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LES ETRUSQUES

Publié le 10/11/2018

Extrait du document

DES URNES SCULPTÉES

 

Les urnes, ou sarcophages, de forme parallélépipédique, de petite taille, présentent des parois sculptées de magnifiques bas-reliefs. Elles sont coiffées d'un couvercle sur lequel un personnage - souvent, un couple tendrement uni - en ronde-bosse est allongé sur le flanc, appuyé sur un coude (position du banquet), l'autre bras posé sur la hanche, tenant généralement un objet rituel, par exemple une coupe. Coiffure, vêtements, bijoux, inscriptions, scènes mythologiques constituent une riche source de renseignements pour les historiens. Le musée étrusque Cuarnacci, à Volterra, abrite plus de 600 exemplaires de ces urnes.

Les hypothèses les plus contradictoires ont été émises sur les origines des Étrusques. Les historiens anciens ont été les premiers à en débattre. Le Grec Denys d'Halicar-nasse (mort apr. 7 av. J.-C.) est le seul à les considérer comme un peuple autochtone. Plus nombreux sont ceux qui avancent une origine orientale. Par exemple, selon un autre historien grec, Hérodote (v. 484-v. 420 av. J.-C.), les Étrusques auraient émigré de Lydie (en Asie Mineure) en Toscane peu avant la guerre de Troie. Selon une autre tradition, soutenue par le Latin Tite-Live (59 av. J.-C.-17 apr. J.-C.), ils seraient au contraire venus du Nord.

 

Il y a sans doute du vrai dans chacune de ces versions : il y eut probablement une migration depuis l'Asie Mineure vers la Toscane, en groupes isolés porteurs d’une civilisation évoluée, suite à des troubles survenus dans leur zone de provenance (peut-être une famine après une guerre); mais les migrants étaient également attirés par les richesses minières de ce qui allait devenir l'Étrurie.

Les têtes de pont étrusques restent ainsi isolées en Campanie. Après la défaite d'Himère (-480), subie par les Carthaginois et les Étrusques alliés, elles s'affaiblissent plus encore à l'issue de la bataille navale de Cumes (-474), qui voit la flotte étrusque vaincue par Hiéron de Syracuse; et elles sont définitivement perdues en -423 lors de la conquête de Capoue par les Samnites.

Au nord, l'invasion gauloise détruit les cités étrusques de la plaine du Pô au début du Ve siècle av. J.-C.

En -396, Rome conquiert Véies, étendant ainsi son influence sur toute l'Étrurie méridionale. Durant plus de deux siècles, à l'initiative tantôt de l'une, tantôt de l'autre de leurs cités, les Étrusques luttent contre l'expansion romaine. Mais, en -295, bien que coalisés avec la population d'Ombrie, les Gaulois cisalpins et les Samnites, ils sont vaincus à la bataille de Sentino : en quelques décennies, ils deviennent totalement assujettis à Rome et inclus, par des traités spécifiques, parmi les «alliés» de la péninsule italienne, jusqu'à ce que la citoyenneté romaine leur soit accordée lors de la guerre sociale de 90-88 av. J.-C.

Toutefois, leur statut récemment obtenu se détériore rapidement quand ils rallient le camp perdant dans les guerres civiles (88-86 et 83 av. J.-C.). Le vainqueur, Lucius Cornélius Sylla, se venge brutalement, rasant des villes, saisissant les terres et imposant des restrictions aux droits civils des Étrusques. La brutalité de Sylla va dévaster à ce point l'Étrurie que les tentatives ultérieures de révolte seront sans effet Un siècle plus tard, Auguste envoie de nouveaux colons en Étrurie, qui réussissent à accélérer la romanisation de la région.

L'héritage étrusque

• En dépit de la perte de leur autonomie politique, les Étrusques continuent d'exercer par la suite un grand ascendant en Italie sur le plan culturel, religieux et artistique. Rome subit fortement leur influence, qui persiste dans les institutions, les modes de vie, la langue, les goûts, l'amour du luxe, du faste et des banquets, la danse et la musique. Coûts étrusques attestés par les peintures des tombes, quoique ces dernières nous renseignent surtout sur les goûts des classes aisées, c'est-à-dire d'une minorité de la population.

L'empereur Claude (41 -54) était lui-même un spécialiste de la culture étrusque.

« rasant des villes, saisissant les terres et imposant des restrictions aux droits civils des Étrusques.

La brutalité de Sylla va dévaster à ce point l 'Étrurie que les tentatives ultérieures de révolte seront sans effet.

Un siècle plus tard, Auguste envoie de nouveaux colons en Étrurie , qui réussissent à accélérer la romanisation de la région.

L'HhiT A~E ÉTRUSQUE • En dépit de la perte de leur autonomie politique, les Étrusques continuent d'exercer par la suite un grand ascendant en Italie sur le plan culturel, religieux et artistique .

Rome subit fortement leur influence , qui persiste dans les institutions, les modes de vie, la langue , les goûts, l'amour du luxe , du faste et des banquets , la danse et la musique.

Goûts étrusques attestés par les peintures des tombes, quoique ces dernières nous renseignent surtout sur les goûts des classes aisées, c'est-à-dire d'une minorité de la population .

L'empereur Claude (41-54) était lui­ même un spécialiste de la culture étrusque.

LES INSTITUTIONS ET LES MŒURS L'URBANISME • La civilisation étrusque a été avant tout urbaine.

Elle s'oppose par là à la vie agricole et campagnarde que connaissaient les peuple s italiques environnants.

Ainsi , la population urbaine est, semble-t-il, nombreuse : par exemple, sur les 120 ha inclus dans l'enceinte de Caere ont pu vivre jusqu'à 25 ooo habitants .

• Les Étrusques accordent une grande importance au rituel (la disciplina ) de fixation au sol du nouvel habitat : les villes étrusques sont nettement distinguées de la campagne par une limite religieuse, un sillon qui s'interrompt à l'emplacement des passages, des portes.

Les vestiges des murs d'enceinte permettent parfois aujourd'hui de retrouver ces limite s.

• Les premières villes étrusques ne présentent pas de plan caractéristique, mais les fondations plus tardives sont aménagées selon un plan orthogonal (lorsque le terrain s'y prête) : deux axes, nord-sud (cardo) et est-ouest (decu manus) forment une intersection à partir de laquelle s'ordonne la cité, dessinant des îlots affectés à des fonctions diverses (espace public , espace sacré, habitations).

Le cardo aboutit à une de ses extrémités à un sanctuaire triple adossé à l'enceinte de la ville.

• À Rome , les accidents de la topographie ne permettaient guère d'appliquer ce plan en damier, mais on y retrouve l'enceinte sacrée (pomerium), l'importance des portes et le sanctuaire du Capitole , dédié à trois divinités (dont deux portent un nom étrusque : Junon et Minerve , associées à Jupiter).

• Adduction d'eau , égouts, chauffage «central», dirions-nous aujourd'hui, comptent parmi les caractéristiques des villes étrusques et ont été reprise s ultérieurement par les Romains .

L'OR~ANISATION POLITIQUE ET SOCIALE • Les Etrusques n'ont aucune unité nationale , même si les cités envoient des colons vers les régions voisines et entretiennent souvent des relations diplomat iques non seulement entre elles, mais également avec des nations étrangères.

Leur régime est longtemps monarchique, et la royauté étrusque des Tarquins à Rome donne une idée de ce que devaient être ces monarques , qui concentraient entre leurs mains les pouvoirs politique, judiciaire , militaire et religieux .

• Après des phases de dictature militaire mal connues, les rois étrusques disparaissent, remplacés par de hauts magistrats et un Sénat puissant dont les membres sont recrutés parmi les grandes familles.

• Au contraire de Rome , les cités d'Étrurie n 'ont pas connu d'évo lution progressive vers un partage des pouvoirs entre les différentes classes sociales.

D'où une société relativement figée entre, d'une part , une frange possédant le pouvoir politique et la richesse économique, et, d'autre part, la grande masse de la population (composée notamment de nombreux esclaves), aux conditions de vie difficiles .

• Ce décalage explique en partie le nombre et la violence des troubles sociaux qui, à partir de 300 av.

J.-C. , ensanglantent plusieurs grandes villes, telles Areuo et Bolsena.

L'ÉCO NOMIE • Le foyer des Étrusques est la Toscane , région de plaines et de bassins fertiles, mais au littoral ingrat, réclamant tantôt le drainage , tantôt l'irrigation .

Les Étrusques se révè lent des agriculteurs ......

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habiles, avec le souci presque maniaque de l'exactitude du bornage .

• À la céréaliculture, à la viticulture et à l'élevage florissants , ils ajoutent un artisanat raffiné.

Les mines de plomb argentifère et d'étain, mais surtout de cuivre et de fer fournissent des matières premières : Populonia, en face de Ille d'Elbe, riche en fer, est pendant des siècles un centre métallurgique actif, où viennent s'approvisionner Grecs et Carthaginois .

• Cette importante activit é métallurgique suscite notamment l'esso r du commerce, servi par une construction navale qui tire le meilleur parti des ·'.

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Les Étrusques transportent sur leurs propres navires des objets en bronze de l'Espagne vers Athènes , de Carthage vers les actuels Danemark, Grande­ Bretagne et Suède.

Par terre , leur commerce relie la Gaule à l'Allemagne du Sud et à la Bohême.

Le trafic vers la Grèce fut le plus important : céramique attique contre blé de Grande-Grèce (Italie du Sud) et métaux .

La Gaule du Sud achète du vin et des métaux, et fournit des peaux , des fourrures et de l'étain.

LA FAMILLE ET LA VIE QUOTIDIENNE • La famille étrusque apparaît solide et bien organisée.

La femme y occupe une place importante : elle participe, par exemple, aux fêtes et aux banquets sur un pied d'éga lité avec son époux (ce qui n'est a lors le cas ni chez les Grecs ni, plus tard , chez les Romains , pour qui une telle attitude apparaît scandaleuse).

La femme étrusque semble même avoir exercé à l'occas ion un rôle politique, à l'image de Tanaquil, la femme de Tarquin l'Ancien (5' roi de Rome ), qui prit une part importante dans l'élévation et le règne de son mari.

• D'aucuns ont voulu voir dans ce statut féminin particulier , inexistant dans le monde gréco-romain, une émancipation avant la lettre ; mais on s'accorde à dire aujourd'hui qu'il s'agit plutôt d 'une survivance du matriarcat préexistant dans les anciennes coutumes des popu lations méditerranéennes, le patriarcat s'imposant avec les invasions des peuples d'origine inde-européennes (chez ces derniers, l'homme concentre entre ses mains tous les pouvoirs , comme ce fut le cas en Grèce à l'époque classique et, à un moindre degré, chez les Romains ).

• La vie quotidienne des classes dirigeantes étrusques semble faite de luxe , de plaisirs et de jeux : vaisselle d'argent dans des banquets qui se déroulent au son de la cithare ou de la lyre, convives parés de riches draperies , amour du chant et des jeux dramatiques ...

Les mots latins subulo et his/rio , qui désignent respectivement le joueur de flûte et l'acteur de théâtre , ont ainsi été empruntés à la langue étrusque par les Romains .

Ces derniers ont également hérité d 'Étrurie les combats de gladiateurs.

LA CIVILISATION ÉTRUSQUE LA LAN~UE • La langue étrusque est mal connue.

L'alphabet (composé de 26 signes, tracés de droite à gauche) dérive de celui des Grecs (il se rapproche des caractères trouvés sur des stèles de 111e de Lemnos, en mer Égée) .

La grammaire et le vocabulaire présentent de grandes difficultés, car l'étrusque n'est pas une langue inde­ européenne et, semble-t-il, n'a jamais été parlé ailleurs qu'en Italie du Nord et sur 111e de Lem nos.

• Trois des plus anciennes inscriptions étrusques parvenues jusqu 'à nous proviennent de deux statues et d'une coupe en faïence noire datant d'avant 700 av.

J.-C.

Il subsiste des millier s d'inscriptions funéraires, mais il s'agit essentiellement de noms propres .

Le seul manuscrit arrivé jusqu'à nous (aujourd'hui au musée de Zagreb, en Croatie ) est un texte liturgique écrit sur douze bandes de toile, qui furent retrouvées parmi les bandelettes d'une momie égyptienne de l'épo que gréco- romaine .

Il ne subsiste aucune œuvre littéraire étrusque, ni surtout, curieusement, aucune inscription ou manuscrit bilingue, étrusque et latin .

LES PETITS CHEVAUX DE TARQUINIA Le M usée national étrusque (p alais Welleschi, 'IN' siècle) de la ville de Tarquinia abrite maints trésors, LA RELI~ION notamment des sarcophages, e t surtout • Le nom de plusieurs divinités les cé lèbres étrusques a survécu, mais le rôle précis Clrelfaux de celles-ci est mal connu .

Selon du , un certains écrivains romains tardifs, aux relie f en divinités Jupiter , Junon et Minerve terre cuite correspondaient respectivement dans la (11~ siècle religion étrusque Tinis , Uni et Menrva .

av.

J.

-C.) Sethlans était l'équivalent étrusque de q ui ornait Vulcain; Fuflans, de Bacchus, et Turms , le fronton de Mercure.

Turan devint Vénus, et d 'un Aplu , Apollon .

De manière généra le, temple .

Le titre d'un roman d e de nombreux éléments de la religion Marguer ite Duras, paru en 1953, a étrusque ont été repris par les Romains .

popula risé l'exp ression «petits chevaux • Les Étrusques apparaissent soucieux de de Tarqui nia».

comprendre les dieux .

D'où l'importance f------------- -i de la divination , art d'interpréter les signes qui manifesteraient la volonté divine : foudre , vol des oiseaux, taches sur le foie ou autres organes des animaux sacrifiés, mais aussi prodiges tels que grondements telluriques ou aériens, naissances monstrueuses , etc.

Des devins , organisés en «ordre des haruspices >>, sont chargés d'exp liquer ces signes et d'en tirer des présages .

L'AR CHITECTURE • Les maisons de l'aristocratie étrusque sont rectangulaires, construites en bois et briques crues ou, plus tard , en moellons de tuf, et elles sont couvertes d'un toit de tuile plat ou faiblement pentu.

Elles peuvent avoir jusqu'à deux étages et comptent à l'origine trois salles.

Plus tard, on voit apparaître de vastes demeures (domus) bâties autour d'une cour, à la mode grecque, avec un toit ouvert au-dessus d 'une citerne afin d'y recueillir l'eau de pluie .

• À l'extérieur des villes se trouvent les cimetières abritant des tombes fam i liales .

Celles -ci, creusées dans le sol, sont couvertes d'une large voûte de pierre sur laquelle de la terre est amoncelée (tumulus ).

Les plus anciennes tombes sont des structures simples, rien de plus qu'un passage étroit scindé en deux salles, avec une niche de part et d'autre de la salle, à l'avant.

Les tombes plus tardives comprennent plusieurs salles disposées comme dans une maison .

Elles abritent des sarcophages, des urnes funéraires et des offrandes.

• Les temples -de grands bâtiments presque carrés érigés sur un podium de pierre- étaient destinés à n'être vus que de face, les côtés et l'arrière étant constitués soit de murs aveugles, soit d'un vaste portique à colonnes entourant une cella (salle), souvent divisée en trois espaces rappelant la croyance en une triade de dieux .

Le fronton et le toit étaient ornés de décoration s en terre cuite peinte.

SCULPTURE ET PEINTUR E • Les œuvres étrusques les plus célèbres sont en terre cuite : ce sont soit des sculptures sur le couvercle des sarcoph ages (par exemple le célèbre «sarcophage des époux», fin du VI' siècle av.

J.-C) , soit des œuvres pour les templ es.

Les Étrusques furent également d'exceptionnels artisans du bronze comme le prouve , notamment , la Louve du Capitole (v.

500 av.

J.-C) et la longue statuette de jeune homme découverte dans une tombe à Volterra et que le poète Gabriele D'Annunzio a appelée Ombra della sera («Ombre du soir», Ill' siècle av.J.-C).

• La peinture étrusque apparaît principal ement sous forme de peintures sur pierr e ou plâtre ornant les murs et les plafonds des tombes, en particulier à Tarquin ia et autour de Clusium.

La p lupart de ces fresques représentent des scènes prises sur le vif : jeux, danses , b anquets qui accompagnaient les cérémonies funéraires (tombe des Augures , 52Q-510 av.

J.-C. ; tombe du Triclinium , 480-470 av.

J.-C. ).

· À partir du IV" siècle av.

J.-C. , les tombes , influencées par l'art hellénis­ tique et l e déclin de la puissance étrusque , sont plus réalistes et dégagent une atmosphère étonnamment sombre, où prédominent les scènes de guerre et les démons effrayants venus du pays des morts (tombe de l'Ogre, n• siècle av.J.-C).

ARTS DÉCORATIF S • Les Étru sques commencent par importer e t copier des poteries grecques décorées; ils développent, parallèlement, une technique particuliè re de fabrication d'objets en bucchero (céramique noire et brillante ), avec des incisions en relief figurant le travail du métal.

Cette technique conna ît son apogée à la fin du VIl' siècle et au VI' siècle avant notre ère.

• Travaillant le bronze, les Étrusques confectionnent des vases, des chandeliers, des coffres cylindriques et des miroirs polis , tous richement gravés de motifs mythologiques.

Ils élaborent également de magn ifiques bijoux en or, en argent et en ivoire .. »

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