dette avec six mois d'avances sur les dates prévues par letraité de Francfort.

Le remboursement de la dette marqua une certaine détente dans les relations franco-allemandes ; Bismarck télégraphia personnellement à Thierssa satisfaction de voir les clauses financières du traité de Francfort aussi ponctuellement observées.

Mais Bismarck accueille très mal la nouvelle de la chute deThiers et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de tendances monarchistes et catholiques, dirigé par Mac Mahon (24 mai 1873).

En effet il préfère une Francerépublicaine qui aurait beaucoup de mal à trouver des alliances auprès des monarchies européennes.

Cependant il s'estime heureux d'avoir pu mettre en place unpremier réseau d'alliances permettant d'isoler la République et de juguler toutes initiatives diplomatiques de la France.Le Chancelier allemand désire s'allier à l'Autriche, ce qu'il fait sans difficultés, ainsi qu'à la Russie.

C'est en 1872-1873 que se noue « l'Entente es trois Empereurs »,première forme du système « bismarckien ».

Mais les rivalités austro-russes restent un problème et le déclanchement d'une grave insurrection des populationschrétiennes de l'Empire ottoman en aout 1875 rallumera ces rivalités austro-russes dans la péninsule balkanique.

Cela mettra terme à l'Entente des Trois Empereurs.En 1875 une crise franco-allemande éclate à propos de la reconstitution de l'armée française.

Bismarck y voit l'indice que le gouvernement français prépare la guerrede revanche.

Cette crise entre les deux pays a montré que l'isolement dans lequel Bismarck entendait maintenir la France était loin d'être parfait puisque la France abénéficié du soutien du Tsar qui craignait qu'une nouvelle défaite de la France entrainerait une hégémonie allemande.Depuis le début du XIX ᵉsiècle, l'Empire ottoman connait un irrémédiable déclin.

L'Angleterre est le seul pays en 1871 à rester profondément attaché au dogme del'intégrité de l'Empire Ottoman car les anglais veulent éviter l'hégémonie russe en Méditerranée orientale.

La France et l'Allemagne sont surtout sensibles auxconséquences internationales d'une crise balkanique et sont disposées à tirer profit de la faiblesse de l'Empire turc, pour établir leur influence dans les Balkans.

Lespeuples chrétiens supportent de plus en plus mal la domination ottomane et plusieurs crises éclatent dans les provinces des Balkans.

Les grandes puissances sontd'accord pour exiger du sultan des réformes importantes dans les provinces chrétiennes de son Empire.

Mais les opinions varient sur les moyens d'action à mettre enœuvre.

Seule la Russie se montre disposée à intervenir immédiatement et par la force et l'Autriche-Hongrie n'est pas contre car une intervention lui permettrai decontrôler la poussée slave dans les Balkans et d'annexer la Bosnie-Herzégovine.

Mais le gouvernement britannique est hostile à tout projet de démembrement del'Empire Ottoman.

L'Allemagne n'est pas directement impliquée dans la crise et Bismarck se contente d'éviter les heurts entre les deux alliés continentaux.

Uneconférence réunie à Constantinople en décembre 1876 sous l'égide de l'Angleterre tenta d'obtenir d'Abdülaziz des réformes de fond dont notamment donnerl'autonomie administrative dans le cadre de l'Empire aux Bulgares et Bosniaques.

Mais le sultan se contente d'accorder une vague constitution et de promettre laréunion d'un « Parlement » où les minorités chrétiennes pourraient se faire entendre.

La Russie se décide alors d'intervenir seule et le 13 avril 1877 elle déclare laguerre à l'Empire turc.

Mais avec les pressions de la Grande-Bretagne, la fatigue des troupes russes le tsar ordonne à ses troupes de s'arrêter aux portes deConstantinople et engage avec le sultan des négociations de paix.

Celles-ci aboutirent, le 5 mars 1878, à la signature du traité de San Stefano dont les conditionsétaient particulièrement favorables à la Russie.

Mais Londres et Vienne n'acceptent pas les clauses du traité et exigent une révision contrôlée par un Congrèsinternational.

Sous les menaces militaires autrichiennes et britanniques, la Russie accepte de négocier.

Le Congrès s'ouvre alors à Berlin le 13 juin 1878 durant 1mois.

Bismarck ayant reçu la présidence de la conférence a pour unique souci de maintenir la paix et un minimum d'entente entre ses alliés autrichiens et russes.Aussi traite-il avec le plus grand mépris les Turcs et les Balkaniques.

L'acte final du Congrès modifie complètement les clauses du traité de San Stefano et est enparticulier beaucoup moins favorable aux revendications des Slaves.Le congrès de Berlin marque une étape important dans les relations internationales et sanctionne d'importantes transformations dans le système mis en place parBismarck quelques années plus tôt.

Les Grandes Puissances ont remanié la carte des Balkans à leur profit exclusif et sans se soucier du « droit des peuples à disposerd'eux-mêmes ».

La rivalité austro-russe n'a pas été résolue par le Congrès.

La France a de son côté reconquis sa place de grande puissance européenne et une certainedétente se manifeste dans les relations franco-allemandes.

Par ce Congrès, Bismarck a jeté les bases d'une nouvelle construction diplomatique.Le second « système bismarckien ».La crise orientale a montré l'impossibilité de faire coexister officiellement dans le même réseau d'alliances l'empire russe et la double monarchie.

Bismarck va devoiropter au lendemain du Congrès de Berlin entre Vienne et Saint-Pétersbourg.

Il choisit l'Autriche-Hongrie comme base de son nouveau système diplomatique, tout enparvenant d'ailleurs en 1881 à maintenir un lien avec les Russie et à attirer l'Italie dans le camp des puissances centrales.

Ainsi l'isolement de la France est-il maintenuet même renforcé, ce qui était l'objectif n°1 de Bismarck.Le 7 octobre 1879, un traité d'alliance est signé entre Berlin et Vienne.

Il prévoit une alliance militaire au cas où une des deux puissances serait attaquée par laRussie, la simple neutralité si l'agresseur est une autre puissance comme la France.

Puis le 18 juin 1881, un nouveau traité des Trois Empereurs est conclu pour troisans.

Mais il ne supprime pas la Duplice (alliance austro-allemande), même s'il s'efforce d'atténuer la rivalité austro-russe.

Ce traité porte sur trois points : neutralitébienveillante des deus autres puissantes si la troisième se trouve en guerre avec un pays étranger à l'alliance.

L'Autriche-Hongrie et la Russie s'engagent à ne pasmodifier de façon unilatérale le statu quo dans les Balkans.

Un protocole séparé prévoit que ka double monarchie pourra annexer la Bosnie-Herzégovine dont leCongrès de Berlin lui avait confié l'administration, et que la Russie pourra de son côté réunir en un état unique les deux principautés bulgares.

Le traité favorisel'Allemagne qui peut compter sur la neutralité russe en cas de guerre avec la France.Le système mis en place par Bismarck s'élargit par l'adhésion de l'Italie qui a demandé à entrer dans le système bismarckien, par souci de rompre avec son isolementet de participer de façon plus active à la vie internationale.

C'est surtout le désir de l'Italie de s'élever au rang de grande puissance qui attire l'alliance allemande.Bismarck apparait alors comme le grand homme de l'Europe.

Mais le Chancelier allemand n'a que peu de sympathie pour l'Italie dont il méprise la faiblesse militaireet la duplicité.Malgré une opposition italienne à une alliance avec l'Autriche-Hongrie qui l'obligerait à renoncer aux provinces irrédentes du Trentin, Tyrol et région de Trieste, letraité instituant la triple alliance est signé le 20 mai 1882 après un fin calcul diplomatique de Bismarck pour faire céder l'Italie.

Le traité est avantageux pour l'Italie.Mais le grand bénéficiaire est Bismarck qui gagne une alliée contre la France et obtient pour l'Autriche-Hongrie l'assurance qu'elle n'aura pas à combattre sur deux. »

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