LES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE DU NORD DANS LES ANNÉES SOIXANTE : ASPECTS INTÉRIEURS

« I.

L'AMÉRIQUE DÉMOCRATE L'élection de Kennedy en novembre 1960 met fin à huit années d'administration républicaine avec le présidentEisenhower.

Les démocrates resteront eux aussi huit années au pouvoir, c'est-à-dire pendant presque toutes lesannées soixante.A.

La situation en 1960Elle est caractérisée à la fois par des signes de déclin économique, de tension sociale et par une volonté derenouveau.Le déclin économique se manifeste par la succession de crises et reprises momentanées : 1960 est une année destagnation, tandis que les Américains prennent conscience que leur taux de croissance est bien inférieur à celui despuissances européennes ou du Japon.

Surtout, l'avance des Soviétiques dans le domaine de la conquête de l'espaceavait produit un choc sur l'opinion américaine.

Les mesures prises par l'administration Eisenhower — la création de laN.A.S.A.

— n'avaient pas encore permis de rattraper ce retard, et la relance économique n'était pas à sonprogramme.Les tensions sociales : plusieurs ouvrages font découvrir aux Américains que la pauvreté subsiste dans leur pays.Parmi les plus défavorisés, il fallait compter la majorité des Noirs.

Ceux-ci avaient commencé, plusieurs annéesauparavant, la lutte pour faire reculer la ségrégation dans les états du Sud, à la suite de la décision de la Coursuprême condamnant la discrimination raciale.

Le pasteur M.L.

King s'était fait connaître en organisant le boycottdes bus de Montgomery dans l'Alabama.

En 1960, se généralisent les « sit-in » dans le Sud, qui montrent ladétermination des Noirs, mais aussi leur refus de la violence.La volonté de renouveau est exprimée par la jeune génération, qui ne se reconnaît pas dans le monde des hommespolitiques jusque-là au pouvoir, et qui aspire à prendre la relève.

J.

Kennedy, candidat du parti démocrate, n'a quequarante-quatre ans.

Son adversaire républicain, Nixon, vice-président depuis 1952, a seulement quelques annéesde plus que lui.

Cette nouvelle génération est impatiente de relever tous les défis auxquels les États-Unis doiventfaire face. B.

Les présidents démocrates : 1.

Kennedy : » la nouvelle frontière »Le candidat Kennedy proposait à ses concitoyens d'être les pionniers de la « nouvelle frontière » : il voulait lesinciter à retrouver l'esprit d'initiative des pionniers du XIXe siècle pour relancer la marche vers le progrès scientifiqueet technologique, et réduire toutes les « poches » d'ignorance et de pauvreté.

Une fois au pouvoir, il proposa desprojets d'aide sociale et de défense des « Droits civiques » des Noirs.

Cette politique de réforme de la sociétés'accompagnait d'une relance économique, favorisée par l'augmentation des dépenses budgétaires, notamment pourle financement du programme Apollo de conquête de l'espace.2.

Johnson : « la grande société »Les projets que Kennedy n'avait pu faire aboutir avant qu'il soit assassiné en 1963 furent repris par son successeurL.B.

Johnson, qui acheva le mandat de Kennedy et fut triomphalement réélu en 1964, après avoir présenté sonintention de « bâtir la grande société », se préoccupant d'améliorer les conditions de vie dans les villes et lescampagnes, ainsi que la qualité de l'enseignement.

Grâce à sa parfaite connaissance des milieux parlementaires, il fitadopter, en 1964 et 1965, les lois d'aide aux pauvres, aux chômeurs, aux personnes âgées; lois concernant aussi laformation professionnelle.

Les plus importantes furent celles consacrant les Droits civiques des Noirs, dans la mesureoù elles condamnaient toute discrimination raciale dans la vie professionnelle et politique.

Même la loi de 1965 surl'immigration, définissant de nouveaux critères d'entrée aux États-Unis, était présentée comme une mesure d'équité.Comme les États-Unis, dans le même temps, pratiquaient une politique extérieure beaucoup plus active, ilsdonnaient l'impression d'avoir retrouvé toute leur puissance.

Trois ans plus tard, l'Amérique était une « maisondivisée ». II.

LA CRISE DE SOCIÉTÉ A.

Le problème NoirAprès avoir contribué par son action au vote des Droits civiques, Martin Luther King est débordé par les partisans du« pouvoir Noir ».Le mouvement de Martin Luther KingPartisan convaincu de la non-violence, M.L.

King avait su réunir au début des années 60 des foules considérablesréclamant l'intégration des Noirs dans la société : d'abord les « voyageurs de la liberté » en 1961, ensuite les «marches de la liberté » en 1963 avaient amené le président Kennedy à présenter son projet de loi sur les Droitsciviques, puis le président Johnson à le faire voter.Mais il fut bientôt dépassé par ceux qui rejetaient cette intégration et étaient partisans de la violence pour défendreleurs intérêts.Les émeutes racialesElles éclatent dans les états du Nord-Est, favorisées par la formation de ghettos noirs au coeur des grandesagglomérations.

Les plus graves eurent lieu en 1967, notamment à Newark et à Detroit.

Certaines organisations. »