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Les progrès de la Réforme en France La constitution d'une France protestante.

Publié le 17/10/2012

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Les progrès de la Réforme en France La constitution d'une France protestante. 1512-1598 Question de foi dès le départ, la Réforme naît du désir de concilier le dogme avec les lumières de la Renaissance: cette recherche des sources de l'Antiquité chrétienne se heurte à la résistance de l'Eglise officielle, dominée par la scolastique, entachée de multiples abus et influencée par le roi depuis le concordat de 1516. Les progrès de la Réforme en France s'opèrent en plusieurs étapes: irénique avec Lefèvre d'Etaples, militante et organisée avec Calvin, politique et guerrière après 1559. Dans son Commentaire sur les épîtres de saint Paul (1512), Lefèvre d'Etaples concilie le mysticisme et la science: «C'est dans l'Ecriture sainte que se trouve la doctrine du Christ.« Il rompt avec la théologie des docteurs et groupe autour de lui, à Meaux, Budé, Roussel, Farel. Il gagne la sympathie de Marguerite d'Angoulême, soeur du roi. «L'Eglise réformée par l'Eglise«, tel est l'espoir qui naît; -mais la Sorbonne et les théologiens s'inquiètent de l'extension des doctrines de Luther révolté contre la curie romaine. Erasme est attaqué; la Sorbonne et le parlement entraînent le roi à prendre parti contre l'hérésie; toute tentative de réforme devient suspecte «a priori«. Seconde étape, la Réforme militante quand, entre 1530 et 1536, les confessions catholique et protestante commencent à s'affronter: dans le Nord, à Meaux, à Noyon, à Amiens, à Paris, en Normandie, à Orléans, à Bourges, dans le Languedoc, en Provence, à Lyon, par- tout se créent et se développent, encore inorganisés, des groupes réformés. Calvin, qui publie en 1536 l'Institution chrétienne, va les enserrer dans sa dialectique puissante et efficace. Une expansion extraordinaire suit entre 1547 et 1555: «Les hérésies pullulent en France«, déclare Henri II. La Réforme devient militante et organisée avec les Eglises dressées dotées d'un foyer, d'un pasteur venu de Genève, de Lausanne ou de Strasbourg, d'une liturgie où les psaumes, les prières et le sermon tiennent une place importante. Les maîtres d'école instruisent la jeunesse; les colporteurs diffusent les livres et, surtout, la Bible, livre essentiel. Le théâtre attaque les vices des prêtres enfoncés dans le siècle. Malgré la création et l'essor des jésuites, approuvés par le pape en 1540, et la création de «chambres ardentes« en 1547, l'extension se poursuit. La persécution entraîne le martyre, surtout dans le ressort du parlement de Paris. En 1559, le synode de Paris marque une évolution de l'individuel vers le collectif, conscient, organisé, voire discipliné. Avec des grands seigneurs, l'Eglise devient un parti: c'est le début d'une nouvelle époque. Les congrégations XIXe siècle missionnaires C' est surtout avec les grandes découvertes maritimes, à partir du XV' siècle, que la Terre entière s'ouvrit aux missionnaires chrétiens, au premier rang desquels les jésuites. Après une période de déclin au XVIII' siècle, les congrégations missionnaires proliférèrent à nouveau au XIX' siècle, vouées aux missions intérieures ou dans les colonies. L'action missionnaire L'activité missionnaire prit son essor dès les premiers temps de l'Eglise. L'Evangile fut prêché dans tout le monde romain. Du VIF au XP siècle, les bénédictins furent les grands apôtres de l'Europe du Nord et de l'Est. Plus tard, les ordres mendiants, franciscain et dominicain, se vouèrent à l'oeuvre missionnaire. Avec les grandes découvertes maritimes aux XVe et XVIe siècles, la terre entière devint le terrain des missions. Par 1' intermédiaire des patronats, les Rois catholiques se réservèrent le monopole de l'évangélisation des terres conquises. Les jésuites en particulier accomplirent une oeuvre gigantesque. Pour soustraire les missions aux pressions politiques des Etats et les unifier sous la direction du Saint-Siège, Grégoire XV créa en 1622 la congrégation de la Propagande et de la Foi. Pour soutenir son action, la société des Missions étrangères de Paris fut fondée en 1658; son séminaire prépara des missionnaires, envoyés surtout en Chine et dans le Sud-Est asiatique. D' autres congrégations se vouèrent à la mission intérieure, pour rechristianiser la France après la crise des guerres de Religion, tels les lazaristes, société fondée par saint Vincent de Paul en 1625, les eudistes de la congrégation de Jésus-et-Marie formée par saint Jean Eudes en 1643 ou les rédemptoristes, créés en 1732 par Alphonse de Liguori. Les conflits entre la congrégation de la Propagande et les patronats, la lutte contre les congrégations, ralentirent l'action missionnaire. En France, les congrégations furent interdites en 1792. Le renouveau Les congrégations missionnaires catholiques se multiplièrent après la Restauration. En 1816, Eugène de Mazenod créa les oblats de Marie Immaculée pour rechristianiser les campagnes. En 1854 naquirent les missionnaires du Sacré-Coeur de Jésus et en 18561es missions africaines de Lyon, parmi bien d'autres. Mgr Lavigerie, archevêque d'Alger, fonda en 1868 la Société des Missions d'Afrique (les pères blancs), qui évangélisa l'Afrique du Nord. Ainsi, après l'Asie et l'Amérique, l'Afrique et l' Océanie furent évangélisées. Repères chronologiques 1817: Lamennais, Essai sur l'Indifférence en Matière de Religion - 1833 : création de la société de Saint-Vincent-de-Paul par F. Ozanam - 1839 : Lacordaire rénove l'ordre des Dominicains - 1862 : début des pèlerinages à Lourdes. Saint Martin vers 315 - 387 Disciple de saint Hilaire, au milieu du IV siècle, saint Martin lutta contre l'arianisme et fonda à Ligugé le premier monastère de la Gaule centrale. Devenu évêque de Tours, il fonda encore le monastère de Marmoutier et entreprit d' évangéliser les campagnes. Il se rendit très populaire et, après sa mort, Tours devint un important centre de pèlerinage. La vocation monastique Originaire de Sabaria, en Pannonie (Hongrie), Martin était le fils d'un tribun militaire et passa sa jeunesse à Pavie. Très jeune, il dut servir dans la garde impériale à cheval. C'est lors d'un passage à Amiens que, selon la légende, il partagea son manteau avec un pauvre. Il se convertit et fut baptisé à 18 ans. Libéré de ses obligations militaires, il fut ordonné prêtre par saint Hilaire, à Poitiers, mais n'accepta que les ordres mineurs et exerça la fonction d'exorciste. Hilaire ayant été exilé en 356 par les ariens au pouvoir, Martin regagna la Pannonie, où il convertit sa mère. Il revint en Italie en passant par l'Illyrium (Yougoslavie), et mena une vie monastique près de Milan, ne cessant de lutter contre l'arianisme. Chassé par l'évêque arien Auxence, il se réfugia sur l'îlot de Galinaria, près de la côte ligure. Vers 360, Hilaire put rentrer à Poitiers; Martin le rejoignit et fonda à Ligugé le premier monastère de la Gaule centrale. Sa renommée s'étendit en Gaule, et de nombreux disciples vinrent se joindre à lui. Contre son gré, il fut ordonné évêque de Tours le 4 juillet 371. Restant fidèle à l'idéal monastique, il fonda de l'autre côté de la Loire le monastère de Marmoutier. L'évangélisation Les campagnes étaient restées païennes, et Martin entreprit de grandes tournées d'évangélisation, réunissant la population des villages, prêchant, abattant les arbres sacrés. Il fit triompher le christianisme dans l'ouest de la Gaule, organisa les premières paroisses rurales, créa de nombreux monastères, convertit des personnages illustres (dont Sulpice Sévère, qui devint son biographe). Charitable, il communia en 385 avec des hérétiques partisans de Priscillien pour leur éviter d'être exécutés. Ce geste, ainsi que son humilité, son horreur des mondanités, son passé militaire, lui attirèrent à la fin de sa vie la malveillance et les calomnies de certains évêques et prêtres. Il mourut le 3 novembre 387 à Candes, en Touraine; son corps fut ramené à Tours, où il fut enseveli le 11 novembre (jour devenu celui de sa fête). Très populaire, il fut le premier à être honoré comme saint sans avoir été martyr. La basilique de Tours devint le premier centre de pèlerinage de la Gaule mérovingienne. Repères chronologiques 313 : construction de l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem - 324 : l'évêque de Rome porte le titre de pape - 325 : l'arianisme provoque la convocation du concile de Nicée - 392: Théodose favorise la religion chrétienne qui supplante définitivement le paganisme. Les inventaires La guerre laïque Après la Révolution, républicanisme est souvent synonyme d'anticléricalisme et monarchie de catholicisme. Les élections de 1877 consacrent la victoire de la République; la gauche va s'appliquer à réduire l'influence du clergé, compromis avec les forces conservatrices. En 1879, Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique, présente deux projets de loi destinés à écarter les congrégations de l'enseignement. En 1880, le gouvernement signe deux décrets: l'un porte sur l'expulsion des jésuites, l'autre oblige les ordres non autorisés à se mettre en règle avec la loi. Il y a des expulsions manu militari et même quelques morts et blessés. En 1886, les derniers religieux sont bannis de l'enseignement primaire public, mais plusieurs congrégations sont reconstituées. L'affaire Dreyfus jette de l'huile sur le feu. En 1900, le ministère Waldeck-Rousseau s'en prend aux «moines ligueurs« antidreyfusards et au «milliard des congrégations«. En 1902, Waldeck-Rousseau cède la place à Emile Combes, ancien séminariste... et anticlérical. Ce dernier commence par fermer les écoles fondées sans autorisation. En 1904, il fait voter un texte interdisant l'enseignement à toutes les congrégations sans exception. Quelques jours plus tard, à la suite d'un incident, Combes rompt les relations diplomatiques avec le Vatican... avant de tomber. La séparation entre l'Eglise et l'Etat intervient en juillet 1905. Un des points les plus controversés de la nouvelle loi est la «nationalisation« des 1905 biens de l'Eglise, qui deviennent propriété de l'Etat. Les lieux de culte appartiennent désormais à des «associations cultuelles«. C'est un tollé général du côté des catholiques, tandis que la gauche anticléricale présente cette mesure comme une juste récupération des richesses accumulées par l'Eglise catholique. Partout, des groupes de défense se forment, résolus à protéger, fût-ce par la force, les lieux de culte. On assiste à des heurts violents entre forces de l'ordre police ou armée — et manifestants, dans le Nord, à Paris, en Bretagne et, dans une moindre mesure, dans le Midi, traditionnellement plus anticlérical. Plusieurs membres de la police, dont un commissaire et un préfet, sont vivement pris à partie. La mort d'un manifestant entraîne la chute du cabinet Rouvier. Les inventaires n'ont été qu'un succès partiel. Dans certaines régions, la pression populaire les a tous empêchés. Au sein du nouveau ministère Sarrien, Briand, ministre des Cultes, et Clemenceau, à l'Intérieur, se montrent plus conciliants. D'ailleurs, tant parmi le clergé et les laïcs que parmi les républicains, nombreux sont les partisans d'un compromis. En 1906, Clemenceau, devenu Premier ministre, garde Briand, mais les inventaires sont suspendus. Les papes en Avignon L'âge d'or d'Avignon 1309-1377 A la fin du XIII' siècle, une profonde anarchie règne dans les Etats pontificaux: des révoltes chassent fréquemment les papes de Rome; la noblesse exerce des pressions intolérables. Dans ces conditions, les papes préfèrent séjourner hors de la Ville éternelle. Jean XXII, qui a été évêque d'Avignon de 1310 à 1312, décide de s'y fixer définitivement. De 1316 à 1377, six papes s'y succèdent. Bien que de tempéraments fort divers, ils sont tous français. Ils témoignent d'une sympathie bienveillante à l'égard de la monarchie capétienne et s'efforcent de faire d'Avignon la capitale effective de la chrétienté. Clément VI donne à sa cour un éclat prestigieux: il achève le château de Benoît XII et y ajoute des pièces d'apparat pour les grandes réceptions; les appartements pontificaux sont décorés de fresques réalisées par des artistes italiens et français. Une société délicate et cultivée forme l'entourage du souverain pontife; des laïcs, comme Pétrarque, brillent d'un vif éclat. Les papes développent l'université, rassemblent une importante bibliothèque (plus de 2000 livres en 1369) et constituent un dépôt d'archives. Durant cette période, les papes créent 134 cardinaux; ceux-ci dirigent les bureaux de l'Eglise, Chancellerie et Pénitencerie. Certains cardinaux-légats, munis de bulles précisant leurs attributions, parcourent l'Europe afin de faire respecter la volonté du pape. Chaque cardinal, entouré de sa maison, dirige une cour, image en réduction de celle du pape et possède, outre sa maison de ville, une résidence champêtre dans la campagne environnante. Les papes d'Avignon réalisent une oeuvre remarquable, particulièrement Jean XXII, administrateur exceptionnel: les services pontificaux sont réorganisés; le gouvernement de l'Eglise est de plus en plus centralisé; une politique financière hardie, bien qu'impopulaire, est inaugurée. Toutefois, quelques ombres ternissent ce tableau, comme le népotisme, le nationalisme et la fiscalité oppressive. Cependant, les papes d'Avignon gardent la nostalgie de Rome: Jean XXII consacre d'importantes sommes à la remise en état de Saint-Pierre; Innocent VI trouve dans le cardinal Gil Alvarez Albornoz, ancien archevêque de Tolède, un précieux collaborateur qui, en deux campagnes, entre 1353 et 1360, rétablit l'ordre dans les Etats pontificaux. Désormais, les conditions matérielles sont réunies pour permettre le retour du pape dans sa capitale. Les courants religieux en faveur de cette rentrée sont plus forts que le poids de la monarchie française qui souhaite que la papauté reste proche d'elle. Le 17 janvier 1377, Grégoire XI rentre dans la Ville éternelle; l'âge d'or d'Avignon s'achève. Le colloque de Poissy Ultime réunion des théologiens catholiques et protestants 1561 Le 5 décembre 1560, la mort de François II donne le trône à son frère mineur, Charles IX, et inaugure la régence de sa mère, Catherine de Médicis. Le pouvoir des Guise prend fin; Condé est libéré. Eclairée par le chancelier Michel de L'Hospital, homme d'Etat et humaniste, la régente tente une politique de tolérance malgré la pression des puissances catholiques et du pape. A la suite des états généraux d'Orléans, qui ont mis à l'ordre du jour une réforme du clergé, les persécutions sont arrêtées. L'heure est-elle favorable à la recherche d'un compromis? Le concile de Trente n'a pas encore répondu à l'attente de la chrétienté. La monarchie et le clergé français envisagent l'idée d'un synode national. Des concessions réciproques pourraient être faites; elles concerneraient la prière en langue vulgaire, la communion sous les deux espèces, le mariage des prêtres. L'amiral de Coligny, le roi de Navarre, ont l'oreille de la régente; mais les catholiques sont inquiets et les théologiens des deux partis, réticents. Le 9 septembre 1561, le jeune roi Charles IX, entouré de sa mère, de ses frères et des princes du sang, ouvre à Poissy la réunion où les députés des Eglises protestantes rencontrent les prélats et docteurs de l'Eglise de France. Douze ministres accompagnent Théodore de Bèze qui, après le discours du chancelier, expose la doctrine des réformés; éclate alors le courroux des catholiques contre les blasphèmes des «chiens de Genevois«. Le 16 septembre, le cardinal de Lorraine réplique en argumentant sur l'autorité de l'Eglise, le sacrement de l'eucharistie et le dogme de la présence réelle; les positions apparaissent irréconciliables; le colloque est rompu. Pourquoi cet échec dont l'enseignement peut être précieux? Différentes raisons peuvent être alléguées en une rapide analyse: — le manque de préparation préalable de la réunion; —le mode de travail adopté: deux discours offensifs sans travail de commission portant sur les points de rapprochement; — l'absence des luthériens allemands au colloque: leur doctrine sur la présence réelle dans l'eucharistie pouvait constituer un compromis; — le blocage sur le point essentiel réduit à sa seule expression théologique; —l'action des jésuites, nouvel ordre religieux, reconnu à cette occasion, et d'attitude intransigeante; —le manque d'autorité des politiques: le jeune roi est incapable d'imposer la solution qui doit satisfaire les fidèles. Le 17 janvier 1562, l'édit de Janvier définit la politique de tolérance du pouvoir; mais pour combien de temps? Saint François de Sales Dieu ne l'avait pas fait pour les grandeurs... 1567-1622 Aussi bien en Savoie qu'en France et dans l'ensemble du monde catholique, saint François de Sales s'impose par son prestige spirituel. Né le 21 août 1567 au château de Sales, près de Thorens, fils d'une noble famille, il reçoit, dans les différents collèges qu'il fréquente, l'éducation intellectuelle et mondaine qui est celle de l'honnête homme formé par les jésuites. S'y ajoutent de multiples voyages, une formation juridique avant que ne se décide sa vocation pour l'état ecclésiastique. Sa carrière est celle des prélats privés de leur résidence épiscopale et désireux de la reconquérir. En 1599, ses premiers succès de missionnaire amènent Claude de Granier, évêque de Genève, à le prendre comme coadjuteur. François de Sales refuse d'Henri IV l'offre d'une abbaye et le chapeau de cardinal: «Dieu ne l'avait pas fait pour les grandeurs...« En 1618, il refuse la charge de coadjuteur de Paris que lui propose le cardinal de Retz et revient dans son diocèse. Evêque de Genève, il prend à coeur l'oeuvre de mission face à la ville qui fut et demeure encore en partie la métropole du calvinisme. Les circonstances politiques sont favorables: pour le Chablais, il rencontre l'appui du duc de Savoie; pour le pays de Gex, celui d'Henri IV. Le protestantisme est sur la défensive. La controverse avec Théodore de Bèze n'aboutit pas. L'évêque de Genève, exclu de sa ville, agit dans le plat pays par des visites pastorales, fonde à Annecy, en 1606, une académie, convertit en 1622 le maréchal de Lesdiguières qui devient connétable à la mort de Luynes. Apôtre de l'amour divin, François de Sales participe à la spiritualité catholique: en 1604, prêchant le carême à Dijon, il forme avec la baronne de Chantal «une sainte union« dont les effets seront bénéfiques pour la foi et qui permet de préciser certains traits de son caractère: éloigner les disputes «qui ont toujours altéré la charité et troublé la paix de l'Eglise«, agir par l'exemple, la parole et la concorde. En 1610, il fonde l'ordre de la Visitation de Sainte-Marie, approuvé par le Saint-Siège, confié à la Mère de Chantal; érigé en congrégation, l'ordre compte 75 monastères en France et en Savoie lorsque meurt la Mère de Chantal, dont le fils est le père de Mme de Sévigné. La charité de François de Sales, entretenue par une correspondance assidue avec Jeanne de Chantal, se porte vers les pauvres d'Annecy et d'ailleurs. En 1604 paraît L'Introduction à la vie dévote; en 1616, le Traité de l'amour de Dieu que suivent les Entretiens spirituels, les Lettres, les Sermons, des opuscules divers où alternent problèmes de piété et de morale. «Sublime dans la direction des âmes«, au dire de Bossuet, François de Sales meurt à Lyon au retour d'un voyage auprès de Louis XIII, le 28 décembre 1622. Il est canonisé en 1665. Sainte Bernadette de Lourdes A l'origine d'un des plus grands pèlerinages 1844-1879 La période révolutionnaire a troublé les consciences chrétiennes. Face aux périls que représentent les nouveaux courants de pensée inspirés des idées libérales et rationalistes, l'Eglise réplique en exaltant le mysticisme et la dévotion. Dans de larges couches populaires, un élan renouvelé vers Dieu répond aux angoisses du monde moderne. Plusieurs manifestations divines s'inscrivent dans ce climat de ferveur religieuse: la Vierge apparaît ainsi aux yeux de deux jeunes bergers à La Salette en 1846. Quelques années plus tard, Bernadette Soubirous témoigne de plusieurs apparitions qui sont à l'origine de la renommée de Lourdes. Bernadette Soubirous naît le 7 janvier 1844 à Lourdes. Elle est l'aînée de 9 enfants d'un meunier ruiné, devenu journalier. L'indigence de sa famille et une santé précaire obligent l'enfant à ne fréquenter que tardivement l'école des sœurs de la Charité. A l'âge de 14 ans, alors qu'elle va ramasser du bois mort sur les bords du gave de Pau, une «Dame«, habillée de blanc et nimbée d'un halo de lumière, lui apparaît dans une grotte de la roche Massabielle. Du 11 février au 16 juillet 1858, Bernadette Soubirous a ainsi 18 visions au cours desquelles l'apparition lui parle dans le patois local. Le récit qu'elle en fait se heurte tout d'abord à l'incrédulité de son entourage; mais une assistance toujours plus nombreuse l'accompagne lors de ses visites à la grotte. Au cours de la neuvième apparition, Bernadette, en grattant le sol de ses doigts, aurait fait jaillir une source aux propriétés miraculeuses. A la seizième apparition, la «Dame« se définit aux oreilles de Bernadette comme l'Immaculée Conception. Cette croyance en l'Immaculée Conception de la Vierge a été érigée en dogme quelques années auparavant par Pie IX dans la bulle Ineffabilis. Après les apparitions, les soeurs de l'ordre de la Charité et de l'Instruction chrétienne de Nevers apprennent à lire à Bernadette et complètent son instruction. La jeune fille demeure quelques années à l'hospice de Lourdes puis entre, en 1866, au couvent SaintGildard de Nevers. Retirée du monde, elle vit à l'abri des curiosités qu'elle a suscitées; ayant pris officiellement le voile en 1867, elle remplit les fonctions d'infirmière et de sacristine du couvent. Rongée par une tuberculose osseuse, elle voit rapidement décliner sa santé. Elle meurt en 1879 à l'âge de 35 ans. Bernadette, béatifiée en 1925, est canonisée en 1933. Dès 1862, l'Eglise édifie un sanctuaire sur le lieu des apparitions et organise un pèlerinage dont la renommée va grandissant. De nos jours, Notre-Dame de Lourdes attire annuellement plus de 2 millions de pèlerins. Le culte de l'Etre suprême Une religion d'Etat Bien avant la Révolution française, des écrivains et des philosophes du XVIIIe siècle ont songé à remplacer l'Eglise catholique, et d'une manière générale le christianisme, par un culte déiste qui serait consacré à l'Etre suprême, en dehors de tout dogme et soustrait à la hiérarchie ecclésiastique, trop compromise avec la monarchie absolue. A ce culte de l'Etre suprême s'ajoute la croyance en l'immortalité de l'âme; il a été évoqué notamment par Jean-Jacques Rousseau dans la Profession de foi du Vicaire Savoyard et par Voltaire à la fin de sa vie. Les membres des Assemblées de la Révolution placent les Constitutions de 1791 et de 1793, ainsi que la Déclaration des droits de l'homme, sous la protection de l'Etre suprême. Pourtant, à la fin de l'année 1793, cette référence disparaît et un athéisme officiel, sous l'impulsion des plus farouches révolutionnaires, inaugure le culte de la déesse Raison. Cette réaction violente contre le catholicisme provoque la colère de Robespierre, lecteur et admirateur de Jean-Jacques Rousseau. Aussi, lorsque l'avocat d'Arras aura éliminé ses concurrents et ses ennemis dantonistes et hébertistes, le projet d'une fête de l'Etre suprême est repris par Couthon le 6 avril 1794. Le 7 mai, Robespierre prononce un discours contre l'athéisme qui est, à ses yeux, «aristocratique«; il se prononce en faveur de la Divinité, dont l'idée a une valeur sociale et républicaine. 1794 Le 8 juin 1794 a lieu la fête de l'Etre suprême. David, le peintre des grandes scènes de la Révolution et de l'Empire, en organise le déroulement et les fastes. A 8 heures, le peuple se rassemble aux Tuileries; les femmes portent des bouquets de roses et les hommes des branches de chêne. Les Conventionnels tiennent également des bouquets de fleurs et d'épis. Robespierre, revêtu du frac bleu des représentants, prononce un discours où il exalte le panthéisme de la nouvelle religion en s'écriant: «O Nature, que ta puissance est sublime et délicieuse, que les tyrans doivent pâlir à l'idée de cette fête!« Sur un monticule, on a placé des mannequins symbolisant l'athéisme, l'ambition, l'égoïsme, la misère; Robespierre y met le feu, découvrant ainsi la statue de la Sagesse. Puis le cortège gagne le Champ-de-Mars où chacun entonne l'hymne à l'Etre suprême, écrit sur un poème de Desorgues et une musique de Gaveaux. Dans la même journée, le culte est célébré dans toute la France. Robespierre a tenté ainsi de créer une religion d'Etat; mais cet essai échoue et disparaît à sa mort, quelques semaines plus tard. Les cathédrales Prestigieux témoins d'une grande époque Xlle siècle Les cathédrales traduisent l'apogée de l'art médiéval de l'Occident. Le christianisme une fois implanté en Gaule, il y a autant de cathédrales que de diocèses. Elles sont édifiées dans le chef-lieu qu'on nomme «cité«. Des premiers édifices, il ne reste que des vestiges. Aux époques mérovingienne et carolingienne, au lieu d'un édifice unique, on trouve le «groupe cathédral« composé d'un baptistère, d'une église où l'évêque donne les sacrements et d'une autre pour la messe dominicale des laïcs. Sauf dans la partie orientale de la France, comme à Lyon, le groupe cathédral va disparaître sous les coups des Normands. Au XIe siècle s'élèvent des cathédrales romanes, comme celle qui subsiste à Angoulême. Elles ressemblent beaucoup, en moins somptueux souvent, aux abbatiales de monastères, comme Vézelay ou Saint-Sernin de Toulouse. L'essor des villes et la concentration de richesses qui s'ensuit amènent les évêques, d'accord avec leurs fidèles, à entreprendre des constructions beaucoup plus ambitieuses dont la réalisation est favorisée par les techniques de plus en plus raffinées de l'art gothique. Les premières expériences sont menées à Laon et à Soissons, peu après 1150. Puis c'est la grande floraison: Notre-Dame de Paris de 1163 à 1196, Chartres de 1194 à 1235, Reims à partir de 1211, Amiens après 1220. Sorte de course aux records, c'est à qui fera plus grand et plus haut: on passe ainsi de 35 m sous voûte à Paris à 42,30 m à Amiens. A Beauvais, en 1247, on décide de faire encore mieux en portant la voûte à 48 m: on a visé trop haut; l'écroulement de l'édifice, en 1284, marque la fin de l'ère des grandes cathédrales gothiques. Celles-ci sont des constructions grandioses mais cohérentes et harmonieuses grâce à un plan rigoureux. Toutes se ressemblent mais chacune a son originalité: Chartres, qui montre dans les détails le souvenir de son passé, n'est pas Reims, à la remarquable unité. Une préoccupation très moderne a guidé les architectes: réaliser l'édifice le plus vaste avec le moins de matériau possible pour y faire pénétrer largement la lumière. L'art gothique vise donc l'essentiel. L'ossature (piliers, croisées d'ogives, arcs-boutants) joue un rôle déterminant. La sculpture, abondante aux porches et sur la façade, est plus discrète à l'intérieur où la décoration repose surtout sur le vitrail. Les scènes des vitraux doivent instruire les foules, mais décrivent aussi les activités des bourgeois qui aiment à se retrouver dans un sanctuaire qui est le leur et que l'on a justement appelé «une maison du peuple«. Pénétration du calvinisme en France L'appel d'un renouveau A partir de 1555, les Eglises dressées se multiplient en France; désormais, entre les Eglises jusque-là indépendantes les unes des autres, un lien se crée; la pénétration du calvinisme s'intensifie en fonction de trois éléments: un homme, un livre, une ville. L'homme, c'est Calvin qui coordonne et systématise les aspirations éparses, celles de Lefèvre d'Etaples, du groupe de Meaux ou des érasmiens. Le livre, c'est l'Institution chrétienne (première édition latine en 1536, seconde édition française en 1541), qui donne le corps de la doctrine. La ville, c'est Genève qui a reçu Calvin lors d'un premier séjour (juillet 1536-mars 1538) et après 1541. C'est à Genève que se forme le corps des pasteurs capables de prêcher le peuple, de l'édifier et de manier l'exégèse moderne en fonction de la culture exigée par l'esprit nouveau de la Renaissance. La Réforme, en France, est fille du sol et de la parole. Du sol où s'opère l'enracinement, car, souvent, les Eglises naissent spontanément par la diffusion de petits livrets, d'extraits du catéchisme de Genève, d'écrits érasmiens. Un cadre se met en place avec des Anciens et des diacres. Un pasteur, venu de Genève, de Lausanne ou de Strasbourg, est installé et préside le Consistoire. Il n'y a pas encore de temple, mais une Eglise dressée. Le premier synode national se tient à Paris en 1559: il réunit 79 Eglises sous la présidence de Morel, de Paris, en présence de trois délégués de Calvin, venus de Genève. Le 29 mai est adoptée une «Confession de foi« commune en 40 articles, d'inspiration nettement calviniste. 1555 La période 1555-1559 marque le début de l'expansion de l'Eglise réformée, jusque-là freinée par Calvin. On y retrouve le mélange caractéristique de ferveur religieuse intense, d'acceptation du martyre, de recherche du bon ordre et de volonté prosélyte qui caractérise les premières Eglises. Ce passage de Genève à Paris «nationalise« le calvinisme naissant. Certains ont affirmé qu'à partir de ce moment la Réforme française a pris l'aspect d'une «révolution«, d'un défi lancé aux institutions qui, depuis le concordat de Bologne, unissent le trône et l'autel. Jusqu'au bout, Calvin s'est efforcé de gagner à la Réforme le roi et la cour. Ainsi s'explique l'extraordinaire retard avec lequel se sont constituées les Eglises réformées de France. La soudaineté du courant qui, après 1559, brise toutes les digues, naît d'un phénomène de psychologie sociale, issu de l'attrait exercé par la discipline ecclésiastique pratiquée à Genève. Voir les portraits de Calvin et de Théodore de Bèze à la Bibliothèque protestante française, à Paris; celui de Jean Calvin à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève (cf E. Doumergue, Iconographie calvinienne, 1909). Voir aussi La Confession de foy, aux Archives d'Etat de Genève. La crise anarchiste Les «brigades rouges« de nos grands-pères 1892-1894 A la fin du XIX' siècle, la terreur anarchiste s'abat sur l'Amérique, sur l'Europe, marquée par des assassinats politiques retentissants: le président Sadi Carnot, le roi d'Italie Humbert Ier, le président des Etats-Unis McKinley. Aucun pays n'est épargné. En France, le courant anarchiste, qui s'est séparé du socialisme en 1789, puise son inspiration dans Proudhon — «Dieu, c'est le mal«, «la propriété, c'est le vol« —, tout en subissant fortement l'influence du philosophe Bakounine, professeur à Berlin, et de Kropotkine, le «théoricien N° 1«, le «prince de l'anarchie«. Au départ, le mouvement offre un caractère intellectuel prononcé avec des hommes comme Jean Grave, Elisée Reclus, Sébastien Faure qui animent des petits groupes et des feuilles à très pet+. tirage comme la Revue libertaire ou ie Père Peinard. L'anarchie apparaît alors comme la «négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et de toutes les contraintes qui procèdent des institutions basées sur ce principe«. La grande idée repose sur la foi en la spontanéité des masses, sur la volonté d'affranchir l'homme, de le libérer des contraintes de l'Etat et du capital par l'abstention aux élections, la désertion aux armées, la grève générale. Sur les ruines du monde bourgeois s'élèvera ainsi une société naturelle fondée sur la libre association des individus, des organisations professionnelles, des villes et des régions, sans passer par le stade marxiste de la dictature du prolétariat. En marge de ce courant idéaliste, une autre tendance ne tarde pas à se manifester, celle de l'action directe, de la «propagande par le fait«. Il s'agit de détruire la société par le terrorisme, à coups de «reprises individuelles«. Pendant deux ans, de 1892 à 1894, une poignée d'individus, les Ravachol, Henry, Liabeuf, Jacob font trembler la société française, faisant exploser des bombes, des «marmites infernales« dans les cages d'escalier, les cafés, les restaurants. Le mouvement connaît son apogée avec l'explosion, à la Chambre, d'une bombe jetée par Vaillant (9 décembre 1893) et, surtout, avec l'assassinat du président Carnot (24 juin 1894) par Caserio, garçon de 20 ans, endoctriné par la propagande terroriste. Criminel dépassé par son crime, Caserio est guillotiné le 6 août suivant. L'action de la police, le vote d'une législation restrictive, les fameuses «lois scélérates«, présentées par Jean Casimir-Perier en 1893-1894, mettent fin aux attentats, mais ne réussissent pas à tuer l'anarchisme qui réapparaîtra, sous une forme tapageuse, avec la «bande à Bonnot« et qui inspirera d'une façon certaine le syndicalisme français et la C.G.T. au moment des grandes grèves du début du X,Ce siècle. Le musée du Désert A la mémoire des «fous de Dieu« 1910 Sur le territoire de la commune du Mialet, où se tint en 1560 le premier synode des Eglises réformées du Languedoc oriental, à 6 km au nord d'Anduze, le hameau du Mas-Soubeyran se dresse sur un piton au-dessus du Gardon. Ces quelques pauvres maisons, sur fond de montagnes déboisées, constituent un des hauts lieux du protestantisme, car elles abritent le musée du Désert. De 1540 à 1570, la Réforme pénètre la montagne cévenole, à partir de Nîmes et de Montpellier où se rendent régulièrement les artisans du pays, cardeurs, tisserands, cordonniers... Après les guerres de religion, la paix d'Alès (1629) laisse aux protestants la liberté du culte. Cependant, à partir de 1661, Louis XIV entreprend une vive campagne contre la «religion prétendue réformée«. Les «dragonnades« se multiplient. Après la révocation de l'édit de Nantes (1685), les pasteurs et les fidèles cévenols qui n'ont pas fui à l'étranger tiennent leurs assemblées dans les lieux les plus retirés de la montagne, le «Désert«. Cependant, la répression royale s'intensifie, acculant les protestants cévenols à la révolte. En 1702, quelque 3000 à 5000 «camisards« (du patois languedocien: camiso = chemise, ou de camisade = embuscade nocturne) encadrés par quelques chefs paysans ou artisans, dont les plus célèbres sont Cavalier et Rolland, affrontent les 30000 hommes du roi, commandés par trois maréchaux. Après la soumission de Cavalier, Rolland continue seul la lutte mais, livré en 1704 par un traître, il est abattu. Les persécutions se prolongent jusqu'en 1787, date à laquelle Louis XVI signe un édit de tolérance que la Révolution transforme en simple liberté de conscience. En 1910, la Société de l'histoire du protestantisme français décide de fonder dans la maison natale du chef camisard Rolland, au Mas-Soubeyran, un musée qui rappelle cette résistance: le musée du Désert. Ce dernier comprend deux parties: la maison de Rolland et les salles commémoratives aménagées dans une maison attenante. La maison de Rolland est telle qu'elle existait au XVII' et au XVIII' siècle. Les quatre pièces du premier étage sont consacrées à l'histoire du protestantisme de 1685 à 1787. Les chambres ont conservé leur ancien ameublement et la cuisine, sa grande cheminée et ses chaudrons de cuivre. Dans le placard aux provisions, on voit la «cachette«, où un homme pouvait se dissimuler. Déclarations, arrêts, ordonnances, cartes y sont exposés, ainsi que la Bible et la fourche de Rolland et l'épée de Cavalier. Les quatre salles commémoratives sont dédiées à la mémoire des «martyrs du Désert«. Dans la «salle de la Bible« sont exposés quelque 80 Bibles, psautiers et belles reliures. Une des curieuses chaires mobiles et démontables des prédicants du Désert sert chaque année, le premier dimanche de septembre, à l'assemblée du Mas-Soubeyran où se pressent des milliers de fidèles. Le diacre Pâris L'idole des «convulsionnaires« 1690-1727 François de Pâris naît en 1690. Il est le fils d'un conseiller au parlement de Paris. Sa mère, dévote, le confie aux chanoines de Sainte-Geneviève. Mais l'enfant se montre peu studieux et dissipé; aussi le renvoie-t-on dans sa famille où un précepteur parvient à lui inculquer le goût de l'étude. François de Pâris se nourrit alors de lectures édifiantes qui exaltent sa piété. Il désire se faire bénédictin, mais il est l'aîné de sa famille et son père lui destine sa charge. Sa piété est telle qu'elle convainc finalement ses parents et François de Pâris entre au séminaire des oratoriens de SaintMagloire où il étudie avec passion les Ecritures. Catéchiste zélé, il est promu sous-diacre puis diacre. Dans les querelles provoquées par la promulgation de la bulle Unigenitus, il prend le parti des jansénistes. Il souscrit à l'appel lancé contre la bulle par quatre évêques et persiste malgré l'accommodement signé par l'archevêque de Paris. On lui propose une cure, mais sa conscience ne lui permet plus de signer le «formulaire« exigé. La carrière sacerdotale lui est désormais fermée. Le diacre se retire dans une modeste maison du faubourg Saint-Marceau où il mène une vie très austère. Il emploie la pension que lui verse son frère pour des oeuvres charitables et s'oblige à travailler sur un métier à tisser pour accroître ses aumônes et faire pénitence. Sa ferveur religieuse le conduit à s'imposer des mortifications pour la gloire de l'Eglise qu'il juge offensée par la bulle Unigenitus. Macérations et jeûnes l'épuisent prématurément. Il meurt en 1727. La vie édifiante du diacre Pâris impressionne les esprits. On le considère comme un saint. Les jansénistes viennent se recueillir au cimetière de SaintMédard où il est inhumé. Le bruit court bientôt que des miracles s'accomplissent sur sa tombe. Le cimetière devient alors le théâtre de scènes d'extase collective. Des illuminés entrent en convulsions sur la sépulture du diacre — d'où le nom de «convulsionnaires« de Saint-Médard et font des prophéties. L'Eglise s'émeut. Une commission d'ecclésiastiques juge les miracles illusoires. Mais l'enthousiasme persiste. Le gouvernement ferme le cimetière en 1732. L'effervescénce ne s'apaise pas. Des reliques du diacre circulent et le mouvement gagne la province. Entretenu par la superstition et des pratiques plus magiques que religieuses, il ne s'éteindra que dans les premières années du XIX' siècle. Le cimetière de Saint-Médard, où fut enterré Pâris, jouxte l'église du même nom, dédiée à un ancien conseiller des rois mérovingiens. Lorsque Louis XVfit fermer le cimetière, des protestataires gravèrent sur sa porte: «De par le Roi, défense à Dieu De faire miracle en ce lieu!« Le cardinal de Bérulle Le fondateur de l'Oratoire de France 1575-1629 Pierre de Bérulle est l'un des directeurs de conscience du XVII' siècle. Il développe à travers ses écrits une doctrine de la vie spirituelle fondée sur un «christocentrisme« exigeant. Contemplatif de nature, il est cependant étroitement mêlé à la vie de son siècle. Né dans une famille de parlementaires, on le destine à la magistrature, mais sa vocation religieuse se montre si forte qu'on ne peut la contrarier. Après des études chez les jésuites de Clermont, Bérulle est ordonné prêtre en 1599 et devient aumônier du roi. Déjà rompu aux controverses religieuses, il s'emploie à convertir les protestants. En 1604, il travaille avec Mme Acarie à introduire le Carmel en France; il séjourne en Espagne pour réunir un noyau de carmélites formées par Thérèse d'Avila et qui encadreront les postulantes. Nommé visiteur du Carmel par le pape, il se voit contesté: à l'instigation de carmes venus d'Italie, les religieuses refusent de reconnaître une autorité qui n'est pas de leur ordre. Seule l'intervention de Grégoire XV pourra rétablir le calme en 1623. Afin de ressusciter les principes de la discipline ecclésiastique, principes complètement négligés par le clergé séculier, Bérulle envisage, dès 1605, d'introduire en France la congrégation de l'Oratoire, fondée en Italie par Philippe Neri. Il doit vaincre l'hostilité des jésuites, jaloux de son influence. La rivalité de l'Oratoire et des jésuites s'accentuera du reste, dégé- nérant en un conflit de doctrine qui ne s'apaisera pas. En 1619, Bérulle est parvenu à réconcilier Louis XIII et Marie de Médicis, en dépit des intrigues qui envenimaient leur querelle. Désormais investi de la confiance royale, il est chargé de négocier le mariage d'Henriette de France avec Charles Ier d'Angleterre. Cette union, pense-t-il, peut favoriser une restauration catholique outre-Manche. Mais le duc de Buckingham contrecarre ce dessein. L'action de Bérulle est dictée par sa ferveur religieuse: il souhaite l'alliance des puissances catholiques contre les protestants. Il reçoit le chapeau de cardinal pour avoir favorisé la réconciliation franco-espagnole de 1627. Il se montre partisan du siège de La Rochelle par haine des protestants. La reprise de la guerre avec l'Espagne consacre l'échec de sa politique. Nommé ministre d'Etat par la reine mère, régente pendant l'absence du roi, il refuse de pactiser avec l'Angleterre et les Provinces-Unies et perd ainsi la confiance de Louis XIII. Il meurt pendant sa messe en 1629. Sainte Jeanne de Chantal La Mère des visitandines Par un hasard singulier bien que fréquent dans l'histoire de la sensibilité religieuse, c'est par le biais d'une aventure spirituelle que Jeanne-Françoise Frémyot, veuve du baron Christophe de Rabutin-Chantal, entre dans «le siècle des saints« et participe à l'invasion Mystique qui, après les guerres de religion, ouvre en France le grand siècle classique. Elle naît en 1572, de Bénigne Frémyot, président du parlement de Bourgogne. Mariée à 20 ans au baron Christophe, elle perd son mari tué, en 1601, dans un accident de chasse. Très pieuse, elle éprouve déj&ag...

« Les congrégations missionnaires C'est surtout avec les grandes découvertes maritimes, à partir du XV' siècle, que la Terre entière s'ouvrit aux missionnaires chrétiens, au premier rang desquels les jésuites.

Après une période de déclin au XVIII' siècle, les congrégations mission­ naires proliférèrent à nouveau au XIX' siècle, vouées aux missions intérieures ou dans les colonies.

L'action missionnaire L'activité missionnaire prit son essor dès les premiers temps de 1 'Eglise.

L'Evangile fut prêché dans tout le monde romain.

Du vne au xre siècle, les bénédictins furent les grands apôtres de l'Europe du Nord et de l'Est.

Plus tard, les ordres mendiants, franciscain et dominicain, se vouèrent à l'œuvre missionnaire.

Avec les grandes découvertes maritimes aux xve et xvre siècles, la terre entière devint le terrain des missions.

Par 1 'intermédiaire des patronats, les Rois catholiques se réservèrent le monopole de l'évangélisation des terres conquises.

Les jésuites en particulier ac­ complirent une œuvre gigantesque.

Pour soustraire les missions aux pressions poli­ tiques des Etats et les unifier sous la direc­ tion du Saint-Siège, Grégoire XV créa en 1622 la congrégation de la Propagande et de la Foi.

Pour soutenir son action, la société des Missions étrangères de Paris fut fondée en 1658; son séminaire prépara des missionnaires, envoyés surtout en Chine et dans le Sud-Est asiatique.

D'autres congrégations se vouèrent à la mission intérieure, pour rechristianiser la France après la crise des guerres de Religion, tels xrxe siècle les lazaristes, société fondée par saint Vincent de Paul en 1625, les eudistes de la congrégation de Jésus-et-Marie formée par saint Jean Eudes en 1643 ou les rédemptoristes, créés en 1732 par Alphonse de Liguori.

Les conflits entre la congréga­ tion de la Propagande et les patronats, la lutte contre les congrégations, ralentirent l'action missionnaire.

En France, les congrégations furent interdites en 1792.

Le renouveau Les congrégations m1sswnnaires catho­ liques se multiplièrent après la Restaura­ tion.

En 1816, Eugène de Mazenod créa les oblats de Marie Immaculée pour re­ christianiser les campagnes.

En 1854 naquirent les missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus et en 18561es missions africaines de Lyon, parmi bien d'autres.

Mgr Lavi­ gerie, archevêque d'Alger, fonda en 1868 la Société des Missions d'Afrique (les pères blancs), qui évangélisa 1 'Afrique du Nord.

Ainsi, après 1 'Asie et l'Amérique, 1' Afrique et 1 'Océanie furent évangélisées.

Repères chronologiques 1817 :Lamennais, Essai sur/' Indifférence en Matière de Religion- 1833: création de la société de Saint- Vincent-de-Paul par F.

Ozanam -1839 : Lacordaire rénove 1' ordre des Dominicains -1862 : début des pèleri­ nages à Lourdes.. »

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