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Les politiques agraires en Amérique latine ?

Publié le 27/02/2008

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La mise en place d'agricultures commerciales, destinées à faire rentrer des devises, est un des aspects du modèle de développement extraverti, fait par les pays d'Amérique latine. Mais le choix de développer une agriculture commerciale s'est fait sans toucher aux structures agraires, c'est-à-dire à la répartition des terres. Or peut-il y avoir développement humain, c'est-à-dire amélioration qualitative et quantitative du niveau de vie de la majorité des populations sans résoudre la question agraire ? Et sans la résolution de cette question agraire, la croissance de la production agricole conduit-elle nécessairement au mal-développement, c'est-à-dire à l'absence de développement social et à l'accroissement des écarts sociaux, les riches étant de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous verrons comment et sur quelles bases s'est développée l'agriculture commerciale, puis nous envisagerons la question des structures agraires et enfin nous étudierons les rapports entre croissance et développement humain.  

« la classe des grands propriétaires fonciers est une exception.

En effet, partout les réformes agraires ne visaient pasà faire une révolution sociale mais plutôt à la prévenir.

Les réformes agraires se fixaient pour objectifs d'une part decréer une classe moyenne paysanne en luttant contre le minifundio, et d'autre part de contraindre les grands propriétaires à se moderniser et à se concentrer sur les terres réellement exploitées et à investir une partie de leurscapitaux dans l'industrie nationale et ainsi favoriser l'industrialisation, facteur de développement. • L'arrêt des réformes agrairesLe bilan des réformes agraires est mitigé.

Nulle part, elles n'ont atteint pleinement leurs objectifs, soit parce que l'État n'a pas suffisamment accompagné la réforme, soit parce que les propriétaires terriens s'y sont d'unemanière ou d'une autre opposés, soit pour les deux raisons.

Elles n'ont pas empêché l'exode rural, tout au plus Font-elles ralenti.

Les réformes agraires ont été progressivement abandonnées.

L'exemple du Mexique est significatif.

LeMexique a été le premier pays, dès 1915, à entreprendre une réforme agraire.

La réforme agraire créa Y ejido, c'était une réforme qui s'étalait dans le temps : tant que tous les paysans n'auraient pas leur terre, des distributionsdevaient avoir lieu.

Les paysans possédaient la terre en usufruit pour la cultiver et la transmettre à leurdescendance mais ne pouvaient ni la vendre ni la louer dans le but d'éviter la reconstitution des grands domaines.Mais le système de Y ejido fut détourné : les grands propriétaires utilisaient des prête-noms pour acheter la terre des petits paysans.

La Constitution mexicaine l'a officiellement supprimé en 1992.

Et, aujourd'hui, au Mexique, lagrande propriété foncière occupe une place plus importante qu'avant la réforme agraire de 1915 et le pays compteplus de paysans sans terre qu'au début du siècle.

• La modernisation de l'agriculture a aggravé la question agraire En effet, l'agriculture commerciale suppose de grandes exploitations et les grands propriétaires ont été incités àproduire plus d'autant que les cours des denrées agricoles, du fait de l'ouverture des marchés, sont à la baisse.Cela s'est traduit par un accroissement des surfaces cultivées en productions spéculatives, c'est-à-dire pour le marché mondial, au détriment des cultures vivrières, celles qui assurent l'alimentation de la majorité de lapopulation à commencer par la population paysanne.

Ainsi au Brésil, à partir de 1975, le plan visant à produire del'éthanol, un carburant pour automobiles, a eu pour conséquence une extension des surfaces cultivées en canne àsucre, les grands propriétaires reprenant aux ouvriers agricoles les terres qu'ils leur louaient afin d'assurer leurautosubsistance alimentaire.

Transition Pour désigner l'évolution de l'agriculture latino-américaine dans la dernière période, certains auteurs utilisentl'expression paradoxale de « modernisation conservatrice ».

Modernisation technologique d'une part maisconservatisme social d'autre part car les structures agraires, non seulement n'évoluent pas vers plus de justicesociale mais au contraire évoluent vers une répartition encore plus injuste de la terre.

Et cette non-résolution de laquestion agraire conduit au mal-développement, expression ambiguë car elle laisse entendre qu'il y aurait cependantun développement alors qu'en fait, il n'y en a pas.

Troisième partie : la modernisation de l'agriculture génère le mal-développement • La progression de la malnutrition et de la sous-nutrition La logique du marché fait que ça coûte moins cher d'importer des produits de base que de les produire.En conséquence, les gouvernements n'encouragent plus la production de céréales, de maïs ou de soja.

L'Amériquelatine est grande importatrice de produits agricoles, la couverture alimentaire est en diminution.

Et les agriculturescommerciales latino-américaines, ont beau, comme nous l'avons dit occuper les premiers rangs pour nombre deproductions, la réalité est que la ration alimentaire quotidienne est égale à un tiers de la ration européenne, lamalnutrition (insuffisance qualitative) et la sous-alimentation (insuffisance quantitative) sont en hausse, près de lamoitié des enfants du Salvador sont en situation d'anémie et dans les pays d'Amérique centrale, l'aide alimentaireest devenue nécessaire, elle a doublé depuis les années 1980.

Par ailleurs, les importations de produits de base sefont au détriment du petit paysan qui, tant bien que mal, tente de réagir face au problème. • La progression des narco-cultures La progression des narco-cultures est une réponse d'une partie de la paysannerie au recul de cultures vivrières et de certaines cultures spéculatives.

Ce n'est pas par appât du gain que les paysans cultivent les plantes psychotropes mais pour survivre.

En effet, du fait de l'ouverture des marchés, les cours de certainesproductions se sont effondrés.

Ainsi en 1989, l'effondrement du cours du café a poussé les paysans à arracher lespieds de caféiers et à les remplacer par des cocaïers, les narco-cultures rapportant cinq fois plus aux paysans andins que les cultures traditionnelles. • La crise urbaine, produit de la question agraire La non-résolution de la question agraire est la cause directe de l'exode rural massif que connaîtl'Amérique latine, le plus important des trois continents en développement.

Aujourd'hui, les sociétés latino- américaines sont majoritairement urbaines.. »

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