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LES ÉVÉNEMENTS DE MAI 1968 (Histoire)

Publié le 27/02/2008

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Cent cinquante étudiants de Nanterre, sous la direction d'un « anarchiste allemand », ont donné le coup de pioche qui a précipité, en quelques jours, l'effondrement d'un édifice vermoulu, la vieille Université. En deux semaines, l'exaltation des jeunes gagnait les masses ouvrières ; dix millions de grévistes paralysaient la vie nationale (...) les « vaincus » de 1958 s'apprêtaient à rendre la pareille aux « vainqueurs » d'il y a dix ans, aujourd'hui pouvoir légal. Puis, soudain, le jeudi 30 mai, une voix s'élevait et, en quelques minutes, restaurait l'État et mobilisait des centaines de milliers de Parisiens, des millions de Français. (...) Personne, il y a un mois, n'avait rien prévu (...) Les historiens de l'avenir nous apprendront, à coup sûr, que des causes profondes « d'ordre économique » rendaient inévitable l'explosion. Pour les contemporains, il n'y a que deux éléments logiques dans cette histoire folle : le détonateur et l'action du Parti communiste. De toutes les institutions françaises, l'Université souffrait du mal le plus grave et une fraction de la jeunesse étudiante dans le monde entier vibre d'une ardeur révolutionnaire qui manque... aux ouvriers français encore encadrés par le Parti communiste. (...) A aucun moment, le Parti communiste et la C.G.T. n'ont poussé à l'émeute, à aucun moment ils n'ont voulu abattre le pouvoir gaulliste, dont la politique étrangère comble leurs voeux (...) Mais ils ont eu pour objectif constant non de « faire la révolution » mais de ne pas se laisser déborder sur leur gauche par les étudiants, par les maoïstes, par les jeunes ouvriers. (...) C.F.D.T. et Fédération de la gauche demeurent impuissantes entre les deux piliers de la France : le Parti communiste, qui attend son heure, et l'Etat bourgeois autour duquel se regroupe une majorité de Français en période de crise. Raymond Aron, « Après la tempête », Le Figaro, 4 juin 1968. Questions : 1° Quels sont les principaux événements, évoqués par l'auteur, de la révolte de mai 1968 ? 2° A quelles causes peut-on attribuer ce phénomène ? 3° Expliquez quel a été le comportement des forces politiques, et en particulier celui du Parti communiste.
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« manifestations étudiantes cessent peu à peu au cours de la première quinzaine de Juin et les élections législativessont un triomphe pour le parti gaulliste, l'U.D.R.

remporte la majorité absolue des sièges. 2e question : Dans une crise où les incidences conjoncturelles jouent un rôle majeur, il est cependant possible de distinguer descauses profondes, évoquées par Raymond Aron. • La situation économique et sociale présente des faiblesses certaines : — Si l'essor industriel français est incontestable, la croissance connaît un très net fléchissement depuis 1967. — La hausse des prix demeure relativement forte durant les années 1960. — Conséquence de la caractéristique précédente, l'augmentation du pouvoir d'achat est inférieure à celle queconnaissent les autres pays européens comparables.

Le chômage n'a jamais été aussi élevé depuis la Libération. Enfin, la société française dans son ensemble est indéniablement très hiérarchisée et autoritaire : les relationsprofessionnelles, le droit du travail présentent bien des traits archaïques en regard des pratiques allemandes parexemple. • Cause plus directe, la situation de l'Université française est réellement difficile : — Les structures universitaires sont inadaptées face à l'explosion du nombre des étudiants (qui a triplé en dix ans) :les débouchés professionnels sont incertains. — Cet accroissement quantitatif s'accompagne de modifications qualitatives : la relative démocratisation del'Université (les classes moyennes y sont désormais fortement représentées) fait prévaloir un sentiment d'inégalitédevant la culture. — Enfin, les réformes du système d'enseignement (réforme Fouchet-Agrain) ont plutôt envenimé la situation du faitd'une application inadéquate. 3e question : • Le pouvoir du général de Gaulle a été sérieusement ébranlé : c'est surtout la peur du désordre social qui a pousséles électeurs à accorder leurs suffrages à l'U.D.R., « parti de l'ordre ».

L'échec du président en 1969 trouve sansdoute là une partie de ses origines.

En revanche, l'attitude de Georges Pompidou lui confère un prestige certain etaffirme son tempérament d'homme d'État. • La gauche non communiste est visiblement désorientée par les événements.

Les tentatives de François Mitterrandet de Pierre Mendès France pour se poser en recours possibles achèvent de la discréditer : les partis classiques nesemblent plus aptes à capter les mouvements de l'opinion. • A l'époque, le Parti communiste et la C.G.T.

apparaissent rétrospectivement comme les principaux responsables dela crise aux yeux de l'opinion.

Ce jugement est pourtant largement erroné comme le montre l'auteur. — Le P.C.F.

a en fait été débordé sur sa gauche par les groupuscules trotskystes et maoïstes et par la spontanéitédu mouvement ouvrier de masse.

La C.G.T.

s'est contentée de relayer et de reprendre les grèves à son profit touten étant constamment dépassée par la base comme en témoigne le refus de reprendre le travail après la signaturedes accords de Grenelle. — En outre, les communistes ont jugé que « la situation n'était pas révolutionnaire » et tout laisse à penser qu'ilsont amplement contribué à sauver le pouvoir de l'État. C'est à l'Elysée même que, en cette fin de matinée du mercredi 29 mai 1968, les ministres apprennent que le Conseil des ministres est annulé.

“ C'est un canular ? ” demande l'un d'entre eux.

“ Non ” , répond un huissier.

Mais le général...

Le général est parti.

Le Premier ministre même, Georges Pompidou, ne sait pas pour où le général de Gaulle est parti.

Le bref coup de téléphone par lequel le général l'a informé de son départ s'est achevé sur ces mots qui l'ont laissé pantois : “ Je vous embrasse ” .

Cette “ disparition ” du général de Gaulle signifierait-elle que le pouvoir est à ramasser ? Il a suffit de quelques semaines pour que la France passe de l'ennui à la chienlit. C'est le 15 mars 1968 que le monde a publié un article du chroniqueur Pierre Vianson-Ponté dont le titre Quand la France s'ennuie... a pu passer pour une boutade inquiète.

S'il y écrivait que “ la France est en. »

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